- Prénom : Manon
- Âge : 29 ans
- Lieu de vie : Londres (Grande-Bretagne)
- Orientation sexuelle et/ou romantique : hétérosexuelle
Depuis combien de temps êtes-vous célibataire ?
Ma dernière relation « sérieuse » s’est terminée en juillet 2020, donc célibataire depuis 3 ans.
J’ai eu une dizaine de relations « sérieuses » (comprenez relation romantique exclusive où l’on se considérait en couple) entre mes 17 et 26 ans. La plupart ont duré quelques mois, et la plus longue (la plus récente) a duré un peu plus d’un an et demi. Je me rappelle, dans mes périodes de célibat, ne pas vouloir être en couple, pour le principe d’être en couple, à tout prix. Mais j’avais toujours quelqu’un en tête, toujours amoureuse ou en crush, et ce que je souhaitais avec cette personne, c’était d’entrer dans une relation exclusive, car il ne me semblait pas qu’il y ait d’autre option. Avant ma dernière relation, dans une période de célibat qui a duré relativement longtemps, je me rappelle me sentir prête, vouloir une relation, « former une équipe » avec quelqu’un.
J’ai habité pendant 6 mois avec mon dernier copain. Cette cohabitation a engendré beaucoup de frustration de mon côté. Ne pas avoir d’espace à moi, devoir faire des compromis en permanence sur l’organisation de l’appartement, sur les repas… La relation en elle-même était aussi une source de frustration et d’angoisse, sur les valeurs qu’on ne partageait pas, sur notre sexualité. Je n’aime pas la personne que j’étais avec lui, et en en parlant avec mes amies sur la fin, j’ai réalisé le vide émotionnel que j’étais dans cette relation. J’ai vécu notre séparation comme une délivrance, je n’ai jamais regretté, jamais regardé en arrière.
Cette cohabitation m’a enlevé l’envie de vivre avec un partenaire. Au sortir de cette relation, je n’avais plus non plus envie de me remettre en couple. Ce qui est le cas de la plupart des gens après une rupture j’imagine, on a besoin d’une pause, de se retrouver face à soi-même. J’imaginais que l’envie reviendrait, comme ça a été le cas dans le passé, mais trois ans plus tard, toujours aucune envie de « former une équipe ». En écoutant le podcast Le cœur sur la table à sa sortie, j’ai eu des étincelles dans le cerveau. D’une part, de nouveaux concepts, et d’autre part, une sensation d’évidence. Victoire Tuaillon a mis des mots sur des choses que je ressentais depuis longtemps, mais que je n’avais jamais réussi à penser sérieusement, à verbaliser, ou à concrétiser. Ce n’est probablement pas juste ce podcast, c’est aussi d’autres podcasts, des lectures, des comptes Instagram, des discussions (notamment sur comment il est difficile de combiner valeurs féministes et être en relation amoureuse avec un homme cis en tant que femme), mais ma vision des relations romantiques a changé pour toujours.
Bien sûr, j’aime toujours autant être amoureuse, j’adore avoir des crushes. Mais je n’aspire plus à une relation amoureuse exclusive. Je n’en exclus pas la possibilité, je pourrais rencontrer une personne qui me donnerait envie d’être dans ce mode de relation-là, mais ce n’est plus mon envie par défaut. Je vois les couples autour de moi, et ils ne me donnent pas envie. Il faut dire que la plupart des couples hétérosexuels ne vendent pas du rêve. Je connais tellement de filles avec des mecs nuls, que je sens coincées, pas du tout aussi heureuses qu’elles pourraient l’être, mais soit en total déni, soit terrifiées du vide, à l’idée d’être seules.
Les beaux couples, les couples sains, où ils se poussent mutuellement vers le haut, je trouve ça beau à voir, mais quand même, ils n’éveillent pas d’envie chez moi d’avoir la même chose pour moi-même. Je me dis, au fond, ça sert à quoi ? Il me semble que la grosse raison pour laquelle les gens se mettent en couple dans cette société, c’est pour avoir des enfants. Dans mon cas, je n’en veux pas (et même si à un moment donné, l’envie me prenait, il me semble que je préfèrerais nettement faire un enfant en dehors d’un couple avec un homme, et tous les compromis qui viendraient avec). Du coup, vraiment, je me demande pourquoi je me mettrais en couple.
