Avant tout, devenir mannequin était pour moi un défi. Il y a encore un an, qui aurait pu croire que la petite brunette toute joufflue, emplie de pensées anticonformistes, dans son t-shirt Sid Vicious et un énorme paquet de chips à la main, penserait un jour à suivre cette voie ? Mais voilà qu’au fil du temps un besoin de reconnaissance a grandi en moi, et je vous raconte ici comment j’ai atteint mon but malgré les multiples obstacles.
Première étape : parvenir à passer un casting
Pour être mannequin freelance, il faut avant tout beaucoup de volonté, et être une battante dans l’âme, sinon on abandonnera vite. En effet, on peut dire que je n’avais pas le physique de l’emploi : je faisais 167 cm pour 59 kg il y a encore 7 mois. Ce n’est qu’à force de régimes et de beaucoup de sport que j’ai enfin atteint les 53 kg que je convoitais (attention, je parle ici de régimes sains, c’est-à-dire pas de sucreries et beaucoup de sport, et surtout une alimentation saine, car c’est la base de la beauté). Bien entendu, ce n’était pas assez pour avoir la « taille mannequin » mais qu’importe, je n’en pouvais plus d’attendre : le temps était venu pour moi de chercher des agences.
Armée de mes 85 – 66 – 90, et par chance, d’un joli visage (sans lequel je n’aurais jamais réussi, étant donné que c’était mon seul atout) je me suis fait faire un book avec mes économies, afin de pouvoir présenter une demande sérieuse aux diverses agences, et pas n’importe lesquelles : je choisis la meilleure agence de la ville, car si on veut se surpasser, autant viser haut. Par chance, dans le pays où j’habite, vu la moyenne de taille, 165 cm était le minimum pour une mannequin. Ni une ni deux, je leur envoie donc par e-mail ma demande ainsi que mon dossier complet.
Une semaine passa, deux, puis trois, et toujours rien. C’est ce moment précis qui détermine si vous êtes ou non réellement motivée, et je l’étais, quitte à harceler le directeur. Après avoir passé un coup de fil pour leur rappeler que oui, la petite dodue leur avait bien envoyé quelque chose, et que la moindre des politesses serait de répondre, même pour me dire que je ne réussirais jamais, voilà qu’on me rappelle, et qu’on me demande de venir le lendemain même pour une séance photo. Je n’avais donc que 18 heures pour trouver les cinq meilleures tenues de ma garde-robe, me faire un brushing lisse et éclatant (parce que je le vaux bien) et retenir 1000 poses afin de leur montrer que j’avais ça dans le sang, malgré le fait que je débutais.
J’ai passé toute la nuit à visionner des clips bizarres afin d’y trouver de l’inspiration…peine perdue.
Deuxième étape : LE casting où tout se joue
Le jour J est arrivé : parée pour le combat, ma petite valise à la main et mon ticket de bus dans l’autre, je pars de chez moi, forte, motivée, prête à en découdre avec le diable de la mode. Première claque : j’ai dû patienter au moins une demi-heure devant la porte de l’agence avant que l’on ne daigne m’ouvrir. À l’intérieur,
l’ambiance est stressante : du matériel de photographe un peu partout, des posters des mannequins de l’agence sur les murs, le silence total… Après avoir rempli une fiche, le photographe m’emmène dans une pièce, le studio, afin de prendre lesdites photos. Deuxième claque : il me regarde d’un air… réprobateur… (soyons honnêtes : dégoûté) en inspectant de bas en haut ma première tenue, assez vintage comparée à l’avalanche de fringues de marques chez la plupart des mannequins. Qu’importe, il ne me déstabilisera pas. Et c’est parti !
Bon, sauf que le trip je-me-fiche-du-regard-des-autres-je-suis-la-meilleure n’a pas duré longtemps, car on va de critique en critique : je suis trop raide, j’ai toujours la même expression, je n’ai pas assez l’air en colère, je ne fais rien avec mes mains, je ne me déhanche pas assez… Difficile de garder en tête l’objectif principal quand on vous bombarde ainsi.
Tyra, elle mime bien la colère.
Je me suis arrêtée un instant, j’ai fermé les yeux, j’ai pris une grande inspiration, et là, je me suis enfermée dans ma bulle. Plus rien n’existait, j’étais une superbe mannequin qui posait devant un objectif sans photographe, et je lui ferai prendre les meilleures photos, à cet appareil, nom d’une pipe !
Et ensuite…
Après deux heures et demie de souffrance et de transpiration (oui, préparez-vous à faire sortir tout ce que vous avez dans le corps, sous les 50°C des projecteurs de studio), je sortis tout de même satisfaite de l’Enfer (j’avais lu qu’il fallait se préparer aux critiques lorsqu’on débutait, mais là quand même, il m’a fallu rassembler tout le peu de sang-froid que j’avais pour ne pas dire au photographe d’aller se faire biiiiiiiip).
J’avais fait du mieux que j’avais pu, même si le stress m’avait certes un peu handicapée. Bien que je pensais ne plus jamais avoir de nouvelles, et me préparais déjà à postuler dans une agence moins prestigieuse, voilà que quatre jours après, on me rappelle : j’étais prise, et dans trois semaines, j’avais mon premier défilé.
Récapitulons…
En y repensant, je ne sais exactement ce que ma bonne étoile a fait pour ça (sûrement des trucs pas nets), mais j’avais réussi. Bien entendu, ma réussite, ce n’était pas juste devenir mannequin, mais d’atteindre mon objectif. C’était la première fois que je réussissais quelque chose et ça m’a d’ailleurs poussée dans d’autres domaines. Aujourd’hui, j’ai regagné beaucoup de la confiance en moi perdue au fil de mon adolescence ingrate, et le moins que l’on puisse dire, c’est que la gloire ne vient pas s’accrocher à votre chaussure comme un chewing-gum par une journée chaude d’été, mais bien qu’il faut aller au-devant de celle-ci et l’attraper !
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Les Commentaires
Pouhahahahahaha!!!! Du coup je ris moi-même de ma bêtise -_-
Non, c'est juste qu'essayais du mieux d'expliquer la situation, mais ton post AVAIT L'AIR agressif, du coup j'ai pété un câble, mais non, ça va, en tout cas, j'espère avoir répondu à tes questions quand même