Le 6 décembre 2018
À l’été 2018, Marie Laguerre a été interpellée dans la rue par un homme lui adressant des mots et gestes obscènes.
Quand la jeune femme s’est défendue, son agresseur l’a physiquement attaquée. Il a été condamné à un an de prison dont six mois fermes (lire ci-dessous).
Marie Laguerre victime de cyberharcèlement
La violence dont Marie Laguerre a été victime ne s’est malheureusement pas arrêtée au moment de la condamnation.
Libération annonce sa décision de porter plainte après avoir été visée par de très nombreuses violences sur Internet. Marie Laguerre a en effet été victime de cyberharcèlement.
« Ces actes violents, sexistes et inacceptables, je suis loin d’être la seule à les subir […] Leur impunité doit cesser, Internet ne doit pas, comme la rue, être un lieu de non-droit, hostile aux femmes. »
Pour avoir une idée de la violence ciblant Marie Laguerre, Libération a publié un minuscule échantillon de ce qu’elle a reçu.
https://twitter.com/LucieRonfaut/status/1070680657536393227
L’agresseur de Marie Laguerre condamné
L’homme qui a agressé Marie Laguerre, d’abord verbalement puis physiquement, après l’avoir harcelée dans la rue (lire ci-dessous), a été condamné.
Le 4 octobre 2018, l’agresseur a écopé d’un an de prison dont six mois fermes.
À noter que le harcèlement sexuel n’a pas été reconnu : l’homme a été jugé pour « simples » violences. Un coup dur pour la jeune femme, comme elle l’explique à Libération.
L’agresseur de Marie Laguerre identifié
Mise à jour du 29 août 2018
Après que Marie Laguerre a porté plainte contre l’homme qui l’a agressée dans la rue au mois de juillet (cf. article ci-dessous), et qui a été filmé sur la vidéo relayée sur Internet, le suspect a reconnu être la personne sur la vidéo, comme l’a relayé le Huffington Post.
L’homme de 25 ans arrêté lundi 27 août a également été identifié par Marie Laguerre elle-même ce matin comme étant son agresseur.
Pour en savoir plus, viens lire l’article du Huffington Post en cliquant ici
Frappée en pleine rue par un harceleur : le harcèlement de rue, cette violence intolérable
Article initialement publié le 31 juillet 2018
Cette histoire est tristement ordinaire. Une jeune femme marche seule dans la rue. Un homme lui adresse sifflements, commentaires et gestes déplacés.
La colère monte.
Mais la protagoniste s’écarte du script auquel nombre d’entre nous sont habituées. Au lieu de baisser les yeux, se taire et ravaler sa colère, Marie, 22 ans, a confronté l’homme qui ne la laissait pas circuler en paix.
Elle s’arrête, se retourne, et lui balance « Ta gueule ! ». Lui aussi s’arrête, se retourne, revient se planter devant elle. Et la gifle.
C’est ce qu’on peut voir dans cet extrait de la vidéo surveillance du bar devant lequel s’est déroulée cette scène. Posté sur la chaîne YouTube de Marie Laguerre, le clip dépasse actuellement les 3 millions de vues.
Le harcèlement de rue, cette violence intolérable
La vidéo n’a pas de son, pour savoir ce qui s’est dit, il faut lire et écouter Marie Laguerre raconter sa propre histoire devant la caméra du Parisien.
Le contraste est saisissant, entre cette jeune femme extraordinairement ordinaire, et la violence de ces images, choquantes aussi parce qu’elles tapent dans le mille : elles concrétisent la peur que j’emmène partout avec moi lorsque je me déplace seule, dans la rue.
La peur qui dissout les « ta gueule ! » au fond de ma gorge, celle qui fige la colère dans mes tripes et l’empêche de sortir par des jurons fleuris, balancés comme des poignards à ceux qui ne respectent pas mon droit à être respectée.
Quel soulagement, l’histoire de Marie. Au micro de Zoé Lauwereys, journaliste au Parisien, elle raconte :
« Je n’ai pas réalisé tout de suite la violence de ce qui m’était arrivé », reconnaît-elle.
Vingt minutes plus tard, bien décidée à porter plainte, elle retourne au bistrot pour chercher des témoins.
« Les gens ont afflué, pour m’apporter leur soutien, pour me calmer et me dire qu’ils pourraient témoigner »
La gifle de trop ?
En 3 réponses à France info, Marie résume tout.
La colère et l’impuissance ressenties dans cette situation de proie, la peur de réagir et d’en payer des conséquences plus insupportables encore.
