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Marc Bozzetto, référence de l’ostéopathie en France, mis en cause dans un scandale de violences sexuelles

Pionnier de l’ostéopathie en France et fondateur d’une école dans les Alpes-Maritimes, Marc Bozetto, 82 ans, est mis en examen pour agressions sexuelles depuis avril 2021. De nouveaux témoignages sont venus alourdir son dossier en mars dernier : neuf femmes au total ont dénoncé des faits quasi-similaires.

Il leur disait que c’étaient des « soins traitement thérapeutique gynécologiques externes » et que ces pratiques faisaient partie du processus thérapeutiques Mais ses étudiantes, ses employées et autres anonymes osent enfin sortir du silence et dénoncer des agressions sexuelles et des viols lors de séance d’ostéopathie entre ses mains.

D’après Le Parisien, en mars 2022, Marc Bozzetto, 82 ans, précurseur de l’ostéopathie en France et fondateur de l’école Atman à Valbonne, le premier campus d’ostéopathie holistique, a été mis en examen par le parquet de Grasse pour « viols par personne usant de son autorité » sur trois de ses anciennes étudiantes.

L’ostéopathe avait déjà été mis en examen pour agressions sexuelles, en avril 2021. Marc Bozzetto avait alors mis fin à son activité d’ostéopathie, ainsi qu’à ses fonctions au sein de son institut thérapeutique. La justice avait laissé libre le vieil homme sous contrôle judiciaire.

Neuf jeunes femmes accusent Marc Bozetto de violences sexuelles

En 2016, une première étudiante accuse l’ostéopathe français de l’avoir agressée sexuellement lors d’un congrès international auquel le praticien est invité. Très vite, les poursuites à l’encontre de Marc Bozzetto sont abandonnées après un arrangement financier entre les deux parties.

Toutefois, la plainte de cette étudiante québécoise brise l’omerta présente autour du praticien, et d’autres femmes osent enfin sentir du silence. Le parquet de Grasse lance alors une enquête. Actuellement, neuf femmes, très souvent jeunes, accusent l’ostéopathe de violences sexuelles commises à leur encontre en 2013, 2015, 2016 et 2018.

Un mode opératoire similaire pour toutes les victimes

Le premier prétexte ? Une séance d’ « ostéopathie pelvienne » où Marc Bozzetto leur propose à chacune des soins gratuits. Puis il verrouille la porte de la salle de soins. Il leur parle alors d’« énergie sexuelle » avant de leur ôter leur soutien-gorge, puis leur culotte sans leur consentement.

En les assommant de termes médicaux, l’ostéopathe leur impose plusieurs attouchements sur les seins, les tétons, ou encore les parties génitales. A certaines, il va même jusqu’à réaliser des pénétrations sexuelles ou encore des cunnilingus.

Toutes les victimes présumées font « état de sidération et d’une absence de réaction face à leur directeur ou employeur » qu’elles caractérisent de « charismatique, sûr de lui et parfois sans limite ».

« C’était une sommité, je ne pensais pas qu’il pourrait me faire ça »

Sous couvert d’anonymat, une des victimes présumées de l’ostéopathe qui n’est ni une de ses étudiantes ni une de ses employés, a témoigné pour la première fois, dans les colonnes du Parisien, le 13 mai. Il y a quatre ans, la jeune femme alors âgée de 29 ans, et agente commerciale, se rend à l’école Atman de Marc Bozzetto, pour un simple démarchage professionnel :

« Lors de mon rendez-vous avec Marc Bozzetto, je lui ai confié que j’avais eu une blessure au genou gauche à cause d’un accident de ski. Au moment où il me raccompagnait, il m’a proposé de m’ausculter. J’ai refusé mais il a insisté et j’ai fini par accepter. »

Marc Bozzetto installe alors la jeune femme dans une salle de soins, lui demande de retirer son pantalon puis palpe son genou. Mais rapidement, d’après l’agente commerciale, les gestes deviennent ambigus : elle se retrouve la culotte presque entièrement baissée et l’ostéopathe lui masse les contours de son sexe. Il lui ordonne de retirer son soutien-gorge, elle s’exécute, dubitative :

