« Où sont les femmes ? » a lancé ce lundi 18 mars le directeur du Guide Michelin Gwendal Poullennec lors de la cérémonie. Et pour cause, lors de cette prestigieuse remise de prix dans laquelle Yannick Alleno – pourtant condamné aux prud’hommes pour violences et harcèlement – a reçu le prix du chef mentor, six femmes ont été récompensées sur 52 nouveaux étoilés, soit 11%. À titre de comparaison, l’an dernier 10% de cheffes étaient récompensées. Mais présentons ces nouveaux talents qui font office de futur de la gastronomie française.
Manon Fleury, Datil (Paris)
Ouvert il y a à peine six mois, le premier restaurant de Manon Fleury récolte (déjà) sa première étoile. Et c’est loin d’être une surprise. La cheffe de 32 ans, considérée comme une surdouée de la gastronomie, a un CV parfait : passée par de grandes maisons telles L’Astrance, le Semilla ou encore Blue Farm Hill à New York, elle devient cheffe à 27 ans, en prenant les reines du Mermoz à Paris. De là, s’enchaînent des résidences prestigieuses au Perchoir Ménilmontant ou encore au Elsa à Monaco.
Mais au delà d’être une simple cheffe, cette ancienne championne d’escrime est aussi une voix, faisant office de miroir de cette nouvelle génération de cheffes engagées. D’abord dans l’assiette, avec une cuisine à majorité végétale, privilégiant le zéro déchet. Mais aussi dans les cuisines, Datil étant composée d’une équipe majoritairement féminine. Car Manon Fleury symbolise un certain basculement dans la gastronomie française, où les femmes peuvent espérer prendre une place qui leur était auparavant que peu accessible, celle de cheffes propriétaires. Elle est par ailleurs l’une des des co-fondatrices de Bondir.e, association qui lutte contre les violences en cuisine.
Laurène Barjhoux, Datil (Paris)
Acolyte de Manon Fleury depuis plusieurs années en cuisine, Laurène Barjhoux, qui est diplômée de la très prestigieuse école Ferrandi, est la cheffe exécutante de Datil. Passée par le très prestigieux l’Arpège à Paris, elle travaille avec Manon Fleury dans les cuisine du Elsa à Monte-Carlo, le temps d’une résidence de quelques mois. Ensuite, les deux s’associent dès lors que Fleury prend les reines d’une cuisine, jusqu’à ouvrir toutes les deux Datil, en septembre dernier. Elle aussi très engagée contre les violences en cuisine, elle fait partie des co-fondatrices de l’association Bondir.e.
Adeline Lesage, Nacre (Arès)
Après des débuts en pâtisserie, Adeline Lesage fait ses armes à La Réunion, dans les cuisines de Philippe Agesidame dans l’Hôtel Le Lux 5*. Puis départ pour Paris au Pavillon Henri IV, auprès de Patrick Käppler, où elle découvre la « cuisine santé », elle qui détient une licence santé, bien-être et plaisir par l’alimentation et étudie la naturopathie.
Après avoir pris les reines d’un restaurant en Charente, elle officie aux Foudres – Chais Monnet, où elle rencontre Marc-Antoine Lepage, avec qui elle s’associe pour ouvrir leur premier restaurant gastronomique le 14 février 2023, Nacre.
Emilie Roussey, Émilie & Thomas, (Moulin de Cambelong, Conques-en-Rouergue)
Cheffe propriétaire avec son compagnon Thomas Roussey, le couple a simplement baptisé leur restaurant fraîchement étoilé Émilie & Thomas. Mais avant cela, Émilie Roussey a officié chez Pierre Gagnaire, Alain Ducasse ou encore Michel Bras, avant de s’installer en Aveyron en 2015 – sa terre d’origine – pour y ouvrir son établissement en mai dernier.
Florencia Montes, Onice (Nice)
D’origine argentine, Florencia Montes a multiplié les expériences plus que prestigieuses : Fäviken en Suède, Septime à Paris, Eleven Madison Park à New York, pour ensuite devenir cheffe exécutive du Mirazur à Menton, aux côtés de Mauro Colagreco.
La cheffe de 33 ans a finalement souhaité ouvrir son propre établissement avec son compagnon Lorenzo Ragni. Pour cela, direction Nice, où ils ont ouvert Onice en début mai 2023, un restaurant gastronomique avec une approche végétale centrée sur le produit.
Eugénie Béziat, L’Espadon (Paris)
Unique cheffe récompensée seule, l’étoile d’Eugénie Béziat n’est qu’une suite logique des choses. La cheffe de 41 ans, qui a trouvé sa vocation après un repas chez Hélène Darroze, avec ses parents, commence sa carrière en 2006 comme commis chez Michel Guérard aux Prés d’Eugénie. Par la suite, tout s’enchaîne : elle multiplie les expériences auprès de Michel Sarran dont elle devient la seconde, puis chez Yann Le Scavarec à la Roya, où elle officie comme cheffe exécutive.
En 2018, elle devient cheffe du restaurant La Flibuste, qui obtient une étoile au guide Michelin moins de deux ans plus tard, en janvier 2020. Puis le Ritz l’appelle à la rescousse pour relancer L’Espadon, dont elle dirige les cuisines depuis septembre 2023.
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