Le soulagement de voir les témoins de la scène réagir, et prendre sa défense.
La peur, enfin, que ça recommence, pas devant une terrasse où des citoyen·nes exemplaires interviendraient aussi rapidement.
En cela, l’histoire de Marie est dramatiquement ordinaire. Mais cette vidéosurveillance lui donne un retentissement viral.
Marie, 22 ans : la deuxième caméra cachée du harcèlement de rue ?
En 2012, c’est une autre vidéo qui avait permis de mettre les mots « harcèlement de rue » sur cette épuisante banalité que de trop nombreuses femmes subissent régulièrement.
Sofie Peeters, une étudiante belge, s’était filmée en caméra cachée, déambulant dans un quartier de Bruxelles. On y voyait plusieurs hommes l’interpeller, la reluquer, l’insulter… C’était la première à réussir à mettre des images sur une réalité passée sous silence car inconsciemment acceptée par les victimes de cette pratique.
Moi la première : je sais que la longueur de ma jupe ne conditionne pas le respect qui m’est dû. Je sais aussi qu’il y a une corrélation entre la longueur de ma jupe et le nombre de remarques, sifflements, insultes que j’aurai à essuyer en me déplaçant d’un point A à un point B dans l’espace public.
Je ne me disais pas que c’était « normal », mais je me disais que c’était comme ça.
Année après année, témoignage après témoignage, force était de constater que ce phénomène n’avait rien de sporadique. Le harcèlement de rue est un problème de société.
Ce que la vidéo surveillance de Marie démontre, c’est que le harcèlement de rue n’est plus « une épuisante banalité » : c’est une violence intolérable.
Qui peut encore défendre le fait de se prendre une gifle en pleine rue, parce qu’on a dit « ta gueule » à l’inconnu qui nous soufflait des insultes ?
J’espère qu’il y aura un « après » Marie Laguerre
J’espère que l’histoire de Marie Laguerre déclenchera un mouvement au moins aussi important que les images de Sofie Peeters en leur temps. Elles avaient permis à de nombreuses femmes de prendre conscience que ceci n’est pas normal.
J’espère que les images de Marie Laguerre permettront à tout le monde de prendre conscience que le harcèlement de rue n’est pas un problème de femmes : c’est notre problème à tous.
Ce n’est plus un fait de société avec lequel il faudra composer, comme l’incivilité dans les files d’attente, ou les gens qui sortent du ciné en spoilant le film à voix haute.
Selon Le Parisien, Marie a déposé plainte le soir même, accompagnée par le patron du bar, qui lui a donné la vidéosurveillance. Elle a été frappée au visage, ses blessures ont été constatées par une unité médico-judiciaire. Elle devrait obtenir justice assez facilement.
Mais on ne devrait pas avoir à prendre une gifle et un jour d’ITT (incapacité totale de travail) pour pouvoir obtenir justice. Les agissements des harceleurs devraient être répréhensibles sans qu’on en arrive à encaisser un coup.
C’est l’idée de « l’outrage sexiste », ce nouveau délit introduit dans le projet de loi de lutte contre les violences sexuelles et sexistes. Si le texte était adopté dans sa version actuelle, il serait défini comme suit :
« Constitue un outrage sexiste le fait […] d’imposer à une personne tout propos ou comportement à connotation sexuelle ou sexiste qui soit porte atteinte à sa dignité en raison de son caractère dégradant ou humiliant, soit crée à son encontre une situation intimidante, hostile ou offensante. »
La sanction prévue est une contravention de la 4ème classe, c’est-à-dire une amende de 750€ maximum.
Est-ce que cette définition et cette sanction permettront d’éradiquer ce phénomène détestable ? Dur à dire. Néanmoins, l’entrée de ce délit dans la loi envoie un message nécessaire : ce n’est pas tolérable.
Mais ce message est moins percutant pour l’opinion publique que celui renvoyé par la vidéosurveillance de Marie, vacillant sous le choc d’une gifle décochée par l’inconnu qui l’insultait en pleine rue.
« Ce n’est plus à propos de moi maintenant, c’est à propos de toutes les femmes », a déclaré Marie au Parisien. C’est vrai, et merci pour ça, vraiment.
Je regrette simplement qu’il faille essuyer une gifle en pleine rue pour que l’on prenne enfin la mesure de l’intolérable violence ordinaire qu’est toujours le harcèlement de rue.
À lire aussi : Entre antisexisme et antiracisme : la loi de lutte contre le harcèlement de rue en débat
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Les Commentaires
Justement au début j'ai cru à une erreur, mais après recherches, ça n'en est pas une.