Cher plan cul,
Je t’ai choisi parce que nous étions, comme on dit, « compatibles ». Au lit du moins. Nos corps se sont tout de suite bien entendu et le sexe avec toi a toujours été fort agréable.
Seulement voilà, un an après notre rencontre (sur Tinder) et maintenant que tu n’es plus mon plan cul, je dois le constater : j’ai très peu joui, et c’est peut-être parce que tu n’as rien écouté.
Pourquoi je ne jouis pas avec toi ?
Je ne suis pas du genre à me lamenter en disant « Il n’arrive pas à me faire jouir ».
D’abord, parce que je ne considère pas l’orgasme comme la condition sine qua non d’un rapport « réussi ».
Ensuite, parce que je crois que le plaisir, c’est un travail d’équipe et que les femmes ont leur part de responsabilité dans leur satisfaction sexuelle, notamment au niveau de la communication.
En effet, il est impossible à l’autre de nous deviner.
Mais certaines femmes ne savent pas quoi dire. Elles ne savent pas ce qui les fait jouir et/ou comment l’exprimer.
Ce n’est pas mon cas. Seule ou à deux, je sais très bien comment atteindre les sommets. Je ne suis peut-être pas la meilleure pédagogue de cette Terre, mais je sais que me faire jouir n’a rien, vraiment rien de compliqué.
Je t’ai donné toutes les informations nécessaires, je t’ai montré, je t’ai guidé physiquement et à la voix, je t’ai remontré, je t’ai réexpliqué.
Rien n’y a fait. Je ne peux pas croire que tu sois juste bête…
Alors, qu’est-ce qui n’a pas marché ?
Quand tu te vexais parce que je te guidais au lit
Tu pensais peut-être que la sexualité était quelque chose d’instinctif.
Je t’accorde qu’il n’y a pas besoin d’un doctorat pour pénétrer quelqu’un. Mais donner du plaisir est un exercice autrement plus subtil !
De mon côté, avide de connaissance et désireuse de te satisfaire, je te sollicitais régulièrement pour que tu me guides. Mais tu restais souvent évasif, ou tu me disais que c’était déjà très bien. Comme si tout ce que je faisais fonctionnait.
Je ne pouvais pas en dire autant.
Si nos coïts étaient enflammés, ce n’était pas suffisant pour me mener à l’orgasme —et c’est le cas pour la plupart des femmes. Les cunnilingus et le doigtage, qui auraient pu me mener au Nirvana, laissaient clairement à désirer.
Quand j’ai commencé à essayer de te « former », j’ai senti que ta fierté en prenait un coup.
Au lieu de voir la communication comme un moment de partage « normal » et une occasion de progresser, d’apprendre à me faire plaisir, tu semblais vivre mes remarques comme de petites humiliations…
Limite tu levais les yeux au ciel, comme si j’étais née de la dernière pluie et que je tentais de t’apprendre la vie.
Tu pensais peut-être avoir suffisamment d’expérience ?
Après tout, quand nous nous sommes rencontrés, tu avais un peu plus de trente ans et tu sortais d’une longue relation.
Mais tu as oublié sans doute que chaque personne est différente, et que s’il existe des techniques « de base », chaque nouveau ou nouvelle partenaire demande de s’adapter à son corps, ses envies, ses besoins…
Je ne remettais pas en cause tes capacités : je déplaçais juste tes doigts d’un centimètre, ce centimètre qui fait toute la différence.
Pas pour te rabaisser ou briser ta virilité, non : pour tenter de RESSENTIR QUELQUE CHOSE !
Quand tu n’écoutais pas alors que je te guidais au lit
J’ai essayé à de nombreuses reprises de te faire comprendre qu’
une relation sexuelle pouvait se poursuivre MÊME après ton éjaculation, et SURTOUT si je n’avais pas joui moi-même…
Quand je dis « essayé », je veux dire que je t’ai demandé explicitement et de façon claire de me « finir » avec tes doigts.
