Parler d’argent, en France, c’est encore tabou. Pourtant, c’est un sujet passionnant, et par certains aspects… féministe ! Dans notre rubrique Règlement de comptes, des personnes en tout genre viennent éplucher leur budget, nous parler de leur organisation financière (en couple ou solo) et de leur rapport à l’argent. Aujourd’hui, c’est Margaux qui a accepté de nous ouvrir ses comptes.
- Prénom : Margaux
- Âge : 33 ans
- Métier : en CDI dans la recherche, dans le secteur pharmaceutique. Son mari est en CDI aussi, dans l’analyse de données
- Salaires mensuels : 3 000€ chacun par mois, lissés à l’année, soit 6 000€ de salaires mensuels
- Famille : son fils de 7 ans, issu d’une union précédente, son mari, avec qui elle est en couple depuis quatre ans, et leur fille de 18 mois.
- Lieu de vie : un appartement en location dans une ville proche de Bruxelles, en Belgique
Les revenus de Margaux et de son mari
Avec son salaire de 2 400€ net par mois sur 14 mois ainsi que des bonus annuels, Margaux gagne à l’année 3000€ mensuels. Elle s’estime bien payée : elle est consciente du fait que dans sa branche, les salaires ne sont pas toujours très élevés.
« Pour ce que je fais, je pense être bien payée. Les emplois de chercheur ne sont jamais très rémunérateurs, surtout dans le public. Dans le privé, je suis un peu mieux lotie. »
Son mari, quant à lui, est moins satisfait : dans son domaine, les salaires peuvent être nettement plus élevés que ses 3 000€ par mois. En ce moment, il est donc en train de chercher comment travailler en indépendant pour pouvoir augmenter ses revenus, mais aussi choisir des missions qui l’intéressent d’avantage.
À ces revenus s’ajoutent environ 160€ de tickets repas chacun, une pension alimentaire de 175€ par mois (versée par l’Etat, et non par son père) pour le fils ainé de Margaux, et environ 290€ par mois d’allocations familiales belges.
En tout, cela représente environ 6 785€ par mois pour la famille de quatre.
L’organisation financière du couple
Margaux et son partenaire son mariés sous le régime de la communauté de biens. Pour eux, c’est tout naturel : c’est la preuve de la confiance qu’ils se portent.
Au quotidien, ils ont chacun leur compte personnel sur lequel ils perçoivent leurs salaires, les allocations familiales, ou la pension alimentaire. Une fois tous ces revenus perçus, ils virent sur un compte commun de quoi payer tous leurs frais :
« Ce compte commun sert pour le loyer, les factures, la nourriture, les frais scolaires, etc…
Globalement les dépenses pour la famille et pour les enfants se font en commun via le compte commun : chaque mois, on y verse chacun la même somme.
Si on veut s’acheter des trucs perso comme des vêtements, ou des objets technologiques, on paie chacun pour soi. Nous faisons notre épargne de manière indépendante. »
Si leurs salaires sont équilibrés au point de ne pas avoir à se poser trop de questions, le couple utilise aussi ce compte commun pour s’entraider. Ainsi, quand le mari de Margaux a été mis au chômage temporaire pendant deux mois de COVID, elle a compensé en mettant un peu plus d’argent que lui sur leur compte commun.
Les dépenses de la famille
En Belgique, où vit Margaux, le niveau de vie est plus élevé qu’en France. Elle explique ;
« Les salaires sont un peu plus élevés en moyenne, mais globalement tout est plus cher ici, à commencer par les impôts mais aussi la nourriture, l’essence… Pour autant, on gagne bien notre vie. »
Ainsi, le premier poste de dépense de la famille recomposée se trouve dans l’alimentation : pour les courses, la famille dépense environ 1 400€ par mois.
Un chiffre qui s’explique par un régime alimentaire assez spécifique. En effet, chez Margaux et son mari, tout le monde mange bio, sans sucre, et avec peu de glucides, ce qui nécessite de se fournir dans des magasins un peu plus coûteux que la moyenne.
