« Sous l’océan, la vie est bien plus belle que sur la Terre, je te le dis-dis-dis » chantait Sébastien à Ariel dans La Petite Sirène, long-métrage bien connu de tonton Walt Disney. Alors oui, la vie sous et sur l’eau est peut-être cool quand on se laisse flotter… mais les femmes ont mis bien plus longtemps que les hommes à accéder à des postes à responsabilité ou à faire leur trou (marin) dans l’océan.
Pourtant, lorsqu’elles s’y mettent, leurs prouesses sont impressionnantes. Allez, viens sur mon bateau, rame, rameur, ramer. Je te promets qu’« on avance (pas) à rien dans ce canoë », puisque je te propose de plonger dans les profondeurs pour découvrir la carrière de cinq femmes exceptionnelles, qui ont toutes été des pionnières à leur façon, sous la mer ou au-dessus !
La première femme à commander un sous-marin
Les Beatles chantaient que nous vivons tous dans un sous-marin jaune. Tous… Sauf les femmes, en fait, dans certains pays et pendant très longtemps.
En France par exemple, c’est en 2014 seulement que le ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian a annoncé que les femmes allaient être autorisées à faire partie des équipages des sous-marins. Les Inrocks avaient d’ailleurs, à l’époque, établi une carte détaillée des pays qui acceptaient ou non ces dames dans les profondeurs: en Chine, en Russie, en Inde, au Brésil, au Pérou, en Italie, en Turquie… c’est mort.
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Mais certaines contrées font peu à peu des progrès. En 1985, la Norvège a été le premier pays à autoriser la présence de femmes dans ces navires submersibles, puis, en toute logique, le premier à voir une femme prendre les commandes d’un sous-marin ! Elle s’appelle Solveig Krey, et elle a intégré la première promotion mixte de l’école navale norvégienne, dont elle est sortie diplômée en 1989. En 1995, elle est devenue la première femme au monde à commander un sous-marin, le KNM KOBBEN ! Solveig Kreig a ensuite été nommée à la tête des forces sous-marines de la Marine Royale Norvégienne.
Dans une interview sur le site de l’OTAN en 2002, le ministre norvégien de la Défense expliquait que son pays menait des campagnes de recrutement spécifiques à destination des femmes dans les forces armées, par exemple en envoyant des femmes en poste intervenir dans les écoles et les lycées.
« Il est important d’identifier les femmes qui détiennent ces positions et de les mettre en avant comme role-models pour encourager les jeunes femmes à aspirer à des carrières militaires »
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La première femme océanographe française
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Océanographe est un bien beau métier qui consiste à étudier l’océan et la mer au sens très large, en traitant des données sur ces milieux pour en évaluer les ressources. Et dire que la première nana à exercer cette profession en France l’a fait presque par hasard… Pourtant, y a pas que le commandant Cousteau dans la vie !
Anita Conti, de son vrai blaze Anita Caracotchian, est née en 1899 en région parisienne. Gamine, elle jouait avec les enfants des pêcheurs près de l’Océan Atlantique. Devenue adulte, elle a fait de la reliure de livres son métier, et a épousé un diplomate. Sauf qu’Anita Conti n’avait pas trop l’intention de rester en plan : elle faisait beaucoup de photos, collectionnait les bouquins et les carnets de notes, et avait bien envie de découvrir le vaste monde.
Elle s’est alors lancée dans le journalisme, et a embarqué à bord de plusieurs expéditions importantes sur des navires de pêche : sur l’Île de Terre-Neuve, au large de l’Amérique du Nord, à la pêche aux requins en Afrique de l’Ouest…
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À son retour, elle a publié les notes et photographies réalisées pendant ces voyages sous forme de bouquins. L’aventurière a fini par être repérée par l’Office scientifique et technique des pêches maritimes, qui lui a offert un poste en 1935. Et la voilà devenue océanographe, pif paf plouf !
Mais ce n’est pas tout : Anita Conti avait aussi une conscience écolo, et pendant sa longue carrière, elle a milité fermement et donné des conférences pour que le public comprenne la fragilité des océans. Elle a notamment lutté contre le gaspillage des poissons-sabres, et a été une des pionnières de la pêche durable, celle qui préserve les ressources. Anita Conti est décédée en 1997 à Douarnenez, dans le Finistère, et ses cendres ont été dispersées dans la mer.
La première femme qui a fait le tour du monde en solitaire en compétition
Un certain Renaud a chanté un jour : « C’est pas l’homme qui prend la mer, c’est la mer qui prend l’homme, mais elle prend pas la femme »… et autant je l’aime beaucoup, autant preuve a été faite qu’il avait tort. En France, on compte plusieurs navigatrices de talent.
Isabelle Autissier est l’une d’elles. Née en 1956 à Paris, elle a découvert la voile en Bretagne. Plus tard, elle a fait des études scientifiques, a obtenu son diplôme d’ingénieur agronome et s’est spécialisée en halieutique, c’est-à-dire l’ensemble des disciplines qui se rapportent aux problèmes de la pêche.
