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Célib

Marine, 26 ans : « Le célibat me donnerait une image de femme forte et libre… j’ai surtout envie qu’on me foute la paix ! »

Chaque semaine dans Célib, des personnes de tous genres nous racontent les joies et les questionnements de leur célibat, qu’il soit choisi ou subi. Aujourd’hui, c’est Marine* qui nous explique comment être seule l’aide à redéfinir ses priorités dans la vie et à assumer sa bisexualité.
  • Prénom ou pseudo : Marine*
  • Âge : 26 ans
  • Lieu de vie : petite ville proche de la Suisse
  • Orientation sexuelle et/ou romantique : bisexuelle

Depuis combien de temps êtes-vous célibataire ? 

Je suis célibataire depuis un an et demi environ. Ma dernière relation a duré près de sept ans avec un homme qui faisait peser toutes les responsabilités, y compris les siennes, sur moi. J’ai fini par prioriser ma santé mentale. Notre relation était ouverte, j’ai donc fréquenté d’autres personnes pendant que j’étais avec lui.

Mes relations romantiques ont été, pour la quasi-totalité, vraiment merdiques. J’ai longtemps eu le chic de m’accrocher à des gens, pour la majorité des hommes, qui ne cherchaient pas à construire une relation mature et solide. Soit parce qu’ils traversaient eux-même des passes difficiles, et n’avaient donc pas d’énergie à m’accorder, soit parce qu’ils pensaient qu’une copine était juste un trophée. J’ai également vécu des situations traumatisantes avec l’un d’entre eux à l’adolescence, et j’en garde encore des séquelles aujourd’hui.

Pendant longtemps je me suis mis une pression folle pour être parfaite : la fille « pas comme les autres », pas prise de tête, qui prend tout à la rigolade… Au lieu de poser mes limites, j’acceptais tout et n’importe quoi avant d’exploser quand je comprenais que je laissais l’autre me manquer de respect depuis des mois. J’avais désespérément besoin de me sentir aimée, désirée, validée par un homme, alors j’étais prête à encaisser n’importe quelle situation pourvu que cela me garantisse un peu d’amour. Je ne suis pas certaine d’avoir été si amoureuse de ça de la plupart de mes ex-partenaires : j’acceptais de sortir avec eux parce qu’ils avaient… exprimé leur attirance. Et je m’y accrochais car je ne savais pas quand la prochaine occasion allait arriver.

À côté de ça, j’ai su à l’adolescence que les femmes m’attiraient, mais j’ai eu beaucoup de mal à m’autoriser à en fréquenter. Déjà, étant timide et peu sûre de moi, c’était difficile de sortir rencontrer du monde. Et les applis et leurs taux de réponses étant ce qu’elles sont pour les femmes saphiques… ça a longtemps été une sorte de souhait inatteignable. Je n’osais pas aller dans des association ni parler avec d’autres femmes queer. Pendant ce temps, je continuais les relations avec les hommes, faute de mieux.

Cependant, j’ai bien été forcée de constater que je répétais encore et encore le même schéma avec ces messieurs. Finir avec un con, ça arrive à toutes, mais quand ils sont tous comme ça, c’est que c’est aussi moi qui dois aller chercher ces spécimens quelque part. J’ai pris le temps d’analyser ces histoires pour les comprendre et éviter de répéter les mêmes erreurs. Même si je n’ai pour le moment pas envie d’investir la sphère romantique, poser mes limites et me protéger est aussi utile en amitié. J’ai appris à ne plus voir le couple comme un but ultime, ni à tolérer un homme adulte soit-disant incapable de gérer sa vie lui-même.

J’apprends à m’écouter, petit à petit. Merci à ma psy ! Je suis bien plus attentive aux « red flags » chez les gens et je fais en sorte de prendre le temps de connaître les gens avant d’aller plus loin, quitte à être excessivement méfiante. 

