Parler d’argent, en France, c’est encore tabou. Pourtant, c’est un sujet passionnant… et féministe, par certains aspects ! Dans Règlement de comptes, des personnes en tout genre épluchent leur budget, nous parlent de leur organisation financière en couple ou en solo, et de leur rapport à l’argent. Aujourd’hui, c’est Marlène* qui a accepté de décortiquer ses comptes pour nous.
- Prénom : Marlène*
- Âge : 39 ans
- Profession : cadre dans un groupe bancaire ; son mari est chercheur en institut de recherche
- Salaire net avant prélèvement à la source : 2 500 € chacun
- Salaire net après prélèvement à la source : 2 440 € chacun
- Personnes vivant sous le même toit : son mari et leurs 3 enfants
- Lieu de vie : près de Brest (Finistère)
La situation et les revenus de Marlène
Marlène, 39 ans, est en couple depuis vingt ans avec David*, et mariée depuis onze ans. Ensemble, le couple a eu trois enfants, qui ont aujourd’hui huit, six et quatre ans.
Ils vivent « dans le bourg d’une commune près de Brest », dans une maison qu’ils ont fait construire il y a dix ans.
« Nous sommes à la campagne, dans une maison de 150 m² avec un grand jardin. Avant cela nous étions locataires de petits logements, en général les moins chers possibles dans l’endroit déterminé (nous avons déménagé plusieurs fois du fait de nos CDD, stages et autres contrats précaires). »
Depuis 13 ans, Marlène est en CDI en tant que cadre dans un groupe bancaire, tandis que David occupe un poste de chercheur dans un institut de recherche. Ils touchent tous deux le même salaire de 2 500 € net, ramené à 2 440 € après prélèvement à la source de l’impôt sur le revenu.
Un revenu que Marlène juge insuffisant « au vu de leurs diplômes » : elle est titulaire d’un Bac + 5 en école de commerce et lui a un doctorat en sciences .
« Cependant nous sommes relativement riches par rapport à la plupart des gens de notre âge. Notre richesse provient de l’aide que nous avons eue de nos parents au démarrage, et du fait que nous avons toujours beaucoup épargné. »
En plus de leurs salaires, Marlène et David perçoivent 319 € par mois d’allocations familiales, ainsi que 175 € d’aide de la part de leurs comités d’entreprise respectifs. Ils bénéficient enfin de 220 € de chèques déjeuner. Soit un revenu mensuel total pour deux de 5 594 €.
Le rapport à l’argent de Marlène et son organisation financière
Marlène tout comme son mari ont grandi auprès de parents issus de la classe moyenne, mais qui étaient de « bons gestionnaires » de leur argent.
« Nos parents nous ont appris jeunes la gestion ‘en bon père de famille’, à faire attention, à épargner jeunes, à investir, à penser à l’avenir. Mais aussi à profiter au fur et à mesure. »
C’est grâce à des donations de leurs parents que Marlène et David ont d’ailleurs pu faire construire leur maison et ne souscrire qu’un « petit crédit immobilier, amorti sur 15 ans ».
Marlène et David ont hérité de leurs parents cette bonne gestion financière et n’ont jamais été à découvert de leur vie tout en vivant « très simplement ». Pas du tout matérialistes, ils préfèrent se contenter de peu alors que « leurs salaires auraient pu leur permettre de s’offrir de belles vacances ou de belles voitures ».
« Aujourd’hui nous gagnons correctement notre vie, nous avons de l’argent de côté mais nous n’éprouvons pas le besoin de dépenser davantage. Nous avons gardé des habitudes de consommation assez simples. Nous achetons peu, mais de bonne qualité. Ou alors nous privilégions l’occasion par souci écologique. Nous ne serions pas non plus à l’aise à l’idée de prendre l’avion plusieurs fois par an. »
Concernant sa gestion financière, Marlène explique regarder son compte bancaire « tous les matins ».