Comment décririez-vous votre célibat ?
J’adore être célibataire, je suis totalement à l’aise avec cette situation et même plus, j’en suis heureuse.
Votre célibat a-t-il une incidence sur votre vie amicale ou familiale ?
Il n’a pas d’incidence négative. Je dirais qu’il a une incidence positive car je suis probablement plus disponible pour mes ami·es que si j’étais en couple.
Le célibat a-t-il un impact sur votre moral, au quotidien ?
Je pense qu’il m’amène énormément de joie et d’espace mental, de quiétude. Il est excellent pour ma santé mentale.
Être célibataire vous permet-il des choses que vous ne pourriez pas faire en couple ?
Si j’étais en couple, je ne rencontrerais pas toutes les personnes que je rencontre actuellement via les applications, et je n’aurais pas la vie sexuelle que j’ai (à moins d’être dans une relation libre, mais même dans ce cas j’aurais certainement beaucoup moins de temps à consacrer à ces personnes). Le célibat me donne beaucoup de temps, que je peux consacrer à ce que je veux, je ne dois rendre de comptes à personne. Je pense qu’il me rend plus disponible pour mes ami·es. Il me rend plus flexible, plus ouverte aux plans spontanés et invitations de dernière minute. Il me permet d’avoir un espace rien qu’à moi (pour le moment, il s’agit de ma chambre en colocation, mais bientôt tout un appartement). Il me permet de vivre sans devoir faire de compromis quotidiens.
Être célibataire m’a permis de rencontrer les ami·es que j’ai aujourd’hui à Londres. À l’origine, on a déménagé à Londres avec mon dernier copain. Si être en couple pour ce genre de projet aide à le concrétiser (on a moins peur à deux, on se motive mutuellement, on partage les tâches et démarches…), une fois installés, il est facile de se reposer sur ses acquis quand on a quelqu’un à ses côtés, on n’a pas ce coup de fouet de la solitude qui nous pousse à sortir et rencontrer des gens. C’est seulement après notre séparation que j’ai pris les choses en main et que je me suis faite les connexions que j’ai maintenant.
À l’inverse, est-ce qu’être célibataire vous empêche de faire des choses que vous pourriez faire si vous étiez en couple ?
Je ne pense pas. J’imagine qu’un des avantages d’avoir un·e partenaire est qu’on a toujours un·e +1 sous la main pour toute une série d’activités (sorties culturelles, soirées, voyages, etc.). J’ai cependant la chance d’apprécier ma propre compagnie et il y a beaucoup de choses que j’aime faire seule, sans attendre de trouver quelqu’un pour m’accompagner.
Le lieu géographique où vous vivez a-t-il un impact sur votre rapport aux relations amoureuses ?
Oui évidemment, vivre dans une ville de 9 millions d’habitants offre des possibilités infinies en termes de rencontres. Revers de la médaille, je pense que le nombre de possibilités et l’anonymat procuré par la taille de la ville impactent la façon dont les gens traitent leurs rencontres amoureuses. Mais c’est un autre sujet !
Cherchez-vous activement à trouver une relation amoureuse ?
Oui et non. Comme je l’ai expliqué précédemment, je ne recherche pas une relation amoureuse au sens conventionnel. Mais je suis accro aux crushes, et toujours à la recherche du prochain. Je fais des rencontres principalement sur les applications (Tinder à une époque, maintenant seulement Bumble et Hinge). J’y ai beaucoup de conversations, et j’ai dû avoir au moins 200 dates depuis que je suis célibataire.
La proportion de temps que je consacre aux conversations sur les applications et les dates est cyclique. Il y a des moments où j’y passe beaucoup de temps, j’enchaîne les dates (2-3 par semaine, voire plus), et des moments où ma vie est déjà bien remplie et satisfaisante en elle-même (comme récemment, avec l’achat d’un appartement, qui me prend du temps et de l’espace mental, et un boulot qui me passionne), du coup j’ai moins recours aux dates pour y amener de l’excitation.
