— Initialement publié le 17 mars 2017
Nous sommes à un mois du premier tour de l’élection présidentielle 2017, qui aura lieu dimanche 23 avril. C’est la saison des promesses !
La candidate du Front National, Marine Le Pen, avait d’ores et déjà le titre de « pire candidate pour les droits des femmes », d’après ses prises de positions passées et son programme.
La voici qui prend position fermement contre le délit d’entrave numérique à l’IVG, qu’elle promet d’abroger si elle était élue — ce qui, au vu des récentes enquêtes d’opinions, n’est pas un scénario fantasque.
Le délit d’entrave numérique à l’IVG, pour garantir l’accès à ce droit
Souvenez-vous, en 2012, Sophie menait l’enquête en se faisant passer pour une lycéenne enceinte. Elle appelait un numéro vert, trouvé sur LE site le mieux référencé sur Google, se faisant passer pour une plateforme d’information au sujet de l’avortement.
Sauf qu’au bout du fil, le discours de la pseudo-conseillère s’avérait totalement militant contre l’avortement.
Comment le savons-nous ? Pas parce que la personne explique sa position, mais parce que les pseudo-conseils qu’elle dispense sont mensongers.
Donc, pour lutter contre cette pratique parfaitement trompeuse qui consiste à cacher des positions militantes sous l’apparence d’un site d’information officielle, la délégation aux droits des femmes à l’Assemblée Nationale a déposé une proposition de loi pour sanctionner ce type de comportements.
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Le délit d’entrave numérique à l’IVG a été adopté, mais…
Le délit d’entrave numérique à l’IVG est simplement l’extension d’une disposition existante : il était déjà interdit d’empêcher physiquement les femmes d’aller avorter (cette mesure visait notamment les militant•es anti-choix qui s’enchaînaient aux grilles des hôpitaux…)
Laurence Rossignol, la ministre des droits des femmes, s’était d’ailleurs exprimée à ce sujet (voir notre interview ci-dessous).
https://youtu.be/0xp75v6_qos
Le 16 février dernier, non sans débats et quelques comportements très houleux de la part de membres de l’opposition, le délit d’entrave numérique à l’IVG a été adopté par l’Assemblée Nationale.
Marine Le Pen et François Fillon l’abrogeront s’ils sont élus
Le délit d’entrave numérique à l’IVG ne fait pas l’unanimité ; si vous en doutiez encore, le droit des femmes à disposer de leur corps est loin d’être un acquis immuable. À 2 heures de Paris, l’avortement est encore un crime, passible de la prison à vie…
Et en France, si Marine Le Pen a déclaré qu’elle « ne toucherait pas à l’IVG, ni à ses conditions de remboursement », elle s’est pour autant prononcé clairement pour l’abrogation du délit d’entrave numérique dans un entretien à Famille Chrétienne :
« Je suis opposée à la dernière loi sur le « délit d’entrave numérique ». Le gouvernement a créé les conditions d’un effondrement de la liberté d’expression. Il ne peut pas décider des sujets dont on a le droit de parler, et de ne pas parler.
On a le droit d’être contre l’accès à l’IVG, et de le dire. S’ensuivrait une dérive qui interdirait de critiquer le fondamentalisme islamiste ou l’immigration. »
Alors — où est le rapport avec le fondamentalisme islamiste ? Le délit d’entrave numérique à l’IVG n’interdit absolument pas d’être contre l’IVG. Il interdit de faire de la propagande anti-IVG en se faisant passer pour un site institutionnel, d’information médicale.
Informer n’est pas tromper, je le rappelle.
Même ligne d’attaque pour François Fillon, également cité par Famille Chrétienne :
« François Fillon promet de « l’abroger » s’il est élu à la présidence de la République.
« Le texte ne me convient pas. Il existe déjà des lois pour réprimer les propos ou les actes contraires à la liberté », confie-t-il dans un entretien accordé à Famille Chrétienne à paraître le 23 mars.
« J’étais contre l’instauration du délit d’entrave numérique et je constate que la décision du Conseil constitutionnel conforte mon idée qu’il faut prendre garde à la liberté d’expression. Il est en effet paradoxal de brader une liberté au nom d’une autre liberté »
À noter que le candidat du parti Les Républicains est soutenu par Sens Commun, l’émanation politique de la Manif Pour Tous.
Marine Le Pen et François Fillon le disent : ils n’ont pas l’intention de toucher au droit à l’avortement. Mais à les entendre, ils n’ont pas non plus l’intention de continuer à le défendre contre les attaques des plus virulents militants anti-choix.
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Les Commentaires
Du coup, pas d'entrave à la liberté d'expression.
Mais bon pour des candidats comme Le Pen et l'autre tête de Fion mieux vaut crier à l'entrave de la liberté d'expression et propager de fausses infos comme quoi on veut supprimer les sites anti-choix et éradiquer ceux qui ont une mauvaise opinion de l'ivg pour se mettre tout ce petit monde dans la poche pour les élections
C'est pathétique mais je pense pas qu'ils le mettraient réellement en place. Ils auront sans doute d'autres chats à fouetter