« Nous ne sommes pas très regardants sur nos dépenses, nous ne nous mettons pas de budget, pas de limites, pas d’interdit mais nous suivons tous les jours quelques minutes pour s’assurer qu’il n’y aura pas de mauvaise surprise en fin de mois. »
Avec son mari, ils versent leurs salaires respectifs sur un compte commun.
« On a toujours tout mis en commun et on n’a jamais pensé à notre séparation. Si on se sépare, on coupera tout en deux. »
Les dépenses de Marlène
Pour la maison qu’ils ont fait construire il y a dix ans près de Brest, le couple s’acquitte chaque mois de 800 € de crédit immobilier. Il s’agit de leur principale dépense fixe.
« Notre maison sera payée dans 3 ans, notre fils aîné aura 11 ans. Nous aurons encore le temps de profiter en famille et d’épargner pour les années d’études des enfants. »
Les factures courantes (eau, électricité) ne leur reviennent qu’à 164 € par mois, pour leur maison de 150 m2 où ils vivent à cinq.
« On se chauffe exclusivement au poêle à pellets et notre maison est très bien isolée. »
En revanche, les frais de déplacement de la famille leur reviennent cher : 568 € par mois en moyenne. Cette somme comprend l’essence, l’entretien de leurs deux voitures et les déplacements pour les week-ends et les vacances.
« Nous avons deux voitures achetées d’occasion car nous habitons à la campagne et c’est un gros budget. Avec le télétravail, nous pourrions presque n’avoir qu’une seule voiture à deux, mais nos employeurs nous imposent des contraintes sur les jours de présence donc c’est compliqué d’envisager de n’avoir qu’une voiture. »
À cette somme importante s’ajoute les assurances des deux véhicules, ainsi que l’assurance habitation, soit 100 € par mois.
Le couple paye également 75 € de taxe foncière par mois. Les abonnements à internet et téléphoniques leur reviennent à 35 €.
« Nous privilégions la qualité, le bio et le local »
Marlène chiffre le budget alimentaire mensuel de sa famille de cinq membres à 1 100 € par mois. Elle fait essentiellement ses courses chez Biocoop ainsi que « quelques courses chez Leclerc (notamment pour les alcools forts, les crayons feutres, le Schweppes ou autres produits qui n’existent pas chez Biocoop) ».
« Nous privilégions la qualité, le manger sain, le manger bio et surtout le local et de saison. Nous cuisinons beaucoup et essayons de presque tout faire nous-mêmes. Nous n’achetons presque jamais de plats préparés ou chez le traiteur, nous ne nous faisons jamais livrer et nous allons très peu au restaurant. »
La famille complète ses provisions en se rendant au marché pour acheter du poisson, des fruits et des légumes. Marlène achète la viande en gros pour pouvoir la congeler et se rend aussi chez le caviste pour le vin.
En plus de ce budget alimentaire commun, la famille s’acquitte chaque mois de 150 € pour la cantine des trois enfants. Avoir des enfants nécessite d’ailleurs de prévoir un budget dédié : le centre de loisirs les mercredis, la garderie tous les soirs et régulièrement le matin revient à 300 € par mois.
Parmi les autres dépenses du couple, Marlène liste l’emploi d’une femme de ménage (130 € par mois), les restaurants les midis au travail (140 €) ou encore diverses dépenses pour la maison (matériel de jardin, jeux, aménagements…), estimées à 100 € par mois.
Concernant les dépenses dites « féminines », Marlène les chiffre à 34 € par mois. Cela correspond à son budget coiffure lissé sur l’année (110 € deux fois par an), à celui des épilations réalisées chez l’esthéticienne (9 par an environ pour 25 € l’une).
« Je n’utilise pas de maquillage et achète très peu de produits de beauté. Je n’ai aucune contraception car mon mari a réalisé une vasectomie. Pour les dépenses menstruelles, cela ne coûte rien car j’ai une cup et des serviettes lavables. »
Enfin, Marlène précise qu’« en fin d’année, elle donne 1 000 € pour différentes causes ». Soit, lissé sur l’année, 83 € par mois.
