Parler d’argent, en France, c’est encore tabou. Pourtant, c’est un sujet passionnant, et par certains aspects… féministe ! Dans notre rubrique Règlement de comptes, des personnes en tout genre viennent éplucher leur budget, nous parler de leur organisation financière (en couple ou solo) et de leur rapport à l’argent. Aujourd’hui, c’est Marie qui a accepté de nous ouvrir ses comptes.
- Prénom d’emprunt : Marie
- Âge : 37 ans
- Métier : responsable financière dans l’industrie
- Revenu mensuel : 8 175 euros à deux
- Famille : Elle, son mari et leur trois enfants âgés de 13, 12 et 7 ans, sans oublier les trois chats de la maisonnée
- Lieu de vie : Une maison à la campagne dans la région des pays de la Loire
Les revenus de Marie et de son mari
Marie et son conjoint sont ensemble depuis 18 ans et mariés depuis 14 ans. Lui est un peu plus âgé qu’elle et cadre supérieur dans une entreprise du secteur industriel. Il travaille relativement loin de leur domicile et a donc un appart en location dans lequel il passe une partie de la semaine.
Marie, responsable financière, travaille, elle, à temps partiel pour pouvoir gérer les rendez-vous médicaux de leur petite dernière qui a une maladie génétique. Avec un salaire de 2 800 euros brut pour un temps de travail à 70%, Marie s’estime bien payée.
En cumulant les salaires et les primes du couple, la famille perçoit environ 7 600 euros nets par mois (avant prélèvement à la source). Une somme confortable à laquelle vient s’ajouter 301 euros d’allocations familiales et 232 euros d’allocations d’éducation de l’enfant handicapé, ainsi que 42 euros versés par leur mutuelle pour couvrir une partie du coût de la psychomotricienne qui suit leur fille.
L’organisation financière de la famille
Marie et son conjoint ont un compte commun, sur lequel tombent leurs salaires et qu’ils utilisent pour toutes leurs dépenses, sauf celles liées au travail qui sont faites via un compte professionnel.
Cette transparence et cette mise en commun des ressources convient à la mère de famille :
« Du fait du compte commun, il n’y a pas de distinction des dépenses. Même si c’est principalement moi qui gère les dépenses pour la maison et les enfants vue l’organisation de notre foyer. Nous fonctionnons comme cela depuis le tout début et nous sommes transparents sur toutes nos dépenses. »
L’argent n’est en tout cas pas du tout un sujet de disputes pour le couple, et Marie assure que le sujet est abordé de façon totalement ouverte, notamment lorsqu’une grosse dépense est à prévoir. Marie doit tout de même parfois redonner quelques ordres de grandeur à son mari…
« Je donne des consignes en termes de budget à mon mari qui est totalement déconnecté du coût moyen pour un enfant pour un achat de type, manteau, chaussure. Il a tendance à dire oui sans regarder le prix. »
Les dépenses de Marie et de sa famille
Comme souvent, le poste budgétaire le plus important pour la famille est le logement. Marie et son mari ont acheté la maison où ils vivent en 2017, dans un petit village de moins de 200 habitants et depuis ils remboursent un crédit d’environ 1 043 euros par mois. À cette somme vient s’ajouter les 200 euros de loyer mensuel pour le logement de fonction du père de famille et environ 171 euros de factures d’eau et d’électricité.
Le second poste de dépenses de la famille de cinq personnes est l’alimentation, avec 700 euros par mois en moyenne. Marie privilégie les produits locaux et l’achat chez des petits commerçants (boucherie, poissonnerie, primeur, etc).
Comme Marie et son conjoint ont des véhicules de fonction qu’ils peuvent utiliser pour leur usage personnel, ils n’ont pas de frais de carburant, ni d’entretien de véhicule, tout est pris en charge par leurs employeurs. Une économie non négligeable pour la famille.
La famille dépense par contre environ 104 euros pour tout ce qui est abonnement téléphonique et internet, ainsi que pour Canal+, Netflix et Amazon Prime. Une somme que la trentenaire trouve trop élevée. En particulier l’abonnement au service de livraison rapide : « je trouve que cela nous incite à dépenser pour des achats inutiles. »
« Afin de faire baisser nos impôts, qui du fait des revenus sont élevés, nous faisons mensuellement des dons à des associations (environ 50 euros), nous avons une intervenante de ménage qui vient toutes les semaines (200 euros), un de nos enfants bénéficie de cours à domicile (200 euros) et nous faisons appel régulièrement à un jardinier pour l’entretien extérieur (50 euros) ».
