Je dois vous avouer que la mode espagnole n’est pas mon domaine de prédilection : à part Balenciaga, Paco Rabanne, Ágatha Ruiz de la Prada et Manolo Blahnik, les grands créateurs hispaniques se font plutôt rares (une dizaine contre une soixantaine en France). Et pourtant, le pays de la sangria et des tapas est riches de créateurs forts intéressants.
La Fashion Week de Barcelone a d’ailleurs été la parfaite occasion pour découvrir des jeunes stylistes disons-le, totalement inconnus dans notre beau pays. Aujourd’hui, je vous présente Manuel Bolaño que j’ai eu la chance d’interviewer aux détours des backstages de la Fashion Week barcelonaise.
Manuel Bolaño, l’interview
Parle moi un peu de toi, de tes études, ton parcours… ?
Je suis né à Barcelone, mais j’ai grandi dans la Province de Galice dans le nord-ouest de l’Espagne. Je ne suis revenu qu’en 2002 pour étudier au College of Design and Fashion Felicidad Duce. J’ai été diplômé en 2007, j’ai d’ailleurs reçu le prix de la meilleure collection de l’année du salon Bread&Butter de Barcelone. J’ai gagné quelques prix comme le Young Creators de Madrid. J’ai d’abord commencé dans l’équipe créative de Mango et puis j’ai eu envie d’ouvrir ma propre maison, ce que j’ai fait en 2008. Depuis, j’ai 6 collections à mon actif et j’ai même gagné deux fois le prix de la meilleure collection de la FW de Barcelone, je suis super content !
Manuel qui pointe timidement son museau à la fin du défilé
Comment est-ce que tu définirais ton style ?
Mon travail est très plastique : j’aime le volume démesuré, la manipulation de la matière, les formes incongrues… En fait j’aime bien l’improbable, l’inattendu, le WTF quoi ! C’est fait pour s’amuser la mode après tout non ? Ce que j’aime le plus c’est le travail minutieux du textile, de la coupe… Tous les petits détails que l’on ne repère pas au premier coup d’oeil, ça me plaît !
Pour obtenir un Manuel Bolaño prenez la maîtrise incroyable du textile…
…ajoutez-y beaucoup de volume…
Quelles sont tes sources d’inspiration ?
Je m’inspire de tout ce que je vois et qui m’entoure : de l’architecture, du textile, de la peinture, du street art, d’histoire du costume… En terme de créateurs, les travaux de Alexander McQueen ou de Martin Margiela me fascinent particulièrement : le souci du détail, la beauté… Leurs démarches créatives sont incroyables !
Comment est-ce que tu conçois chaque collection ?
Chaque collection est inspirée de l’un-e de mes ami-e-s : l’univers général, la gamme colorée et même le nom de la collection sont des hommages, ils m’inspirent l’univers général et le reste vient tout seul. Le thème de cette collection, c’est l’amour passionné, presque démentiel, l’innocence et la jeunesse avec des robes Baby Doll et des uniformes d’étudiant qui m’ont été inspiré par un ami français, d’où le nom de la collection « Bleu en français ».
J’espère que tu as assez d’amis pour faire perdurer ta carrière ?
Oh oui j’ai de quoi faire, je ne suis pas prêt de manquer d’inspiration !
Selon toi qu’est-ce qui différencie la mode française de la mode espagnole ?
La mode française est beaucoup plus chic : elle porte beaucoup d’attention aux matières, aux finitions, aux coupes… C’est très prestigieux, très raffiné. Et les shows sont incroyables ! Les défilés parisiens sont des vrais spectacles, j’ai l’impression que la démarche artistique compte beaucoup plus que chez les créateurs espagnols. Nous on est un peut-être un peu moins chic mais nos créations sont plus colorées, festives et je dirais plus exubérantes en général… Ça relève un peu plus de l’art plastique que de l’artisanat !
La fameuse collection « Bleu en Français » présentée à Barcelone cette semaine
Manuel est parti sur une chouette lancée et commence peu à peu à se faire un nom à l’international alors je lui souhaite bon vent en espérant qu’il reste aussi modeste et accessible qu’il ne m’a paru !
En attendant, vous pourrez toujours briller en soirée en citant des noms de créateurs espagnols que personne ne connaît (ou pas) ou juste découvrir le reste de son travail par plaisir ou curiosité.
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