Pour être honnête, j’ai laissé les hommes cisgenres de côté depuis ma dernière rupture. Je veux privilégier la partie queer de ma vie en m’investissant dans des associations et en fréquentant d’autres femmes bi/lesbiennes/pan. Pendant un temps je me suis demandé si j’étais réellement bisexuelle ou si ce n’était pas plutôt de la « comphet » (abréviation de « compulsory heterosexuality », ou quand notre société nous incite à voir l’hétérosexualité comme l’orientation romantico-sexuelle par défaut, ndlr). C’est encore un peu flou mais je pense avoir sincèrement été attirée par certains hommes. Je ne m’embête pas trop à définir mes préférences… J’ai l’impression qu’elles changent régulièrement, et pour être honnête je me fous de plus en plus de connaître mon pourcentage exact d’attirance pour un genre ou l’autre.

Comment décririez-vous votre célibat ?

Agréable et reposant ! Je vois de temps en temps des connaissances se plaindre de leurs conjoints qui sont champions du monde de charge mentale, et je me dis que je suis bien contente de ne plus avoir à supporter ça. J’ai pu prendre le temps de réfléchir à mes besoins émotionnels, mais également de traiter des vieilles blessures depuis ma dernière rupture. Pour l’instant, je savoure le fait de ne pas avoir à gérer les caprices de quelqu’un d’autre. Maintenant que je suis seule, je me focalise sur mes objectifs personnels et professionnels et beaucoup de choses se sont naturellement débloquées une fois que je n’ai plus eu à prendre en compte mon ex dans mes choix de vie.

Votre célibat a-t-il une incidence sur votre vie amicale ou familiale ?  

Non. J’ai quand même noté des progrès car les membres les plus proches ont pris le réflexe de dire « ton futur copain… ou ta future copine ! »

Estimez-vous que le célibat a un impact sur votre moral, au quotidien ?

Je ne pense pas. J’ai parfois envie de tendresse. Heureusement, le chat des voisins est toujours content de se faire gratouiller derrière les oreilles !

Parfois j’ai quand même des moments de doute, où je ne sais pas si je trouverai réellement un jour une relation où l’attirance sera réciproque, et avec qui je pourrai construire quelque chose…

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Pensez-vous qu’être célibataire vous permet des choses que vous ne pourriez pas faire en couple ?

Oui : prendre soin de moi physiquement et mentalement, dépenser mon argent comme je l’entends, et partir faire du sport à ma guise. Profiter de la vie et rire des petites choses. Être heureuse.

Est-ce une réponse cynique ? Oui. Mais (malheureusement ?), presque toutes mes ruptures ont été ressenties par des délivrances et non par des pertes. Je suis quelqu’un de très indépendant et qui a souvent la bougeotte. Je pense beaucoup, je bouge beaucoup, je parle beaucoup… On m’a trop longtemps demandé d’arrondir mes propres angles pour être potable, alors maintenant, je m’autorise à être naturelle.

À l’inverse, pensez-vous qu’être célibataire vous empêche de faire des choses que vous pourriez faire si vous étiez en couple ?

Pas vraiment… j’ai la chance de pouvoir réaliser mes premiers achats d’adulte toute seule. Mais je ne suis pas encore propriétaire, donc peut-être que j’aurai un discours différent le jour où je devrai me débrouiller avec mon seul apport !

Pour le reste je suis heureuse de pouvoir partager mes étapes de vie avec mes amis proches. Rendre visite à tout le monde et voir les gens évoluer. Je ne ressens pas le besoin de partager cela avec quelqu’un au niveau romantique.

Le lieu géographique où vous vivez a-t-il un impact sur votre rapport aux relations amoureuses ?

La ville dans laquelle je vis n’est pas très grande mais j’ai accès à des agglomérations dans les alentours. La proximité avec la Suisse fait qu’il y a beaucoup de gens pour qui seuls l’argent et les apparences comptent, et je ne partage pas cette mentalité, donc je ne vais pas souvent de ce côté de la frontière. Grâce aux réseaux sociaux j’ai pu découvrir quelques associations dans la région mais les kilomètres s’additionnent vite quand on ne vit pas dans une métropole. La plupart de mes cercles LGBT sont à minimum une heure de route…

Cherchez-vous activement à trouver une relation amoureuse ? 

