Le 4 avril 2017
J’ai toujours été fermement opposée à la peine de mort, qui est pour moi une aberration.
Quand j’étais adolescente, j’ai découvert avec effroi qu’elle existait encore dans certains États, notamment aux États-Unis. C’est ainsi qu’au lendemain de mes 18 ans, j’ai commencé à correspondre avec un condamné à mort.
Ma manière de militer, à mon échelle
Le système américain n’est ni équitable ni infaillible, et j’ai beaucoup de mal à accepter qu’on puisse regarder quelqu’un en face (parfois des adolescents !) et leur dire qu’il n’y a aucun espoir pour eux et qu’ils doivent être mis à mort ou passer le restant de leurs jours en prison.
Pour moi, une personne ne se résume pas à ses crimes, et je pense que c’est en la traitant humainement qu’il y a espoir de réhabilitation.
Après cette première correspondance, de nombreuses autres sont nées avec des détenus ayant différentes condamnations. Leur apporter un soutien et de l’humanité est ma façon de militer, à mon échelle.
En France, je donne aussi des cours bénévolement dans une prison.
Tout a commencé par une correspondance
Mon mari et moi nous sommes rencontrés par écrit il y a trois ans, quand j’ai sélectionné son annonce pour faire de lui mon nouveau « pen pal » (correspondant).
Condamné à mort, il était incarcéré dans une prison de Floride, où il passait le plus clair de son temps seul dans sa petite cellule à lire, écrire ou dessiner en écoutant son lecteur mp3.
Il était drôle et spirituel, et c’était toujours une grande joie de recevoir une de ses lettres. Sa situation remettait pas mal de choses en perspective, même s’il ne s’en plaignait jamais, et nos échanges me touchaient vraiment — plus que tous ceux que j’avais eus avant et continuais d’avoir.
C’était complètement différent d’avec mes autres correspondants. Il s’était logé dans ma tête et peu importe ce que je faisais, je pensais toujours : « Il faut que je le raconte à A. ».
Parfois, j’étais même plus pressée de rentrer chez moi pour lui raconter un évènement que de finir de le vivre. Je voulais tout partager avec lui et je prêtais une grande attention aux détails que je tentais de mémoriser pour lui permettre de « vivre » le moment autant que possible.
De deux pages, mes lettres sont passées à douze, et ses réponses me surpassaient.
Je lui racontais tout. De ma vie universitaire « banale » à mes obsessions, mes peurs, mes plans cul ou flirts plus ou moins foireux, en passant par mes TOC ou mes promenades.
Il connaissait l’histoire de chacune de mes cicatrices, visibles ou non. En bref, j’étais plutôt très à l’aise avec lui, et s’il lui a fallu plus de temps, il s’est aussi ouvert à moi.
On s’entend bien, très bien
Puis sa demande de visite est arrivée, accompagnée d’une déclaration « d’intérêt », si j’ose dire. Chaque fois que je relis cette lettre, mon ventre se transforme en grosse bouillie douloureuse (trop de papillons, sans doute).
Je lui ai répondu que je l’aimais vraiment beaucoup et que j’adorerais le rencontrer mais que ça me faisait peur. Car si jamais le courant ne passait pas, on perdrait cette relation géniale qui était devenue si importante pour moi.
Et si jamais on s’entendait vraiment bien… qu’en faire ?
Cette idée-là était presque pire, parce que je suis rationnelle, pas intéressée par les histoires à distance ou super compliquées, et pas non plus du genre à tomber amoureuse en fait
J’étais effrayée, confuse, je me sentais immature, naïve et faible — car je n’étais pas censée me mettre dans cette situation. Ça ne m’était jamais arrivé avec mes autres correspondants.
« Peut-on avoir des sentiments pour quelqu’un qu’on a jamais vu ? »
J’ai dressé la liste des clichés que je devais écarter.
Le fait qu’il écrivait possiblement les mêmes lettres à des dizaines de filles, qu’il pouvait me manipuler ou être dangereux, ou que peut-être tous nos sentiments n’étaient qu’une illusion créée par l’attention qu’on se portait l’un l’autre (à supposer qu’on ait été en demande d’attention à ce moment-là)…
Peut-on vraiment avoir des sentiments pour quelqu’un que l’on n’a jamais vu ? Je n’y croyais pas vraiment même si je savais que ça existait… Ça a été une période difficile pour nous qui s’est soldée par un silence d’un mois de sa part.