Les dépenses loisirs de Marlène
Marlène et sa famille ont la chance de vivre près du littoral. Ils profitent donc régulièrement en famille de balades au bord de la mer, qui ne leur coûtent rien.
Les autres activités payantes sont d’environ 150 € par mois pour cinq : il s’agit principalement d’activités pour les enfants, de diverses sorties à la piscine, à des spectacles et dans des musées.
Lorsqu’ils partent en vacances, Marlène et sa famille essaient de faire des économies en pratiquant l’échange de maisons. Elle chiffre cette dépense à 678 €.
« Sur les vacances d’été, nous dépensons relativement peu d’argent car la vie en extérieur coûte peu cher. »
Les vacances au ski (deux semaines par an) relèvent davantage du « craquage » selon la jeune femme, mais elle y est très attachée :
« C’est important car nous souhaitons faire découvrir des choses à nos enfants, qu’ils voyagent et qu’ils développent leur culture. »
Côté vêtements, les dépenses de toute la famille sont estimées à un peu moins de 180 € par mois. Elles concernent principalement les enfants et sont réalisées sur Vinted, sauf les chaussures que Marlène préfère acheter neuves.
L’épargne et les projets d’avenir de Marlène
Une fois toutes ces dépenses contraintes et plaisirs honorées, il reste à Marlène et David 769 € qu’ils peuvent épargner. Dans les faits, pourtant, la famille réussit à mettre de côté « certains mois 1 000 €, certains mois 0 € », par exemple quand tombe la taxe foncière ou les mois des anniversaires des enfants.
« En ce moment, nous épargnons environ 9 000 € par an », calcule la mère de famille. Cette épargne est virée sur un livret A.
« En général je commence par faire un virement de 1 000 € vers le Livret A et après on fait le mois avec ce qui reste. Si besoin, on pioche dans le Livret A. »
Depuis quelques mois cependant, avec l’inflation Marlène a conscience de moins épargner.
« Nos salaires n’ont pas augmenté du tout. Nous n’avons pas changé nos habitudes de consommation mais je pense que nous nous faisons un peu moins plaisir. Il y a des fois où on aurait acheté quelque chose (souvent dans l’alimentaire) auparavant, et aujourd’hui on se dit que ce n’est pas nécessaire. »
En plus de cette somme épargnée chaque mois, Marlène touche une prime d’intéressement au montant variable (en moyenne 4 000 € par an), qu’elle met de côté sur différents supports, majoritairement des assurances vie, mais aussi un Plan Épargne Action (PEA), un Plan Epargne Entreprise (PEE) …
« Nous avons également récemment souscrit à crédit des SCPI (société civile de placement immobilier, ndlr). C’est un placement que nous souhaiterions remettre à nos enfants plus tard, cela leur permettra d’avoir un petit plus supplémentaire. La mensualité de ce crédit prendra le relais de notre crédit immo qui se termine bientôt. »
Les enfants ont aussi chacun une assurance vie, sur laquelle leurs parents versent de l’argent dessus. Le but est de leur en faire cadeau « vers 25-30 ans » quand ils souhaiteront devenir propriétaires ou se lancer dans la vie active.
Cependant, Marlène conçoit que cette épargne n’est pas « indispensable ».
« Il vaut mieux avoir une bonne éducation de l’argent, savoir gérer sa bourse plutôt qu’avoir une grosse somme qui tombe à 18 ans sans qu’on sache comment la gérer. »
À l’avenir, Marlène et sa famille espèrent surtout partir en vacances et faire de petits travaux dans la maison. La mère de famille aimerait aussi permettre à ses enfants de faire des activités « parfois un peu chères ».
« On n’a pas vraiment de budget ni de prix limite quand il s’agit des enfants. »
Enfin, dernier gros projet familial : avoir un chien.
« On sait que cela représente un budget et de l’investissement en temps mais on a très envie d’ajouter un membre à notre famille. »
Merci à Marlène* de nous avoir ouvert ses comptes !
* Les prénoms ont été modifiés.
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