Non. J’ai compris que je courais après les gens à cause de mon estime de moi minable et d’autres problèmes qui me mettaient au fond du trou. Comme si je devais combler un manque.

J’ai envie de cultiver mes amitiés et relations familiales les plus fortes, entretenir ce que j’ai déjà. À l’heure actuelle, je ne sais pas si je serai ouverte à une nouvelle rencontre. Mais si ça arrive, je veux que ce soit la cerise sur le gâteau de ma vie, et non pas ses fondations !

Évidemment que j’ai encore envie de plaire. Mais apparemment, je ne donne pas une impression d’être ouverte, donc on m’approche peu. Je ne cherche pas non plus à déclencher le contact. Les rencards avec des inconnus me fatiguent, et je n’ai plus l’énergie de faire rentrer une nouvelle personne dans ma vie avec la condition qu’elle soit « le prochain amour ».

Le célibat amoureux a-t-il un impact sur votre vie sexuelle ? 

Pas vraiment. Pendant de longues années je me suis quasiment imposé d’être sexuellement active car mon physique avait changé de manière positive après le lycée : j’ai perdu du poids, je me suis intéressée à la mode, j’ai déménagé dans une grande ville pour mes études… Puisque je plaisais, je « devais » utiliser ça et ne rien « gâcher ». En mûrissant, j’ai compris que les coups d’un soir et autres plans culs ne m’intéressaient pas. J’ai besoin d’intimité, de savoir que l’on compte pour l’autre.

Et pour les soirs où j’ai vraiment besoin de dépannage… j’ai des mains ou des amis en silicone !

Ressentez-vous une forme d’injonction à être en couple ? 

Non.  Ma famille ne me met aucune pression sur le fait de trouver quelqu’un. Je crois que mes proches m’ont vue ramener tellement de cas qu’ils préfèrent me laisser tranquille là-dessus…

Estimez-vous que le célibat a un impact sur vos finances ?

Oui, en bien : plus besoin d’apprendre à Jean-Machin comment chercher, ni à avancer les courses d’Émile-Truc parce qu’il a encore claqué tout son salaire sur une précommande… comme s’ils ne savaient pas déjà le faire ! Mon argent me sert pour mes projets, et pas à entretenir un homme pendant qu’il vit comme un ado.

Avez-vous un budget dating ?

Je ne fais pas vraiment de rencards chers. J’aime bien inviter les gens à se promener en ville. Même si on peut payer un café ou un gâteau à la fin, ça arrive tellement peu souvent que ça s’incorpore dans mon budget loisir habituel.

Quels sont vos projets pour le futur ? 

Pour l’instant je suis très focalisée sur ma santé mentale, que je suis encore en train de soigner, et ma future carrière. Après avoir quitté mon ex-compagnon, j’ai décidé d’entamer une reconversion professionnelle. Je veux apprendre un maximum de nouvelles choses, me stimuler mentalement et gravir quelques échelons au travail sur le long terme. Acheter mon propre logement, peut-être, mais comme ma formation n’est pas finie je ne sais pas encore où ni quand je pourrai réellement me poser. Adopter un ou deux chats…

Je n’inclus pas vraiment le célibat dans toutes ces réflexions, même si je sais bien qu’avoir quelqu’un d’autre peut être un avantage financier et logistique…. mais je refuse que ce soit l’unique argument pour se mettre en couple.

Comme je ne me vois pas vraiment avec un homme, j’ai tendance à imaginer le futur avec une femme. Rien n’est certain et pour le moment, je suis très bien toute seule !

Avez-vous une anecdote sur le célibat à partager ? 

Apparemment, ça me donne une image de femme forte et libre… j’ai surtout envie qu’on me foute la paix !

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Les Commentaires

1
Avatar de soifia
24 mai 2024 à 16h05
soifia
Je me suis beaucoup reconnue, j'ai même réalisé des choses sur mon propre célibat. Marine a réussi à mettre des mots sur des choses que je ressentais depuis des années, merci à elle pour ça !
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