Pendant que je pesais le pour et le contre de faire le voyage afin de le rencontrer (et j’en avais vraiment envie), lui pesait le pour et le contre de m’imposer sa situation et toutes ses difficultés.
Avec les délais postaux, je suis restée six semaines sans nouvelles (alors qu’à l’époque, j’avais au minimum deux lettres par semaine).
Je n’ai jamais été plus malheureuse que pendant ces six semaines. Je n’ai pas non plus été capable de faire quoi que ce soit d’autre que pleurer jour et nuit à partir du moment où j’ai compris qu’il n’écrivait plus.
Enfin, ma délivrance est arrivée : j’ai aperçu son écriture à travers la fente de ma boîte aux lettres, et je me suis mise à trembler.
Une déclaration d’amour épistolaire
J’ai remonté les deux étages jusqu’à chez moi en essayant de ne pas tomber et en retenant mes larmes, heureuse de le voir réapparaître dans ma vie et effrayée que ce ne soit que pour me dire adieu.
Je tremblais encore tellement que j’ai eu du mal à ouvrir l’enveloppe et, quand j’y suis enfin parvenu, j’ai vu les premiers mots « I love you… » à travers un voile humide. Je ne me suis même pas détendue tout de suite car la lettre faisait dix pages, et jusqu’à la dernière ligne, j’ai eu peur que ce soit la dernière.
Il expliquait qu’il savait qu’il m’aimait depuis sa demande de visite mais que la partie logique de son cerveau n’était pas d’accord, et qu’il détestait le fait de ne pas pouvoir ÊTRE avec moi.
Il a décrit la « tourmente dans laquelle je me trouve à cause de toi » et la conclusion qu’il me voulait dans sa vie, pour toujours, et de la façon dont je le voudrais.
Après tout ça, il m’a tout de même fallu réfléchir. Il est impossible de s’engager à la légère avec quelqu’un dans sa situation. Impossible, également, de faire des promesses qu’on n’est pas sûre de tenir.
Alors j’ai d’abord gagné du temps en lui envoyant une carte afin de ne pas le laisser sans nouvelles trop longtemps (je ne connaissais que trop bien cette torture et je savais combien il avait été difficile pour lui de m’écrire cette lettre).
Puis j’ai tout avoué : ma grande peur qu’il puisse re-disparaître un jour, combien je m’étais détestée quand j’avais cru l’avoir perdu et que j’étais passée par les mêmes phases que lui (ma fierté n’était pas ravie que je me montre aussi vulnérable mais elle s’est très bien remise).
Au final, je nous trouvais plutôt chanceux de nous être trouvés et je ne voulais pas tourner les talons car j’avais l’occasion de vivre quelque chose de précieux…
Deux mois plus tard, j’étais en Floride pour rencontrer celui qui savait tout de moi mais restait un inconnu.
Mes préparations à la visite
Ironiquement, j’ai rencontré sa mère avant lui.
Elle est venue me chercher à l’aéroport et m’a conduite à mon hôtel le soir de mon arrivée. Elle a passé la journée suivante avec moi pour me montrer deux-trois endroits de la ville et m’emmener faire des courses. On a discuté de la prison et des visites.
Étant condamné à mort en Floride, mon correspondant était enfermé seul dans une cellule, à l’exception d’une douche un jour sur deux, de deux heures de sortie dans la cour deux fois par semaine et des visites. Il y avait droit le dimanche, avec jusqu’à 5 visiteurs en même temps pendant six heures (de 9h à 15h).
C’était des « contact visits », ce qui veut dire dans la même pièce et pas derrière une vitre.
Il était aussi possible d’acheter à manger et de manger sur place, de se faire un câlin et un baiser en arrivant et en repartant. On pouvait également faire des photos (payantes), sur lesquelles on pouvait parfois être proches, et parfois non.
Ma première visite en prison
Le dimanche enfin arrivé, sa mère m’a conduite sur place. Je n’avais jamais mis les pieds en prison.
Je n’étais pas aussi stressée que je l’aurais imaginé mais c’était tout de même une expérience très particulière, et cela faisait pas mal de gros événements en une journée. J’étais un peu perdue car une fois tous les contrôles passés, je ne savais pas du tout où aller et je commençais à être nerveuse de la rencontre à venir.
