Parler d’argent, en France, c’est encore tabou. Pourtant, c’est un sujet passionnant… et féministe par certains aspects ! Dans notre rubrique Règlement de comptes, des personnes en tout genre viennent éplucher leur budget, nous parler de leur rapport à l’argent et de leur organisation financière en couple ou en solo. Aujourd’hui, c’est Manon qui a accepté de nous ouvrir ses comptes.
- Prénom : Manon
- Âge : 29 ans
- Métier : Professeure de piano
- Salaire net après prélèvement à la source : 2 142 € par mois
- Lieu de vie : Un appartement de 57m2 dans le centre de Strasbourg, dont elle est propriétaire
Les revenus de Manon
Manon est professeure de piano, et exerce dans deux lieux différents :
« Je suis en CDI à Strasbourg, et vacataire dans un conservatoire à Paris (avec un contrat renouvelé chaque année pour 0 mois).
Le lundi, mardi et mercredi, je donne des cours à Strasbourg. Vendredi et samedi, je donne des cours à Paris. »
Elle explique que c’est une situation assez courante pour les prof de musique, qui sont souvent amenés à cumuler différents postes pour arriver à un temps plein.
Elle donne par ailleurs des cours particuliers les jeudi et dimanche.
Son CDI de 16 heures à Strasbourg lui rapporte un salaire de 880 € chaque mois. Ses 11 heures hebdomadaires à Paris lui en rapportent 1083 les mois où elle y travaille, enfin, les cours particuliers lui rapportent 400€ par mois sur 9 mois. Lissé à l’année, son salaire s’élève donc à 2 142 € mensuels.
Elle ne s’estime pas bien payée :
« Pour l’investissement, en temps, en énergie et financier de mes études (j’ai un bac+5, un master en piano et une licence pédagogique) je ne m’estime pas bien payée à Strasbourg. Je suis mieux payée à Paris… Mais avec un statut précaire de vacataire, qui ne me garantit un salaire que 9 mois sur 12 et je ne suis pas défrayée. Cela dit, je m’estime chanceuse de faire ce métier et je savais que le salaire n’était pas le critère qui serait le plus attirant. »
« Je ne m’étais pas assez renseignée sur les coûts annexes à la propriété »
Il y a quelques semaines, Manon est devenue propriétaire de sa résidence principale, un appartement de 57m2 au centre de Strasbourg.
Elle rembourse 730 euros chaque mois, soit un tiers de son budget mensuel environ, et est endettée sur 25 ans. En tout, son bien lui a coûté 220 000 euros dont 42 000 euros d’héritage et 12 000 euros d’économies qui ont servi à payer les frais d’agence et de notaire.
Toutefois, cet achat lui coûte plus cher que ce qu’elle avait anticipé :
« J’ai pris cette décision en voyant qu’être locataire me coûtait cher, mais je ne m’étais pas suffisamment renseignée sur tous les coûts annexes à la propriété. Je me retrouve à payer des mensualités plus élevées encore. »
Parmi ces frais qu’elle n’avait pas anticipé, elle compte l’assurance de prêt de 17 € par mois, l’assurance logement, la taxe foncière (46€ par mois), les charges de copropriété de 100 € par mois, mais aussi des travaux de la copropriété, dans l’appartement, les frais de doubles des clefs ou encore les frais de résiliation…
« Durant la simulation avec ma banquière, je pensais naivement avoir des mensualité de 750 € (cher, mais faisable), mais je me retrouve à payer environ 1 000 € par mois pour cet appartement, seule. Et je me demande si je n’ai pas fait une bêtise, si j’arriverai à l’assumer…»
À cette somme s’ajoutent 90 € de factures d’électricité et de chauffage.
Les dépenses de Manon
Chaque mois, l’assurance de son prêt et son assurance habitation lui coûtent 43 €. Ses frais bancaires s’élèvent à 15 €, et elle paie 32 € mensuels d’abonnement pour son accès internet et des services de streaming vidéo ou musical.
Elle compte 450 € par mois en courses alimentaires, dans un supermarché proche de chez elle :
« Il y a un Norma en bas de chez moi, c’est une enseigne pas trop chère où je fais principalement mes courses. Mais je suis végane, et je me fais souvent avoir par la pub autour des nouveaux substituts aux produits animaliers ou par les restaurants végans qu’on aime aller tester avec mes proches ! »
Une somme qu’elle aimerait réduire, pour alléger un peu son budget.
Elle achète aussi pour 25 € chaque mois de fournitures et d’alimentation pour son lapin de compagnie.
