- Prénom : Marine (Edelfesse sur le forum)
- Âge : 33 ans
- Métier : chargée d’étude dans la fonction publique
- Salaire net, après prélèvement à la source : 1 942 €
- Vit avec : un colocataire, deux chats, un lapin, une centaine de plantes.
- Lieu de vie : un appartement de 73 m² dont elle est propriétaire dans l’est de la France, pas loin de la montagne jurassienne
Les revenus de Marine
Marine est chargée d’étude avec un statut de fonctionnaire. Elle touche un salaire de 1 942 € net par mois après prélèvement à la source, et estime ce salaire confortable :
« Je m’estime plutôt bien payée. Ma paie me permet d’être propriétaire, d’épargner, de régler le moindre de mes problèmes (voiture, santé, vétérinaire…). Mon reste à vivre me convient parfaitement. Je peux faire un peu ce que je veux quand je veux, et je n’ai pas des loisirs très coûteux. »
Elle explique avoir beaucoup d’avantages dans la fonction publique, mais elle relativise :
« Une part de mes primes ne compte pas pour la retraite, alors qu’elles sont imposables. Au mieux, en partant au plus tard (à 68 ans, donc) j’aurais un peu moins du SMIC actuel. »
En plus de son salaire, elle perçoit un loyer de 315 € par mois de la part de son colocataire, qui loue une chambre dans l’appartement dont elle est propriétaire. En tout, elle gère un budget mensuel de 2 257 € par mois.
L’organisation financière de Marine et de son colocataire
Marine est rarement à découvert, et elle affirme gérer son budget à couteaux tirés.
« J’ai un tableur Excel assez précis que je mets régulièrement à jour. J’anticipe toutes les dépenses possibles (nourriture des chats, dépenses exceptionnelles, frais de copropriété, sorties, vacances, cadeaux que j’ai envie de faire…) ».
Les charges de son colocataire sont incluses dans le loyer mensuel de 315 € qu’il lui verse. Cette somme n’est pas imposable (jusqu’en 2023, année où la loi changera) en vertu du bail « d’occupation d’une chambre meublée chez le propriétaire occupant ». Ils se partagent les frais de courses de manière assez variable :
« Je m’occupe du plus gros des courses, comme ça je propose des produits plus qualitatifs, et mon coloc est d’accord. Je lui annonce un budget prévisionnel, lui donne le montant de sa participation et tout roule. C’est occasionnel car il change de travail régulièrement (il fait de l’intérim) et a parfois des périodes pendant lesquelles il ne mange jamais à l’appartement. »
Les dépenses fixes de Marine
Chaque mois, la trentenaire rembourse un prêt contracté il y a quatre ans pour devenir propriétaire de son appartement de 73 m².
« L’appartement est en cœur d’une petite ville avec pas mal de commerces. Tout est à portée de vélo, ce qui est pratique. Je ne suis pas loin de la montagne, donc les loyers sont assez élevés (selon moi) mais j’ai fait un bon achat immobilier ce qui me permet de payer moins qu’en location (entre 50 et 100 € de moins par mois je dirais, au vu de la taille et de l’état de mon appartement). »
Ses mensualités s’élèvent à 550 € pour un appartement de 73 m² avec deux chambres, qui lui a coûté 103 000 €.
« Je n’avais pas d’apport, et j’ai emprunté 115 000 € pour quelques travaux et les frais de notaire sur 20 ans. J’ai profité de taux d’intérêt assez bas, les banques étaient moins frileuses qu’aujourd’hui. »
Elle compte environ 190 € mensuels de frais divers pour son appartement, en incluant les charges de copropriété (500 € maximum lissés à l’année, qui comprennent les ordures ménagères et l’eau courante) et des travaux. À cela s’ajoutent 30 € d’assurance emprunteur, et 74 € de taxe foncière. Elle paie aussi 80 € de facture d’électricité.
Cela représente un budget total de 924 € chaque mois.
On lui prélève 52,9 € mensuellement pour son abonnement téléphonique et son accès à internet, 10 € de frais bancaires ainsi que 42 € d’assurances pour sa maison et sa voiture.
Réduire ses frais d’essence grâce au vélo
Marine n’utilise sa voiture que pour des trajets spécifiques : faire des grosses courses, où se déplacer pour le loisir. Elle se déplace à vélo le reste du temps, ce qui lui permet de réduire le coût de ses transports.
« Ma voiture est assez vieille, et me coûte donc assez cher. Les frais d’entretien et de travaux dessus ont un coût, mais elle est fiable et si je veux partir n’importe sans avoir à me poser pas la question.