Heureusement, une autre visiteuse est venue à mon secours et m’a accompagnée.
Une fois dans le parc des visites, on m’a assigné une table et il ne me restait plus qu’à attendre qu’on le fasse venir. J’étais située juste en face de la porte par laquelle arrivaient les prisonniers, qui devaient d’abord passer « pointer » au bureau avant de pouvoir rejoindre leur(s) visiteur(s).
Il est sorti, il m’a fait un signe de tête et il est allé en sautillant jusqu’au bureau. Je me suis levée et je l’ai regardé avancer doucement vers moi avec un grand sourire, prête pour LE câlin autorisé.
Toute la situation semblait absolument irréelle. J’osais à peine le toucher, nous nous sommes assis et nous n’avions toujours pas prononcé un mot.
Quand il a ouvert la bouche, j’ai complètement paniqué car il avait un gros accent du sud et j’ai juste rien compris. Mais j’étais incapable de lui dire, car je n’arrivais pas à parler ! J’étais trop impressionnée, trop timide et trop émue.
Je me suis décoincée par la suite mais nous étions tous les deux un peu trop sous le coup de l’émotion (il avait préparé une liste de sujets qu’il voulait aborder et n’a pas été capable de se souvenir d’un seul).
Nous avons passé la majeure partie des six heures de visite à se fixer dans les yeux. J’avais envie de le toucher plus et partout (parce qu’il avait l’air d’avoir la peau toute douce), et j’ai hésité avant d’avoir le courage de lui prendre la main. Nous ne nous sommes plus lâchés depuis.
Nous sommes un vrai couple, et nous nous aimons
Je vous rassure, nous sommes désormais capables de communiquer (et de nous comprendre), et dans ce parc nous avons énormément ri, volé des dizaines de bisous, esquissé de discrets pas de danse et même pleuré.
Nous sommes un vrai couple et nous nous aimons.
Nous ne pouvons pas nous battre pour le programme télé du soir ou pour qui fera telle ou telle tâche ménagère (de toute façon nous sommes hyper maniaques tous les deux).
Nous passons six heures l’un en face de l’autre à discuter sans aucune autre distraction chaque week-end (quand je suis là-bas du moins), et notre cœur se serre à chaque fois de voir combien c’est passé vite.
Même si on ne vit pas ensemble et qu’on ne peut pas être « intimes », je pense qu’on l’est bien plus que beaucoup de couples vivant sous le même toit — l’intimité ne se limitant pas à la sexualité.
Et d’ailleurs ce n’est pas parce qu’il y a prison, qu’il n’y a pas de sexualité, car la sexualité ne se limite pas à… enfin, c’est un autre sujet.
Le problème du regard des autres
Avec cette relation, le regard des gens sur moi a changé. En mal bien sûr, le plus souvent.
J’ai de la chance d’avoir des amis qui me soutiennent et veulent véritablement mon bonheur. D’autres qui me trouvent courageuse et même admirable dans ma ténacité. Mais j’en ai aussi qui ont disparu sans un mot du jour au lendemain, ou ceux auprès de qui mon couple est tabou.
Si je parle de n’importe quoi j’aurai des réactions et des réponses, mais si je mentionne mon amoureux, c’est plus « Is there an echo in here ? ». J’en tire la conclusion que ce sont des gens qui n’approuvent pas, mais qui m’aiment bien alors ils préfèrent éviter le sujet.
Évidement, il y a aussi ceux qui me le disent, mais que leur répondre ? Je ne vais pas quitter mon amoureux parce qu’il les dérange. D’ailleurs en quoi il les perturbe ? Ils n’ont même pas à le rencontrer s’ils ne le veulent pas.
On me plaint, on me dit que je vais « gâcher ma vie » pour « ce mec », mais s’il me rend heureuse, où est le problème ? Est-ce vraiment lui qui me gâche la vie ou le rejet quotidien des gens ?
On prétend que je me condamne à une vie de solitude alors que ces personnes qui soi-disant s’inquiètent pour moi sont celles qui mettent de la distance et m’isolent encore plus.