Après avoir travaillé comme enseignante, Isabelle Autissier a construit son premier bateau et a fait sa première traversée d’océan en solitaire en 1987. Il faut croire que tout ça lui a mis le sel à la bouche, puisqu’elle a réitéré l’expérience. En 1991, elle a participé au BOC Challenge, une course aujourd’hui appelée Velux 5 Oceans Race, qui consiste en un tour du monde à la voile en solitaire sur bateau monocoque. Et badaboum, elle l’a bouclée en 139 jours et 4 heures. Ce qui a donc fait d’elle la première femme à réaliser un tour du monde en solitaire et en compétition !
En 1994, elle participé à une course en équipe sur San Francisco-New York en passant par le Cap Horn, et son équipage a remporté le record à la voile. Et lorsqu’elle a lâché les amarres après des années de compétition, c’est pour prendre la plume. Elle est ainsi l’auteure de plusieurs livres ayant trait à la mer, des récits autobiographiques et des fictions. La navigatrice essaye aussi de sensibiliser le public aux problèmes environnementaux.
Depuis 2009, Isabelle Autissier est présidente de la branche française de l’ONG de protection de l’environnement WWF.
La première femme noire à commander un navire militaire américain
Mieux vaut tard que jamais : l’armée américaine a mis 238 ans à nommer une femme amirale quatre étoiles, autrement dit le plus haut rang que puisse atteindre un officier dans la Navy des États-Unis ! C’est arrivé en 2014, et c’est la militaire américaine Michelle Howard qui, à 54 ans, a enfin reçu cette haute distinction. Elle a été nommée cheffe des opérations navales, soit numéro 2 de l’US Navy.
Et ce nouveau grade qui pèse plus qu’un orque au repos, elle le doit à une carrière impressionnante. Michelle Howard a été diplômée de l’Académie Navale en 1982. Déjà, à cette époque, elle brillait par ses compétences, puisqu’elle a été la première femme titulaire de ce diplôme à atteindre le « rang du drapeau », soit celui d’amiral. En 1987, elle a reçu un prix attribué chaque année à une femme officier pour son leadership exceptionnel. En 1999, elle a pris les commandes du USS Rushmore, et est ainsi devenue la première femme noire à commander un navire militaire américain !
Son nom a percé dans les médias en 2009, lorsqu’elle a dirigé une unité spéciale qui a permis le sauvetage du capitaine Richard Phillips, dont le navire de transports de marchandises avait été attaqué par des pirates somaliens. Michelle Howard était alors aux commandes d’une équipe de 15 bateaux, et a envoyé l’aviation. Cette incroyable histoire vraie a été adaptée en film en 2013, sous le titre Capitaine Phillips, avec Tom Hanks dans le rôle-titre (celui du capitaine, pas de l’amirale).
Si j’en crois le site de l’America’s Navy, Michelle Howard est actuellement la 38ème vice-dirigeante des opérations navales.
La première femme « dompteuse de requins »
Tu fais peut-être partie des personnes qui ont vu Les Dents de la Mer et ont juré sur la boîte de sardines de leur enfance qu’on ne les reprendrait plus à remettre un orteil dans tout endroit supposément peuplé de requins. Cristina Zenato, elle, a pris la décision inverse : si le film l’a fait flipper à 3 ans, elle est passionnée par ces gros poissons depuis ses 8 ans.
La jeune femme est née en Italie, et à 22 ans, elle est partie pour les Bahamas. Elle y a appris la plongée et est devenue instructrice professionnelle. Actuellement, elle dirige un centre de plongée et continue à explorer les fonds marins. Elle est ainsi la première femme à avoir connecté une grotte intérieure d’eau douce à un système d’eau salée d’océan. Comme si cela ne suffisait pas, elle parle couramment cinq langues.
Mais surtout, elle est, d’après son site, la première femme au monde à pratiquer une technique de relaxation inédite avec les requins de récif présents dans les Caraïbes. Ca s’appelle la Tonic Immobility (soit « immobilité tonique ») et ça fonctionne de la manière suivante : Cristina Zenato frotte des pores de la peau du requin situés près du nez et de la bouche, ce qui endort l’animal, lequel vient gentiment se coucher sur ses genoux. Le requin est comme paralysé pour environ 15 minutes, ce qui permet par exemple à la plongeuse d’enlever les crochets de pêche coincés dans sa bouche.
Ça requinque l’envie d’aller à la mer, qu’on voit danser le long des golfes clairs, comme qui dirait !
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Les Commentaires
Merci pour tes précisions, c'est vrai que j'ai un peu simplifié pour les besoins de l'article Ravie que ça t'ait plu en tout cas, et si c'est ta profession et que tu souhaites en parler plus largement sur madmoiZelle, n'hésite pas à m'envoyer un MP, ça pourrait être drôlement chouette !