Marinette, c’est le genre de chaîne qui ne paye pas de mine mais qui se révèle être une pépite de YouTube. Pour l’instant uniquement composée de trois vidéos, elle détone par la qualité d’image, de son et de réalisation de ses contenus.
À l’origine de cette chaîne se trouve Marine, vingt-sept ans, journaliste télé et Web. Indépendante depuis un an, elle travaille désormais pour des associations et a décidé récemment de se lancer en tant que youtubeuse…
Des chaînes télé à YouTube…
À la télévision, les reportages que l’on voit sont souvent très formatés : une minute trente avec une phrase d’accroche, des changements de plans rythmés…
En explorant YouTube, Marine découvre de nombreuses personnes qui captivent le public en faisant des monologues de vingt minutes en plan séquence.
« J’avais envie d’un espace à moi où je peux traiter de mes sujets comme je le souhaite ! J’essaie de faire un mix entre les codes du journalisme et ceux de YouTube. Cette plate-forme est pour moi un espace d’expérimentation : je peux y parler des thèmes qui me plaisent sous une forme qui n’est pas forcément possible ailleurs.
Dans le journalisme, on se cherche encore par rapport au format vidéo sur Internet. Ça ne ressemble pas à la télé, il faut trouver des façons de faire. Sur YouTube, il y a des personnes qui ne sont pas journalistes et qui font vraiment ce qui leur plaît sans respecter aucun code de la profession.
Pour l’instant, je parle principalement des choses sous un angle féministe. C’est clairement mon thème de prédilection. Je baigne dedans via Twitter, et puis à force, Google me fait de recommandations ciblées… Je pense ne traiter que de ça pendant un moment, mais je ne m’interdis pas le reste ! »
Comment on écrit une vidéo ?
Quand j’ai questionné Marine sur ses techniques pour monter une vidéo, elle m’a expliqué simplement les choses :
« À chaque fois c’est différent ! Le but, c’est d’apprendre de nouvelles choses, que ce soit au niveau de la prise de vue, de la caméra… J’ai deux appareils photo Canon et un enregistreur pour le son. Je monte sur Final Cut. L’idéal serait de m’équiper davantage au fur et à mesure.
La vidéo sur l’IVG m’a pris pas mal de temps : un jour et demi de tournage, une journée de montage… En comparaison, celle que j’ai fait sur le harcèlement au travail ne m’a pris que deux heures bout à bout. En fait, ce qui est le plus long c’est de penser le sujet avant même de décider si je le fais ou pas.
La seule chose qui reste vraiment commune, c’est que j’en parle à deux copines qui voient les vidéos pour me faire des remarques et les valident avant publication. Je ne suis pas assez sûre de moi pour les montrer à tout le monde sans retour préalable. »
Les commentaires et la visibilité des femmes sur YouTube
Marine n’a pour l’instant qu’un petit succès — quelques milliers de vues et sept cents abonné•es. Mais au sujet des commentaires, elle est positive.
« Pour l’instant, je n’ai eu que très peu de retours vraiment négatifs, ce n’est pas très dur à gérer… Au contraire, c’est super sympa de recevoir autant d’amour de la part de gens que je ne connais pas. Comme mes vidéos sont relayées dans les milieux féministes, les gens les acceptent plutôt bien. »
Si l’impact se veut positif, la journaliste pointe en revanche un autre problème…
« Je vois bien qu’il y a un problème de visibilité des femmes sur YouTube. Quand j’ai posté ma deuxième vidéo, c’est en premier des youtubeuses qui l’ont relayée, donc qui ont permis que ça continue en me faisant bénéficier de leur réseau.
Il y a une espèce d’entraide entres les filles sur la plate-forme. Le fait qu’elles aient ce réflexe, c’est déjà peut-être un peu politique. On voit bien qu’il y a un problème… mais à côté, il y a de bonnes initiatives comme Les internettes !
Je regarde moi-même pas mal de chaînes où des femmes s’expriment comme Vivre avec, Princ(ess)e LGBT, C’est une autre histoire ou Marine Leleu. »
La vidéo du harcèlement en question
Dans une vidéo, Marine parle de son expérience de harcèlement au travail
qu’elle a vécue quand elle travaillait pour la chaîne LCI.
De son propre aveu, je n’ai pas été la seule à la questionner sur les conséquences d’une telle révélation.
« Je n’ai eu aucun retour de la part de la chaîne. J’ai fait très attention à ne pas les accuser directement dans la vidéo. J’ai des potes qui bossent dans le groupe et je sais que des mecs ont été virés pour ce type d’agissements… donc je me dis que s’ils n’ont rien à se reprocher, ils n’ont aucune raison de mal prendre mon témoignage.
En fait, j’avais l’impression que si je ne citais pas la boîte, c’était comme un coup de couteau dans l’eau. Si tu soulèves un problème sans nommer qui que ce soit, ça n’a pas d’impact. »
Le futur, elle le voit diversifié… et sur le Net !
Quand la youtubeuse parle de l’avenir, elle dit penser à plein d’idées de vidéos.
« Le but, c’est d’essayer de traiter de tous les sujets dont on peut parler dans un média habituel (culture, politique…) sous un angle féministe. J’aimerais bien faire intervenir d’autres personnes. Je ne suis pas compétente sur tout et je préfère demander à des expert•es que d’en parler mal. »
De belles vidéos en perspective pour une chouette youtubeuse !
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Les Commentaires
@BeaW Tellement nul de lire ça ! Après la publication de cette vidéo, j'ai reçu plusieurs témoignages (d'amies, d'inconnues et même d'une amie de ma maman) sur des histoires d'IVG terribles... Y a encore tellement à faire, même aujourd'hui, même en France ! En tous cas : !