Tu ne le disais pas, mais je voyais bien que ce n’était pas ton activité préférée. Peut-être parce que tu avais justement peur de ne pas la maîtriser.
Mais je t’ai donné TOUTES les clés ! Voilà où est le gland du clitoris, voici le nombre de doigts à utiliser et comment (au moins deux à plat, alors pourquoi tu continues à appuyer avec le bout de l’index ????), et voici la SEULE chose à savoir en réalité : c’est sensible.
Tu ne peux pas imaginer à quel point c’est sensible. C’est pour ça que je te le dis.
C’est pour ça que je t’explique que ta main doit venir par-dessus le capuchon du clito, car en-dessous ça le décalotte et je SOUFFRE.
Tu veux pas que je souffre ? Alors pourquoi tu le fais quand même ?
Prendre son temps, c’est important, ça, aussi.
Mais tu manquais de patience, et tu n’as jamais pris la peine de faire durer tes tentatives assez longtemps pour atteindre le succès. Parfois, je te jure, c’était à 2 minutes près…
Une fois de plus, tu te vexais, tu disais que tu étais nul et tu laissais tomber.
Alors mon potentiel orgasme retombait comme un vieux soufflé saupoudré des miettes de ton égo.
La plupart du temps, c’était moi qui me finissais, sais-tu pourquoi ?
Parce que tu faisais semblant de pas entendre ma demande, tu allais dans la salle de bains et en revenant tu faisais comme si de rien n’était. Comme si tu avais oublié !
Ta mémoire de poisson rouge, c’est peut-être la raison pour laquelle, à chaque fois, il fallait tout te réexpliquer et repartir de zéro…
Quand j’ai abandonné l’espoir que tu me fasses jouir
Après un an à te fréquenter, tu as si peu progressé.
De l’écoute, de l’humilité, de la patience, de l’application… Il est certain que, pour monter en compétence en tant qu’amant, il te manquait quelques qualités.
Qui peut te blâmer ? Ce n’est pas comme si tu avais bénéficié d’un environnement dénué de stéréotypes de genre, ou d’une éducation sexuelle approfondie.
Mais avec le recul, je pense aussi et surtout que tu t’en foutais.
Ton manque d’intérêt pour ma propre satisfaction était palpable. Parfois, j’avais même l’impression de lire dans ton regard « Mais qu’est-ce qu’elle entend par « jouir » exactement ? ».
J’avais l’impression que tu n’y croyais pas vraiment à cette histoire d’orgasme féminin…
Parfois tu me posais cette fameuse question : « T’as joui ? », à laquelle je répondais toujours, horripilée :
« Est-ce que j’ai eu l’air de jouir ? Est-ce tu as concrètement fait quelque chose pour que cela se produise ??? »
J’ai fini par baisser les bras.
Rendons à César ce qui lui appartient : oui, j’ai pris beaucoup de plaisir sous tes draps. Mais j’aurais aimé jouir à 95% du temps, comme c’était le cas pour toi…
J’espère que tu trouveras une prof dont la pédagogie te parlera davantage, une meuf qui ne sera pas trop regardante sur sa propre satisfaction, ou que tu ouvriras tes chakras. Sans rancune, mon petit cancre inattentif !
Moi, je retourne me masturber.
À lire aussi : Pourquoi donc les femmes jouissent-elles moins souvent que leurs mecs ?
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Les Commentaires
Je voudrais pencher la balance dans l'autre sens. Heureusement, non il n'y a pas que des mecs qui ne pensent qu'à leur plaisir ! J'en ai connu qui font le contraire : mon plaisir avant le leur. Il faut pas ni désespérer ni généraliser. Évidemment qu'il y a des hommes à l'écoute de ce qu'on leur raconte. Perso, si le gars s'en fiche alors je me casse. Les égoïstes, très peu pour moi ! Si c'est pas dans le sexe qu'on peut partager, c'est bien triste.
Bref, la communication, c'est la base d'une sexualité et d'une relation positive !
Vous découragez pas !