Je réfléchis à prendre un vélo cargo pour les grosses courses mais j’habite à la campagne, pas loin de la montagne, et n’étant pas très sportive, je n’arrive pas à franchir le pas de vendre ma voiture et faire tous mes déplacements à vélo (cardio en mousse !) »
Pour ses deux chats et son lapin, elle dépense 65 € par mois en moyenne de nourriture et de litière.
« Pour les dépenses alimentaires, je fais les poubelles »
Les dépenses alimentaires de Marine sont relativement faibles : 150 € par mois, sorties au restaurant comprises. Elle fait très peu de courses, et préfère se fournir dans les poubelles. Une forme de freeganisme qu’elle explique :
« En dehors de l’essentiel (huile et vinaigre, produits secs comme les pâtes, les pois chiches, le sucre et la farine), je fais les poubelles. Je fais partie d’une minorité de gens qui ont conscience des trésors que l’on peut trouver dans les poubelles. Entre les vêtements, la nourriture, les meubles… Les poubelles sont devenues une source d’approvisionnement énorme. »
Elle explique avoir quelques endroits privilégiés où trouver ce dont elle a besoin :
« Je sais où chercher mes aliments (pas toujours de saison, régulièrement bio). Quand j’ai besoin ou envie de chercher de la décoration, des nouveaux meubles, certaines enseignes sont réputées pour jeter facilement. Ça me permet de faire des économies, ça m’amuse.
Je prends plaisir à redistribuer aux personnes qui ne veulent pas mettre les mains dans les poubelles, mais pour qui avoir certains produits représente un plus. »
Pour elle, c’est aussi une pratique solidaire qui est tournée vers la redistribution.
« Au sein du groupe avec qui je fais les poubelles, il y a des gens qui n’ont pas les moyens d’acheter certains produits, donc je me sers après eux. Quand il y a peu de choses, je laisse la priorité aux autres. Il y a aussi quelque chose d’important : dès qu’on récupère des gros stocks, on fait des redistributions ou des disco-soupes. »
Les loisirs et les craquages de Marine
Marine aime manger à l’extérieur, et y passe le plus gros de son budget alimentaire. En parallèle, elle dépense une soixantaine d’euros chaque mois pour ses loisirs : cinéma, piscine, matériel de sport…
« J’aime avoir mon propre matériel pour le sport, j’achète parfois des sacs à dos, des tenues pour la rando, plusieurs accessoires pour aller nager en eau libre, le nécessaire pour aller faire des raquettes…
J’achète ce qu’il me faut petit bout par petit bout, pour avoir cette liberté de me dire « Tiens, si j’allais faire des raquettes demain, dans ce petit coin perdu où il n’y aura personne » sans avoir à rendre de compte ni à attendre les horaires pour prendre un forfait ».
Son dernier craquage ? S’offrir le permis bateau (fluvial et côtier).
« Je n’avais pas le budget sur mon compte, et ça a entamé mon budget vacance. Je pense que j’avais besoin de me faire plaisir parce que depuis plusieurs étés, je dois me « serrer la ceinture » (une séparation, un emprunt pour me séparer, des frais sur la voiture…). »
Elle dépense 20 euros par mois pour des vêtements de seconde main, une habitude qu’elle a prise après s’être imposé un challenge annuel :
« Tous les ans, je me fixe un challenge pour transformer mes dépenses. L’an passé, je me suis fixé pour objectif de passer aux vêtements 100 % seconde main. Celle d’avant, c’était les dépenses alimentaires (faire plus souvent les poubelles, m’organiser pour consommer ce qui est disponible et de saison).
Cette année, j’ai décidé de ne plus acheter de plantes et de ne fonctionner que sur le troc. L’année prochaine, je pense essayer de réduire mon budget disponible en mettant plus d’argent de côté. »
L’épargne de Marine
Chaque mois, elle met 615 € de côté, soit 300 € tirés de son salaire et 315 € de loyer que lui verse son colocataire. Elle y verse aussi les primes exceptionnelles qu’elle reçoit ponctuellement, et les rentrées d’argent irrégulières. Ces économies sont destinées à un projet d’adoption :
« J’ai eu l’an dernier un diagnostic de syndrome des ovaires polykystiques, et d’utérus très polyfibromateux. Je suis en couple depuis 1 an, je vais avoir 34 ans l’année prochaine, je n’ai pas envie de me mettre la pression donc l’adoption restera le meilleur projet pour moi ! Je souhaite être maman un jour, avec ou sans partenaire. J’ai donc entamé les démarches pour être parent célibataire adoptant. C’est un processus engageant, avec un deal entre soi et soi qui demande de se préparer et d’accepter d’attendre (peut être en vain) qu’un enfant ait besoin de moi avec mon profil et mes particularités, mes limites, ma bonne volonté.
