Il y a de cela dix ou quinze ans, je suis tombée sur une publicité qui proposait des parrainages d’enfants de pays émergents. D’après la pub, on envoyait un peu d’argent tous les mois et ça permettait à l’enfant d’avoir un meilleur avenir. J’ai pensé : « Génial, il faut que je le fasse… dès que j’aurai fini mes études et que je ne dépendrai plus financièrement de mes parents » !
C’est comme ça que j’ai décroché mon diplôme et que j’ai cherché du boulot. Comme je suis quelqu’un de très en phase avec son époque, j’ai galéré d’emploi précaire en emploi précaire pendant des années. Et puis, il y a trois ans, j’ai enfin réussi à décrocher un CDI.
Pour fêter ça, je me suis procuré des brochures concernant les parrainages et après mûre réflexion, j’ai choisi l’ONG qui me plaisait le plus. Allez hop, je rejoins le monde merveilleux des marraines !
Marrainer un enfant, comment ça se passe ?
Ça peut paraître pas très humain mais ce qu’on vous demande en premier, c’est remplir un formulaire.
On peut choisir de parrainer une fille, un garçon ou laisser le choix à l’association. On précise si on sait parler anglais, espagnol ou si on n’est à l’aise qu’avec le français. On n’a pas le choix du pays (une cinquantaine de pays possibles, dont l’Egypte, l’Ethiopie, le Cameroun, le Ghana, le Honduras, le Nicaragua, l’Indonésie, le Laos…) mais on peut indiquer ses préférences.
Si vous êtes, mettons, passionnée par la Thaïlande et si vous voulez absolument faire le bonheur d’un enfant qui vient de là-bas, ce ne sera peut-être pas possible. Mais quel que soit leur pays d’origine, tous les enfants ont droit à une vie meilleure !
Parlant bien la langue de Shakespeare et pas du tout celle de Cervantes, j’ai coché la case « anglais ». Pour le reste, j’ai laissé le choix à l’association. C’était l’époque où une catastrophe naturelle venait de dévaster Haïti et je m’attendais à recevoir le dossier d’un-e petit-e Haïtien-ne.
J’ai patienté, presque aussi émue qu’une future mère et à peu près autant que quelqu’un qui veut adopter son premier chaton ! Quelques mois plus tard, j’ai reçu mon premier courrier avec la photo de mon filleul, Abdala, jeune Tanzanien de dix ans et demi à l’époque.
Pour des raisons évidentes, je ne transmettrai pas la photo de mon adorable filleul. Vous pouvez l’imaginer comme vous voulez.
Lettres, cartes postales et photos
Il était ravi d’avoir une marraine et moi, ravie d’avoir un filleul. C’est comme ça que j’ai commencé à lui écrire. On échange environ une lettre tous les huit mois
car la correspondance est un peu lente.
Dans l’association qui gère mon parrainage, on ne rigole pas avec les courriers : tous les ans, on me précise que j’ai affaire à un enfant et qu’il est FORTEMENT déconseillé de parler de sujets délicats comme la politique ou la religion. Pour des raisons évidentes, on n’envoie rien de porno non plus (ça ne me viendrait pas à l’esprit, d’ailleurs).
En fait, on ne peut envoyer que des lettres, des cartes postales et des photos. À une époque, les parrains pouvaient envoyer des cadeaux mais cela n’est plus possible car cela créait des tensions entre les enfants qui recevaient des cadeaux et leurs copains qui n’en recevaient pas.
Abdala m’écrit directement en swahili (sa langue maternelle) et un membre de l’association traduit ses courriers en anglais. Je lui écris toujours en anglais, même si j’ai essayé, sans grand succès, d’apprendre le swahili en autodidacte.
Certains parrains vont jusqu’à rendre visite à leur filleul dans son pays. J’hésite à le faire : pas trop le courage, pas encore les moyens…
Marrainer un enfant, combien ça coûte ?