L’un de ses postes de dépenses le plus élevé se trouve dans son budget transports. Comme Manon l’expliquait plus tôt, elle vit à Strasbourg mais n’est pas défrayée pour ses trajets sur son deuxième lieu de travail : Paris. Elle dépense donc 500 € par mois, 9 mois par an, pour se déplacer à Paris et y loger les vendredi et samedi. Lissé à l’année, cela représente un budget de 375 € mensuels.
Les loisirs de Manon
Sur le plan des loisirs, Manon est peu dépensière. Elle explique en effet que son travail lui permet peu d’activités en dehors :
« Les cours de piano ont souvent lieu l’après-midi et le soir, et comme je travaille tous les jours, impossible de m’inscrire à un cours de yoga ou de tennis, qui me tentaient bien mais qui ont lieu en fin de journée généralement… J’allais énormément écouter des concerts et au cinéma étant étudiante mais mon travail ne me laisse pratiquement aucun temps libre en dehors des vacances d’été où je me rattrape. »
Elle compte environ 80 € de loisirs par mois, principalement en livres et en partitions. Ce qu’elle considère comme sa dernière « folie » ne manque d’ailleurs pas de praticité :
« Mon dernier craquage c’est un Ipad de seconde main (750 euros) pour éviter d’avoir à transporter toute ma bibliothèque de partitions à chaque voyage. »
Elle raconte ne s’acheter que très rarement des vêtements, et compte environ 15 € chaque mois lissés sur l’année.
Le rapport à l’argent de Manon
Manon s’estime chanceuse qu’on lui ait transmis un rapport sain à l’argent. Elle raconte :
« J’ai beaucoup de chance, je n’ai jamais manqué de rien. Mes parents nous ont permis à mes deux adelphes et moi de faire des activités, de partir en voyage, de faire les études de notre choix… Le piano a eu un coût, j’en suis consciente et je leur en suis éternellement reconnaissante. »
Dans sa famille, l’argent n’a jamais été un sujet de gêne, mais elle raconte qu’on lui a inculqué le sens des économies :
« Ce n’est pas tabou chez nous, mais on a appris qu’il fallait faire attention donc je renonce vite à craquer pour des voyages ou pour des choses qui ne me sont pas nécessaires. »
L’épargne de Manon
Bien que son achat récent pèse sur son budget, Manon réussi à épargner 30 € chaque mois sur un plan d’épargne en actions, et 100 € par mois pour ses deux assurances vies, dont l’une est pour sa filleule. Elle ne peut pour l’instant pas encore économiser pour voyager :
« Je ne parviens plus à économiser davantage. Je voulais aller rendre visite à ma sœur qui vit en Corée mais ça devra attendre. »
À l’avenir, elle aimerait trouver un poste plus stable sans allers-retours, et lancer son quatuor.
Merci à Manon de nous avoir ouvert ses comptes !
Pour participer à la rubrique, n’hésitez pas à nous contacter à l’adresse mail : [email protected] avec pour objet « Règlement de comptes ». Présentez-vous en quelques lignes, nous vous recontacterons avec la marche à suivre !
Crédit photo : Charles Parker / Pexels
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Les Commentaires
• D'un côté ma petite cousine a commencé les baby-sittings et petits boulots à 15 ans, elle travaille depuis plusieurs années (en parallèle de ses études) mais vivant en petite couronne parisienne ce n'est que l'année dernière à 27 ans qu'elle a pu se trouver un appart - sachant qu'elle avait déjà cherché par le passé
Dans le 1e cas j'estime que ma cousine est un modèle d'indépendance, elle y a été poussée et ça ne me parait absolument pas choquant qu'elle soit restée tardivement chez sa mère parce que les loyers à Paris n'ont aucun sens. Dans le 2nd cas ça me rend un peu dingue de voir que ma soeur est dorlotée (c'est la petite dernière) et ne cherche pas + que ça à partir (c'est d'autant + incompréhensible pour moi qui suis partie de la maison familiale à 17 ans pour mes études et n'y ai transité que quelques mois après l'obtention de mon diplôme le temps de trouver mon premier emploi et j'étais ultraaa motivée, j'étais pas contente du tout d'être bloquée chez maman)
Par contre dans un cas comme dans l'autre je sais pertinemment qu'elles ont toujours participé aux tâches ménagères, je sais également que ma soeur participe financièrement - ma mère n'ayant pas des revenus mirobolants ça me semble normal - quand ma cousine garde plutôt ses sous notamment pour voyager. Fin du coup pour 2 personnes pourtant pas si éloignées on est sur 2 modes de fonctionnement diamétralement opposés.
Et les mecs qui à 30 piges se font encore laver leurs slips par leur daronne et quand ils quittent la maison prennent un truc juste à côté pour venir chercher leurs tupps sans quoi ils dépériraient