« C’est un budget à réduire, mais ça va être difficile. On mange «low-carb » et bio, donc ça chiffre vite car on consomme pas mal de poisson, de viande, de bonnes huiles végétales, de fruits secs, fruits des bois, laitages de qualité…. »
Par ailleurs, le lait en poudre et les couches de leur plus jeune fille leur coûtent environ 110 € par mois. Pour le reste des courses non alimentaires, elle compte une quarantaine d’euros mensuels, et une centaine d’euros pour des compléments alimentaire bios.
Des frais de crèche « hors de prix »
Pour faire garder leurs enfants, Margaux et son conjoint sont amenés à dépenser des sommes élevées. Elle détaille :
« La crèche privée pour notre plus jeune enfant est hors de prix et coûte 685€ par mois. Il y a aussi la garderie scolaire, pour 50€ par mois pour le plus grand. »
Un budget qui s’élève donc à 735€ mensuels, et qui ne comprend pas de frais de cantine les jours d’école :
« En Belgique la cantine est plutôt rare dans les écoles, les enfants emmènent tous leur « boite à tartines ». »
Les frais de sorties scolaires ou l’achat de matériel pour l’école coûtent environ 30€ par mois à la famille.
Les factures courantes du ménage
Côté factures courantes, le couple paie 40€ mensuels de facture d’eau, 50€ par mois de frais d’électricité, et 20€ par mois de taxe communale et d’ordures ménagères, soit 110€ par mois environ.
Margaux et son conjoint paient aussi 120€ d’assurances diverses par mois, pour assurer leur voiture, leur logement, les responsabilités civiles, mais aussi des complémentaires médicales pour la famille.
Leurs déplacements leurs coûtent environ 30€ par mois d’essence en voiture, qu’ils utilisent très rarement, et 30€ de taxe de circulation pour leur véhicule.
Pour leurs deux abonnements téléphoniques, leur accès à Internet et des abonnements aux services de streaming Netflix et Disney +, ils paient la somme de 140€. Leurs frais bancaires sont de 2€ chaque mois.
Les dépenses plaisir de la famille
Pour se faire plaisir, la famille a plusieurs postes de dépenses.
Les jouets et les livres des enfants coûtent environ 30€ par mois, auxquels s’ajoutent 80€ de frais de vêtements pour les deux bambins. Sur la question des habits, Margaux est économe :
« J’aime bien réutiliser les choses abîmées pour en faire autre chose. Un jean troué au genou ? no problemo, snip-snip voilà un chouette short ! Je n’aime pas acheter neuf si je peux acheter de seconde main, surtout pour les enfants, car cela permet de faire des économies énormes ! »
Margaux compte par ailleurs environ 325€ par mois sur son budget pour faire des cadeaux à ses proches, partir en vacances, ou aller au restaurant.
La famille dépense aussi 80€ mensuels en pharmacie et parapharmacie, comme le détaille la jeune femme :
« Nous avons 30 € par mois de produits d’hygiène ou médicaments non remboursés, 30€ par mois de frais médicaux restant à notre charge, et 20 € par mois pour des lentilles de contact et le produit associé. »
Pour meubler leur appartement ou l’aménager, Margaux explique dépenser environ 300€ par mois lissés sur l’année :
« Je compte environ 150€ par mois pour des meubles ou de l’éléctroménager. En dehors des meubles, il peut aussi y avoir du matériel de jardinage, des plantes ou de la déco pour 150€ environ. »
Un logement en location qu’ils aimeraient quitter
Mais le second plus gros poste de dépense de Margaux et de son conjoint est sans nul doute leur logement, qui leur coûte 1 050€ chaque mois… et qu’ils songent à quitter.
« Notre joli appartement a une petite terrasse et un petit bout de jardin dans une résidence sympa, mais on n’a que 2 chambres, car on l’a loué lorsque notre fille n’était pas encore dans l’équation.
On adore cet appart mais là les enfants sont dans la même (petite) chambre depuis 2 ans, et on commence à être serrés. D’autant qu’on aimerait agrandir la famille ! »
Et alors que les deux jeunes parents aimeraient accéder à la propriété et pouvoir s’acheter une petite maison pour toute la famille, ils font face à un problème : malgré leur budget et une capacité d’épargne d’environ 2000€ par mois à deux, il leur est impossible d’acheter dans la périphérie bruxelloise.
