C’est le dernier scandale qui enfle sur le Web : plusieurs mannequins « plus size » ont récemment révélé, dans une interview accordée au site Refinery 29, qu’elles utilisaient souvent sur les shootings des prothèses rembourrées — pour gagner une ou deux tailles et/ou pour donner plus de volume à leur poitrine, leurs fesses ou leurs cuisses.
Relayée par plusieurs journaux, tels que Les Inrocks et Bustle, et de façon plus virulente par le DailyMail
(qui titre Comment les mannequins « grandes tailles » sont en réalité des filles minces portant des prothèses rembourrées), cette information tombe telle une bombe sur le paysage de la mode « plus size », puisqu’elle soulève de nouvelles problématiques quant aux standards de beautés véhiculés par la publicité.
Krista, mannequin de 29 ans, pose avec les prothèses qu’elle utilise sur ses shootings (photo par Kristina Wilson pour Refinery29)
Si on tape depuis longtemps sur l’industrie de la mode qui ne présente que des corps minces voire maigres, on peut ici constater deux problèmes.
Premièrement, il est problématique de montrer des femmes qui ne font pas, en réalité, un 44 mais un 40, de les rendre plus voluptueuses grâce à des artifices. C’est comme utiliser Photoshop pour raboter les cuisses jugées trop grosses d’un mannequin « standard ». Dans les deux cas, on obtient l’image d’un corps qui n’existe pas.
Ensuite, le rembourrage des fesses, seins ou encore hanches des mannequins nous présente une nouvelle idéalisation du corps : les « jolies » grandes tailles seraient donc celles qui ont des formes pulpeuses mais une taille marquée. Tous les modèles « plus size » répondent en effet à ce standard de beauté.
Les premières concernées, les mannequins, elles, expliquent d’abord cette utilisation de prothèses par un point de vue pratique. Iskra, modèle de 24 ans, déclare :
« Sur un shooting, certains vêtements vont tomber parfaitement et d’autres vont avoir une taille un peu grande. Si vous n’avez pas le temps de le reprendre ou qu’il n’y a pas de couturière présente, c’est plus simple de le rembourrer. Aujourd’hui, vous pouvez enfiler jusqu’à 80 tenues sur un seul shoot. On ne peut pas espérer que tout aille parfaitement. »
Brittnee, mannequin « grande taille » de 27 ans, est plus critique :
« Il y a toujours des prothèses utilisées lors de shootings grandes tailles. C’est comme sculpter son corps. Est-ce que c’est réaliste ? Ça dépend (du nombre de prothèses utilisées et de leurs tailles). Si vous voyez cette pratique comme une démarche artistique, je peux le respecter. Mais si vous la voyez comme l’impulsion d’un nouvel idéal féminin, c’est malsain, car peu de femmes ressemblent vraiment à ça ».
Sabina, elle, se rebelle :
« Je préférerais ne pas porter ces prothèses rembourrées. Lorsque que j’étais plus mince, je ne l’étais pas assez, et maintenant que je fais une grande taille, je n’ai pas assez de formes. Ce serait agréable de se dire, devant sa photo « je suis ce mannequin, c’est bien moi ». Ce serait bien que la société sache que les femmes plantureuses ne font pas les mêmes tailles. Vous pouvez faire une taille 40 et avoir des formes ! »
Certain•e•s diront que c’est simplement une façon de sublimer les vêtements, mais ces prothèses montrent que mannequin « grandes tailles » ou pas, l’industrie de la mode a toujours du mal avec les corps réalistes.
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