— Cette interview a été réalisée dans le cadre d’un partenariat avec Animafac et WAX Science.
Marthe Gautier nous a reçues chez elle, dans son charmant appartement au-dessus de Pigalle. « J’ai rangé un peu pour vous », nous dit-elle alors que nous entrons, et je m’amuse à imaginer ce que ça donnait avant le rangement. Il faut dire que l’endroit a tout du nid douillet de la chercheuse, où chaque pièce ressemble à un bureau, entre vieux fauteuils, porcelaines et piles de livres et de documents qui accusent le poids des années.
Je ne sais pas depuis combien de temps elle vit là, mais Marthe Gautier n’est plus toute jeune : elle a 90 ans, et une vie bien remplie ! Les quelques questions que nous avons pu lui poser, dans le cadre de l’exposition « Les Découvreuses Anonymes », en donnent déjà un aperçu… Mais il faudrait des heures, voire une journée entière pour faire le tour des évènements principaux de sa vie de chercheuse.
Comme elle l’explique elle-même, elle s’est orientée toute jeune vers des études de médecine, avant d’aller travailler sur la culture cellulaire et les dernières avancées en cardio-pédiatrie aux États-Unis en 1955. Mais c’est de retour à Paris qu’elle fait sa plus grande découverte, en 1958, lorsqu’elle observe un chromosome de plus dans les cellules d’un jeune garçon trisomique.
C’est la révélation : dans les lames qu’elle remet à Jérôme Lejeune, alors stagiaire au CNRS, pour qu’ils puissent en tirer de meilleurs clichés dans un autre laboratoire, on peut observer pour la première fois l’anomalie chromosomique responsable de ce qu’on appellera plus tard la trisomie 21.
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Sauf que dans cette histoire, on peut vraiment voir Marthe Gautier comme une « découvreuse anonyme ». D’ailleurs, dans un article de Médecine/Sciences datant de 2009, elle dit elle-même avoir le sentiment « d’être la découvreuse anonyme » dans l’affaire qui a découlée de la découverte. Mais pourquoi ?
Parce qu’en 1959, elle co-signe la communication concernant l’anomalie chromosomique avec Jérôme Lejeune et Raymond Turpin, et en 1960, cette découverte est attribué au premier signataire : Jérôme Lejeune. Or si depuis elle a reçu nombre de distinctions, la polémique perdure encore aujourd’hui…
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Les Commentaires
Mais j'ai appris la triste vérité à l'âge de 6 ans