« Depuis le confinement, tout le monde se met à vouloir acheter une maison avec jardin, pas trop loin, juste là en périphérie de Bruxelles. Et évidemment, c’est là qu’on vit déjà, nous, et qu’on cherche une maison, puisque l’école, la crèche et mon travail sont situés là aussi…
Les prix ont flambé depuis un an : le moindre terrain coûte 200 voire 300 000€, et c’est 400 à 500 000€ pour une maison de trois ou quatre chambres. Sans ce budget, il faut se résoudre à acheter très, très, loin, ou alors accepter que ton terrain soit inondable ou en bord d’autoroute… »
« Nous sommes riches, mais nous ne pouvons pas acheter »
Si Margaux et son mari sont dans l’impossibilité d’acheter, ce n’est pas seulement parce que le prix du mètre carré est élevé. Elle explique que c’est surtout parce qu’ils n’ont pas d’apport, et qu’il n’est pas possible d’emprunter cette somme à une banque :
« L’État a changé la législation récemment concernant les prêts bancaires, et il n’est possible d’emprunter que 90% de la valeur d’un bien, taxes non incluses.
Sauf que pour une maison à 400 000€, entre les droits d’enregistrement, les taxes de notaire, les frais d’enregistrement du prêt, les frais administratifs et les droits d’inscription hypothécaire, et les 10% de la valeur de la maison, il faudrait pouvoir avancer cash… 116 000€ ! »
Une somme qu’ils n’ont pas de côté, sans apport offert par leur famille : à ce stade, Margaux estime qu’il leur faudra encore environ trois ans pour l’atteindre… Sachant que dans le même temps, les prix continuent à augmenter.
« Le prix des maisons est devenu totalement incompatible avec les niveaux de revenus. On est riches, mais pas assez pour acheter ! Et encore, on ne va pas se plaindre. Je n’ose pas imaginer. la situation de ceux qui ont des salaires moins élevés que nous. »
Des tensions de temps en temps autour de l’argent
Margaux l’explique, son mari et elle ont des rapports relativement différents à l’argent. Après avoir été un peu trop à découvert quand elle était plus jeune, elle s’est mise à surveiller ses dépenses de très près. Son mari, quant à lui, est un peu plus détendu.
Pour autant, leur finances ne sont jamais un sujet de dispute : ils s’estiment assez à l’aise financièrement pour ne pas avoir à faire trop attention.
En revanche, la question de l’achat d’une maison est en train de devenir un sujet de tension, parce qu’elle lie la question des finances à la question de leur famille :
« Ne pas pouvoir acheter de maison « à cause de l’argent » commence à être un sujet de tensions. Tant que nous n’aurons pas trouvé un endroit où acheter, la famille ne s’agrandira pas car nous n’avons que deux chambres actuellement.
Cela retarde notre projet de faire un ou plusieurs autres enfants, et c’est donc un petit sujet de tensions. Mais ça reste gérable ! Notre famille restera sûrement un petit quatuor pendant encore quelques années, jusqu’à ce que l’immobilier retrouve ses esprits, ou qu’on gagne au Loto. »
Merci à Margaux d’avoir accepté de répondre à nos questions !
Si jamais vous souhaitez commenter cet article, rappelez-vous qu’une vraie personne est susceptible de vous lire, merci donc de faire preuve de bienveillance et d’éviter les jugements.
Crédit Photo : Ann Danilina / Unsplash
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Les Commentaires
maintenant, les conditions sont ultra-restrictives.
Personnellement, dans mes recherches sur Liège, je suis plutôt partie sur le centre, pour m'épargner la voiture et surtout : les trajets au quotidien.
Déjà comme ça, je n'aime pas mais en ce moment ....
Sinon, dans l'absolu, je me voyais bien en région spadoise ou sur le plateau de Herve mais ça signifiait voiture et bouchons et difficultés de parking tous les jours