L’adoption d’un pupille de l’État français est gratuite, mais à l’étranger, ce projet peut être coûteux et il me faudrait alors plus de 30 000 € de côté. J’espère obtenir cette somme dans environ deux ans. »
Merci à Marine d’avoir répondu à nos questions !
Pour participer à la rubrique, envoyez-nous une petite présentation par mail à l’adresse [email protected], avec pour objet « Règlement de comptes ». Nous vous répondrons avec la marche à suivre !
Crédit photo : Kevin Wolf / Unsplash
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Les Commentaires
Personnellement j'ai tendance a trouver que mon microbiote s'est enrichi depuis que je fais les poubelles. Mais est-ce que c'est de manger des produits "périmés" qui fait ça ou c'est a corréler avec le fait que je mange + variés et + de saison ?
J'ai réfléchi à mes propres choix, et voici ce qu'il ressort :
Je ne mange pas (ces produits trouvés dans les poubelles ndlr) :
- de viande/poisson ;
- de produit sous vide (même si le vide semble intact) ;
- les œufs (salmonellose !) ;
- la viande séchées (risque fort de champignons, invisibles à l’œil nu => mais il est possible de laver, saler, re-sécher les produits),
- les petits fruits (fraises,framboises, raisins, etc) à cause de la finesse de la peau et de tous les produits contaminants des poubelles (mais aucun problème avec les fruits qui ont une peau épaisse et/ou qui se pèlent),
- les produits congelés (est-ce que la chaine du froid a été respectée ??),
- et je suis méfiante pour les produits impeccables en gros volume (sauf produits de saisons, comme les chocolats de noël/pâques, les produits de fête type foie gras, ou encore
En revanche, je n'ai aucun problème (mais c'est très personnel) avec :
- les pommes de terre verte (indigeste, potentiellement toxique, il faut l'éplucher "épais",
- les fromages (parfois très bien fait, bien coulant, très parfumés) ;
- les pains, viennoiserie, etc (après stockage au congélateur et un passage au four a 180, c'est excellent),
- les légumes/fruits en sachets qui parfois ne contiennent qu'un produit moisi (= champignon),
- les conserves (mais l'état doit être impeccable, pas toujours facile à vérifier) ;
- les fruits/légumes moches, qui ont prit un coup de chaud (qui sont dans la poubelle depuis plusieurs jours), qui sont à moitié moisi/pourri (un coup de couteau pour ne garder que la partie saine et op, dans le panier).
Pour nettoyer mes fruits/légumes/yaourts/etc : le vinaigre blanc.
Pour évaluer si le produit est bon : l'odeur, le gout, la texture. Le moindre doute bénéficie a ma santé. Si j'ai un doute = je ne mange pas.
Je n'ai jamais été malade. MAIS, je rappelle mon précédent message, je bénéficie d'un contexte propice au non développement de maladie diverses et variées. Je peux me laver, je n'ai pas froid, je mange équilibré, j'ai accès à des soins si je suis malade, et surtout je suis en bonne santé.
Ça semble très restrictif comme ça, mais je trouve 80% de mes légumes et mes fruits comme ça.
Souvent, je fais "du stock", genre deux trois sachets de pommes de terre, que je consomme au fur et a mesure. Ou alors je fais des bocaux (pickles, compotes, confitures, soupes, purées..), ou bien je découpe en petit morceaux et ça va au congélateur (nb les champignons, les piments, qu'on trouve parfois par cagettes, avec seulement deux trois qui sont abimés).
Et oui, l'accès aux poubelles est parfois "compliqué". C'est-à-dire : il est illégal de rentrer dans une propriété privée. Tant que les poubelles sont dans ce périmètre, elles appartiennent à celui qui les remplissent. Ce n'est qu'une fois sur voie publique que le contenu des poubelles est "a personne" et que fouiller/récupérer/glaner est autoriser (dans un espèce de flou juridique et grâce à quelques jurisprudences).
Vous pouvez trouver des informations sur internet, facilement, sur les mesures que vous pouvez mettre en place pour faire les poubelles de manière sécurisées (pour votre santé, et votre casier judiciaire).
Enfin : oui c'est paradoxale de faire les poubelles et d'aller au restaurant. Et oui, c'est le budget nourriture de 150€ qui est transformé en "restaurants", grâce aux poubelles. Cela bénéficie essentiellement aux locaux, avec quelques exceptions pour quand je suis en déplacement.
MAIS, ce n'est pas 150€ de restaurants, je fais aussi des courses.
C'est un choix très discutable.
Mais si demain j'arrête de faire les poubelles, je pense que je mettrai à peine moins d'argent de côté pour pouvoir continuer a aller manger en extérieur de temps en temps (moins souvent ceci-dit).