Après ces déductions, la famille de cinq personnes paye chaque année environ 1 350 euros d’impôts sur le revenu, auxquels viennent s’ajouter environ 1 116 euros d’impôts locaux (taxe foncière, taxe d’enlèvement des ordures ménagères…).
Les dépenses pour les enfants
Les trois enfants de Marie sont dans une école privée sous contrat qui leur coûte chaque année 1 500 € (pour les trois). Mensuellement, la scolarité de leurs enfants leur coûte donc 125 euros plus 16 euros d’abonnement au transport scolaire régional.
La prise en charge médicale de leur fille représente aussi un certain budget non pris en charge par la sécurité sociale : 200 euros par mois pour la psychomotricité et environ 600 euros de lunettes chaque année (elle a besoin de deux paires par an, mais une seule est remboursée).
« Cela ramène nos dépenses mensuelles liées à son handicap à 250 euros, ce qui est pratiquement couvert par l’allocation enfant handicapé. »
Le reste des dépenses mensuelles de la famille se répartit entre les vêtements et les loisirs (cinémas, restaurants, achats de jeux, etc). Le premier poste représente environ 330 euros par mois, et le second 200 euros.
Les trois enfants font aussi des activités sportives (gymnastique, natation…) pour un budget de 600 euros par an, hors équipement.
Dans notre fonctionnement, nous ne nous privons de rien, mais faisons tout de même attention à l’utilité de nos dépenses. Lorsque nous achetons quelque chose, nous privilégions la qualité et la durabilité plutôt que le faible cout.
La famille a aussi un budget vacances d’environ 6000 euros par an : elle passe une semaine au ski à Noël, et part visiter un coin de France chaque été pendant deux semaines. Les parents partent aussi faire un weekend entre copains une fois par an.
Le rapport à l’argent de Marie et de son conjoint
Marie, qui vient d’une famille très modeste « où l’argent manquait sans cesse », assure avoir aujourd’hui un rapport à l’argent « tout à fait décomplexé ».
« J’en parle sans aucune gêne et je fais en sorte que nos enfants n’aient pas cette crainte. De fait, ils sont certainement un peu gâtés, même si nous ne leur achetons pas de jeux coûteux hors anniversaire et Noël.
Nous achetons les vêtements et les chaussures toujours neufs, étant assez pointilleuse sur les détails et la qualité, l’achat de seconde main ne me convient pas.
Concernant les vêtements et affaires de nos enfants, nous les donnons systématiquement après utilisation, soit à des amies qui ont des enfants plus jeunes que les nôtres, soient à des associations. Je ne revends pas, je pars du principe qu’il faut pouvoir donner quand on ne manque de rien. »
L’épargne de la famille
Pour épargner, Marie a un système bien rodé : elle calcule le « reste à vivre » de la famille dès que les salaires tombent sur le compte, et en épargne une partie. Pour calculer ce « reste à vivre », elle déduit de leurs revenus leurs dépenses fixes (prêt, assurance, loyer, abonnement, factures, etc).
La responsable financière verse ensuite 60% de cette somme sur un compte d’épargne et essaye ensuite de ne pas dépasser la somme d’argent restante sur le compte chaque mois, même s’il peut leur arriver d’aller piocher dans leur épargne certains mois (Noël, anniversaires, vacances…) ou pour financer des achats pour la maison. Le couple a ainsi récemment fait creuser une piscine et a pour projet d’acheter un appartement pour faire du locatif.
« Nous épargnons chaque mois pour nos enfants 100 euros chacun sur un livret A, et pour nous, individuellement, nous nous versons sur une assurance vie 155 euros mensuellement. Cela correspond à notre épargne bloquée. »
Merci à Marie de nous avoir ouvert ses comptes !
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Les Commentaires
Mais combien de fois mon mari (qui est français) n'a pas eu une remarque sur le fait qu'il soit venu me rejoindre en Belgique sur un ton amusé "c'est pour les impôts"
Alors que bon, clairement vu nos revenus c'est pas intéressant. La Belgique est un des pays où le travail est le plus taxé... (Contrairement à tout le reste) et clairement, je ne trouve pas que ça soit la politique la plus saine.