Il y a deux ans, nous nous sommes mariés
Quand nous avons décidé de nous marier il y a presque deux ans, nous avons donc envoyé des faire-part, dont un bon nombre, à mes amis, et à nos familles. Si mes amis ont répondu en majorité, ce n’est pas le cas de ma famille… dont j’ai reçu en tout seulement deux réponses.
Cela me vexe car je participe aux évènements des autres de bon cœur, mariages, baptêmes et compagnie, et on refuse de reconnaître mon bonheur. Par ailleurs, cela désole mon mari qui estime que je devrais recevoir au moins autant d’amour que j’en donne, et qui se fiche bien que les gens l’apprécient mais accepte difficilement que je le « paye ».
Ces personnes ne m’ont pas adressé la parole depuis. Je ne sais pas ce qu’elles pensent de ma décision de partir vivre aux États-Unis pour voir mon mari toutes les semaines — et à vrai dire, je n’en ai plus rien à faire de ce qu’elles pensent, c’est ma vie !
Je suis quand même soutenue par quelques proches, notamment ma mère qui adore mon mari et qui m’héberge même en attendant d’avoir enfin une réponse pour le visa !
L’hostilité et l’isolement dont je suis victime depuis l’officialisation de notre relation font partie des raisons qui m’ont poussée à écrire ce témoignage (ainsi que la grosse curiosité qu’elle soulève). J’ai rencontré d’autres femmes de prisonniers, et elles ne trouvent souvent une oreille compréhensive que les unes auprès des autres.
Elles ont été rejetées, moquées (je m’estime chanceuse car je n’ai pas vécu ces extrêmes), et ce serait vraiment chouette si on pouvait toutes faire un peu plus preuve d’empathie.
Je crois en la réhabilitation
On me demande souvent « Comment peux-tu supporter ce qu’il a fait ?! » ou « Ça ne te dérange pas ce qu’il a fait ? », et d’abord je voudrais dire que ce n’est pas parce qu’il a été reconnu coupable qu’il a tué (il y a plusieurs accusés, c’est une situation compliquée).
Mais pour être honnête, si ça avait été le cas, je pense que je l’aimerais tout autant — d’ailleurs quand j’ai commencé à tomber amoureuse, je ne savais pas grand-chose de l’affaire et je pensais qu’il était coupable. Je n’avais pas cherché plus loin.
Je parlais à l’homme qu’il était à ce moment-là et pas à l’ado qu’il avait été (il a été arrêté un mois après ses 18 ans).
Évidemment que ça me dérange que son nom soit pour toujours associé à un tel crime, et que le mien aussi maintenant en quelque sorte, puisque j’ai l’impression que le fait de l’aimer me rend coupable par association.
J’ai beaucoup de peine pour les victimes et leurs familles, mais je ne ressens aucune culpabilité par rapport au crime. De manière générale, j’essaye de voir au-delà des crimes des gens : c’est pour ça que j’ai des correspondants en prison (je me doute bien que tout le monde ne peut pas en faire autant, mais tout est rarement noir ou blanc !).
Et puis ils ont déjà été jugés, ce n’est pas mon rôle d’en faire autant, je suis juste là pour les aider. Pareil pour mon mari : il a été jugé, il purge sa peine, il est en death row (couloir de la mort), je pense qu’il est puni.
En plus de dix ans, il a beaucoup changé, et il n’aurait plus le même genre de vie s’il sortait. Il n’est une menace pour personne, et je crois juste fermement à la réhabilitation.
On imagine que ma relation est malsaine
Avec mon mariage, j’ai perdu une partie de ma crédibilité en tant que correspondante de prisonniers et abolitionniste. Dans la tête des gens, je suis passée de gentille humaine avec des convictions à folle, amoureuse d’un meurtrier qui s’inquiète juste de sauver sa peau à lui.
J’ai dû ou dois encore parfois faire face à tous les clichés possibles à ce sujet : que je suis attirée par les hommes dangereux, que j’ai été abusée et/ou tellement déçue par les hommes que je me sens plus en sécurité avec quelqu’un en cage qu’à la maison. Ou encore que je déteste le sexe et qu’au moins lui ne peut pas m’en demander ; que j’ai un tel manque de confiance en moi que c’est le meilleur remède à ma peur d’être trompée….