« Je lui ai demandé si c’était normal de faire cela, il m’a répondu qu’il y avait des points à décontracter, huit points pour le genou, selon lui, dont le sexe. Il a commencé à me masser les seins puis les tétons, me précisant qu’il fallait passer sur chaque point, je lui ai fait confiance, ses paroles étaient très techniques, tout était très maîtrisé, je n’étais certainement pas la première. »

Selon la jeune femme, le praticien alterne ses massages entre sa poitrine et son sexe, sans aucune tentative de pénétration :

« Il me disait que j’allais avoir des envies sexuelles, que mes lèvres allaient se gonfler. Il a commencé à se coller à moi, plus je m’écartais, plus il se collait. Puis il m’a dit : Je vais arrêter car je suis trop excité. »

Alors qu’elle se rhabille, Marc Bozzeto lui demande si elle va déposer plainte : « Je lui ai répondu : Pourquoi, je devrais ? » Bouleversée, elle appelle dans la foulée un ami ostéopathe afin de savoir s’il s’agit de soins ou d’une agression sexuelle :

« Je culpabilisais, me sentais salie, m’en voulais de ne pas avoir eu la force de le stopper. Marc Bozzetto était une sommité, un homme charismatique et sûr de lui, je ne pensais pas qu’il pourrait me faire ça, il aurait pu être mon grand-père. »

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© Marc Bozzetto – Atman

Pour Marc Bozzeto, on fomente un complot contre lui

Le 11 mars 2022, lors de sa mise en examen, l’ostéopathe a nié en bloc tous les faits qui lui sont reprochés. Il dénonce un « complot » orchestré contre lui et crie à la « diffamation ». Il assure n’avoir jamais baissé les culottes de ses patientes en dessous du pubis et du coccyx, tel que l’exige la déontologie de l’ostéopathie. Et pour les soutiens-gorge ? «  Les femmes le dégrafaient elles-mêmes, mais toutes n’en avaient pas », aurait-il précisé selon Le Parisien.

Il assure aussi que ce n’est jamais lui qui proposait de prodiguer des séances gratuites même s’il est « chevalier » (grade dans la franc-maçonnerie) et qu’il s’est « engagé à soigner gratuitement tous les gens. » Bien sûr, il nie avoir réalisé des caresses sur les organes génitaux de ces jeunes femmes ni même d’actes de pénétration.

Marc Bozzetto confirme avoir pu dire à ces femmes qu’elles allaient sentir des effets de leur traitement sur leurs organes génitaux. Mais il se défend d’avoir parlé d’« énergie sexuelle » mais plutôt « d’énergie chinoise », « celle qui va du bassin vers la tête, c’est ce qu’on appelle un effet gonadotrope, une hormone qui intervient dans le fonctionnement des organes génitaux. » Une fois encore, le praticien se cache derrière un vocabulaire savamment scientifique.

Certains de ses proches remettent en cause les paroles des plaignantes et notamment les circonstance de la révélation des plaintes : pour eux, il s’agit d’un complot fomenté de toutes pièces, sur fond de lutte de succession et de bataille pour les parts de marché de son école…

L’alibi du geste thérapeutique incompris ?

Contacté par Le Parisien, Me Karine Benadava, l’avocate de Marc Bozzetto, a fait appel « au secret de l’instruction qui doit protéger, selon elle, la présomption de l’innocence de son client, sécuriser la parole des victimes et garantir la sérénité des débats. »

A l’heure actuelle, aucune expertise psychiatrique récente sur l’octogénaire, ni l’enquête de sa personnalité, ne peut qualifier Marc Bozzeto de prédateur sexuel. Cependant, Me Marc Ceccaldi, l’avocat d’une des plaignantes, interrogé par Le Parisien, en doute :

« Tant que la justice n’a pas statué sur la culpabilité d’un homme, la présomption d’innocence interdit de le qualifier de délinquant sexuel. Mais il est troublant que Marc Bozzetto empreinte aux agresseurs de ce type les arguments habituels du complot et de la décrédibilisation de la parole des victimes, en y rajoutant l’alibi fantaisiste du geste thérapeutique incompris. »

À lire aussi : Mediapart réunit 20 victimes présumées de PPDA : « Je me suis sentie un bout de viande »

Image en Une : © Osteopathy – Pixabay


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