À propos de moyens, un parrainage coûte entre 20 et 25€ par mois, dont les deux tiers sont déductibles des impôts. Au final, cela me revient moins cher que mon budget piscine (ou que le budget shopping de certaines, ou leurs séances ciné…).
L’argent envoyé sert à financer des projets de développement dans la communauté de l’enfant. On n’aide pas qu’une seule personne ; on aide des dizaines ou des centaines de gens !
Bon, j’avoue que parfois, quand je veux lui écrire, je suis un peu bloquée sur ma page blanche. Lui aussi, peut-être, puisqu’il a déjà chargé sa mère ou sa sœur d’écrire à sa place. Ou alors il a une famille unie qui partage tout, même les marraines !
De mon côté, comme je ne peux logiquement pas faire comme avec mes copines, c’est-à-dire lui demander ce qu’il pense de l’acteur choisi pour être le prochain Docteur, je lui envoie des cartes postales, je lui parle de mon (si ennuyeux) métier, des plantes sur mon balcon, de mes frères et sœurs… Une fois, c’est ma mère qui lui a écrit. Chacun son tour !
Marrainer un enfant, ça se termine comment ?
Dans le meilleur des cas, le parrainage prend fin l’année des dix-huit ans de l’enfant. Le parrain peut aussi l’interrompre plus tôt pour une raison ou pour une autre, auquel cas l’association se charge de trouver un autre volontaire.
Il peut aussi arriver que le parrainage s’interrompe pour d’autres raisons, par exemple si l’enfant déménage et ne fait donc plus partie de la communauté. Ayant des revenus à peu près stables, j’espère pouvoir aider la famille d’Abdala jusqu’à sa majorité, après quoi je lui souhaiterai bonne route en versant une petite larme.
Pour résumer, marrainer un enfant, c’est que du bonheur ! Si vous vous sentez prête à sauter le pas, contactez une association comme Plan France ou Un enfant par la main, sortez votre baguette magique et préparez-vous à vous sentir l’âme d’une fée…
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Les Commentaires
Depuis quelques jours je me renseigne sur les parrainages d'enfants car ce projet m'est revenu à l'esprit (je ne sais pas trop comment d'ailleurs).
Je me rappelle que quand j'avais une dizaine d'année j'arrêtais pas de demander à ma mère de parrainer un enfant. (il y avait des brochures chez le médecin) Mais mes parents étaient très juste financièrement (père ouvrier et mère sans emploi avec 3 enfants à charge) ce genre de préoccupations était le cadet de leurs soucis.
Ca fait 9 ans que j'ai une situation financière stable et un job stable et ce projet d'aider un enfant et une communauté dans le besoin m'est revenue à l'esprit.
C'est en faisant plusieurs recherches que je suis tombée sur cette article. Après de nombreuses hésitations, j'ai finalement décidé de parrainer un enfant tibétain réfugié en Inde ou au Népal via l'association Aide à l'Enfance Tibétaine (A.E.T). Je n'ai pas encore reçu le dossier de mon ou ma filleul(e), ça va prendre quelques jours je pense. Mais j'espère que mon petit geste pour l'aider ainsi que sa famille, et que cela permettra d'aider à la préservation de la culture Tibétaine. (Le peuple tibétain étant en exil depuis presque 60 ans il est important que les enfants reçoivent aussi un enseignement sur leur culture)
J'avais un peu peur de tomber sur des associations qui utilisent "mal" l'argent donc j'ai pas mal cherché. Et d'après mes recherches Aide à l'Enfance Tibétaine semble être une structure sérieuse qui a notamment le soutien du Dalaï lama. Ils font en sorte de respecter la demande du gouvernement tibétain en exil d’aider et non d’assister les membres de la communauté. C'est pourquoi si jamais on veut faire des dons complémentaires à notre filleul on peut mais dans la limite du raisonnable. (bref ne pas trop donner pour ne pas rendre la communauté Tibétaine entièrement dépendante).