Ma coloc m’a dit une fois que j’étais la seule personne qu’elle connaissait qui aimait les applis. Il me semble effectivement que le consensus, c’est que les applis, c’est horrible. Je pense effectivement que quand on recherche une relation, c’est l’enfer. Moi, je n’attends rien de mes dates, je pense que c’est ça le secret. Au mieux, je fais une belle rencontre, je passe un beau moment, qui peut déboucher sur d’autres beaux moments. Au pire, je découvre un nouveau bar, j’ai une conversation avec quelqu’un qui vient peut-être de l’autre bout du monde, qui a peut-être vécu des choses incroyables, en tout cas qui a des choses intéressantes à raconter, j’apprends toujours quelque chose. J’ai eu de la chance jusqu’ici, je ne suis jamais tombée sur quelqu’un d’affreux, qui me fasse peur ou qui me mette mal à l’aise. Bien sûr il y a des gens qui m’ont blessée, bien sûr je me suis faite ghoster plein de fois. À force, j’apprends à ne pas prendre les choses personnellement, je sais que quoi qu’il arrive, je m’en remettrai.
Le célibat amoureux a-t-il un impact sur votre vie sexuelle ?
Comparée à celle que j’ai pu avoir en couple, ma vie sexuelle actuelle est bien plus épanouie, plus diversifiée, plus riche en expérience, plus à l’écoute de moi-même, et bien plus excitante. Je cherche plus ou moins tout le temps à rencontrer des partenaires sexuels.
Ressentez-vous une forme d’injonction à être en couple ?
Je pense qu’il y a une injonction sociétale à être en couple, c’est ce qui est perçu comme normal dans la société dans laquelle je vis, elle transpire dans les images qui nous entourent et les productions culturelles. Mais personnellement, je ne ressens pas du tout d’injonction directe (qui viendrait de ma famille, de mes amis ou de mes collègues).
Estimez-vous que le célibat a un impact sur vos finances ?
J’imagine qu’il a un impact dans le sens où si j’étais en couple, je sortirais peut-être moins, et (à moins d’être dans une relation libre) je ne dépenserais plus rien en dates, donc mes dépenses sorties seraient probablement beaucoup moins conséquentes.
Je sais que pour certaines femmes, la mise en couple est nécessaire d’un point de vue financier. J’ai la chance d’être parfaitement indépendante sur ce plan, et de gagner suffisamment bien ma vie pour vivre confortablement. Bien sûr, habiter avec un·e partenaire permettrait de baisser mon budget loyer (qui n’est pas négligeable à Londres). Mais le gain en termes de santé mentale vaut bien la dépense supplémentaire. En bref, être célibataire ne m’oblige pas à penser mes dépenses autrement ou à me serrer la ceinture.
Avez-vous un budget dating ?
Je ne budgétise rien en général, mais je serais curieuse de calculer combien j’ai dépensé en dates ces dernières années ! La réponse serait sûrement effrayante.
Quels sont vos projets pour le futur ?
Continuer à vivre ma meilleure vie ! Aucun de mes projets ne dépend de la potentielle rencontre avec un prince charmant qui serait la condition nécessaire pour réaliser toute une série de plans. Mais je pense qu’ils sont tous compatibles avec la possibilité de l’arrivée d’une personne à qui je veux laisser plus de place dans ma vie. Même si, comme je le mentionnais plus haut, je ne m’imagine pas vivre avec un partenaire.
Avez-vous une anecdote sur le célibat à partager ?
En ce moment, quand on me demande si j’ai un amoureux, ma réponse préférée c’est « Plusieurs ! »
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Les Commentaires
J’ai été surprise par le nombre de dates de Manon, jamais je n’arriverai à atteindre ce nombre mais en vrai c’est cool ! C’est moi qui devrait me bouger un peu plus … comme dit dans l’article, au pire je découvre un bar sympa.
Éclate-toi Manon