Ce que mon mariage arrangé (et mon divorce) m’ont appris sur l’amour

J’ai 34 ans, je suis d’origine sénégalaise, musulman pratiquant et il y a trois ans, j’ai décidé de me marier pour faire plaisir à mon père.

Il a 92 ans quand je lui demande de me choisir une femme au bled.

Les mariages arrangés sont monnaie courante dans ma culture et ma famille.

Pour moi, c’est alors une démarche spirituelle et une façon de coller à la tradition.

Mariés au premier regard

La rencontre a lieu à Dakar, en présence de nos deux familles. Elle n’est pas placée sous le signe du coup de foudre.

Pourtant, nous allons nous marier le jour-même.

Elle est belle, mais ce n’est pas l’important pour moi. Je me sens gêné, mal à l’aise, face à cette inconnue.

Je me répète dans ma tête :

« Si elle plait à mon père, ça va le faire »

Je me pose mille questions.

Quand nous nous retrouvons seuls, je vais vers elle et lui demande si ça va. Nous nous montrons des photos de nos proches et de nos connaissances communes sur nos téléphones.

Nous partageons un lit pour la première fois le soir de notre nuit de noces.

Le rapprochement n’est pas très naturel, et ne le sera jamais vraiment.

Mariage arrangé : la désillusion

Je suis marié, pourtant je ne me sens pas engagé au fond de moi.

Je ne suis pas dans l’état de grâce de l’amoureux que l’on a tous vécu.

Je continue de vivre à Paris pour travailler, elle reste à Dakar pour le moment.

La suite de notre histoire est un enchaînement de problèmes de communication, de sombres histoires d’argent et d’affaires de famille.

Je m’accrochais malgré tout, en me disant que l’amour naitrait avec le temps.

Après un an de tensions, je ne peux que constater nos différences indépassables.

Ma déception est royale. Je décide de divorcer.

Cela heurte un peu mes parents mais ils savent à quel point je me suis investi dans cette histoire qui ne marche pas.

Ce que j’ai appris sur l’amour

Deux semaines après mon mariage arrangé, j’avais rencontré Jocelyne par un ami commun.

Elle m’avait ébloui par sa beauté et son intelligence. Nous avions les mêmes délires, nous étions dans le même monde.

Nous avons commencer à nous fréquenter après mon divorce. J’ai appris à la connaître avant de m’engager. Ça peut paraître évident…

Cela fait maintenant deux ans que nous sommes ensemble.

J’ai trouvé avec elle tout ce que j’attendais de mon mariage et qu’il ne m’avait pas donné.

Aujourd’hui, je sais que l’amour est un sentiment que je dois avoir au fond de moi. Il ne peut pas surgir au hasard d’un arrangement. Il faut le ressentir.

Je trouve toujours cela beau de vouloir faire plaisir à sa famille, de chercher à l’honorer. Mais je sais maintenant qu’il faut aussi penser à sa propre vie, à soi et à ce qu’on aime réellement.

Ça peut paraître fou à certains mais le mariage arrangé est si ancré dans ma culture que j’acceptais que quelqu’un d’autre choisissent pour moi.

Maintenant, je ne veux plus laisser personne décider à ma place.

Je sais désormais que je dois être honnête avec moi-même et écouter mon coeur.

J’ai eu envie de témoigner car je me dis que quelqu’un à Dakar lira mon histoire. Quelqu’un qui est encore dans cette situation et qui aimerait en sortir.

Je dois maintenant convaincre ma famille d’accepter mon nouveau choix.

Mais je me suis au moins retrouvé moi-même.

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