Ces personnes seraient pourtant surprises de voir le nombre de détenus infidèles. Eh oui, enfermer un homme n’enferme pas son cœur, et il est toujours possible d’ajouter plusieurs personnes sur sa liste de visiteurs et d’embrasser une personne différente chaque semaine.
Par exemple, mon mari a reçu des lettres de pas moins de 200 femmes (et quelques hommes), de tout âge, toute situation, et motivées par des raisons différentes. C’est avec moi que le lien le plus fort s’est créé, et en fin de compte il m’a épousée.
Être en relation avec un détenu n’est pas non plus ma seule possibilité « d’avoir le contrôle ». Ok, je peux décider d’aller le voir ou non, mais il a lui aussi le choix de venir ou non.
Je ne souhaite pas non plus le sauver (moralement) : il n’en a pas besoin, il s’est sauvé lui-même (il s’est débarrassé de toutes ses addictions, il s’est éduqué, etc.), et je l’admire pour ça.
Vers une immigration aux États-Unis
Nous avons de plus en plus de mal à gérer la distance et nous souhaitons nous rapprocher, la seule option possible pour nous étant donc que je m’installe aux États-Unis.
Nous avons engagé un avocat spécialiste en immigration pour nous y aider.
Nous avons un très bon dossier, en dehors du « détail » de son incarcération, alors nous ne savons pas si elle nous sera accordée mais nous sommes malgré tout optimistes.
Financièrement, c’est une situation particulièrement lourde. Mon copain étant en death row, il n’a pas le droit de travailler.
Il a la chance d’avoir le soutien de sa maman qui met de l’argent sur son compte pour qu’il puisse acheter à manger à la cantine de la prison ; une « charge » qui deviendra la mienne, logiquement, une fois que notre situation sera stabilisée.
Jusque-là, en plus du billet d’avion, je devais également payer un logement/hôtel pour un mois quand j’allais le voir (maintenant mes beaux-parents m’hébergent).
Une visite me coûte entre 30 et 40 dollars de cantine, en fonction de s’il a faim tout de suite quand il arrive et qu’on prend un « petit-déjeuner » ou non, photos comprises (une photo coûte 2 dollars).
Surtout, notre avocat d’immigration a représenté une somme d’argent énorme pour nous ; pour pouvoir participer, mon copain a réduit sa nourriture au maximum pendant un an (je vous laisse imaginer le crève-cœur de le savoir faire ce sacrifice, mais c’était important pour lui).
Être dans le couloir de la mort
Sa sentence est une chose qui pèse au dessus de nos têtes, mais que nous refusons de laisser prendre tout le pouvoir. Nous ne savons pas ce qui nous attend mais il est serein face aux obstacles à venir, car confiant qu’ensemble nous pouvons absolument tout surmonter.
Malheureusement, notre relation lui a redonné peur de la mort, ce qui, je suppose, veut dire que la vie lui semble plus précieuse.
Je ne peux pas accepter qu’on puisse un jour me le prendre de cette manière (je ne peux tout simplement pas accepter que la peine de mort existe), et je ne trouve de réconfort que dans le fait qu’il ait toujours des appels en cours. Le but actuel est en effet de lui obtenir un nouveau procès, et je le souhaite plus que tout, mais je suis aussi satisfaite de l’attente car au moins pendant ce temps il est en « sécurité ».
Ce qui est certain, c’est que j’apprends réellement à vivre et apprécier l’instant présent !
Je ne peux pas vivre dans la peur constante tout comme je ne ferme pas les yeux sur la situation, mais je dois me focaliser sur autre chose, et c’est la grande chance que j’ai de vivre un amour si fort et sincère (ça sonne cucul la praline, mais c’est vrai).
Si je peux m’installer aux États-Unis, j’aurai toute une vie à construire là-bas.
Mais je sais déjà que chaque dimanche aux aurores (plus un samedi tous les soixante jours et les jours fériés), je ferai le trajet en voiture jusqu’à la prison, mes pensées et mes papillons d’excitation pour seule compagnie, afin de rejoindre mon mari et passer avec lui six heures de pur bonheur.
Quelque temps après son premier témoignage, Sigrid nous a raconté la suite de son quotidien ici.
À lire aussi : Mon quotidien de « prison wife », de femme mariée à un condamné à mort
Crédit photo : Cottonbro / Pexels
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