Tu as beau sonder les bas-fonds de l’Internet, creuser au plus loin dans les abysses du second degré… le plus gros troll ayant jamais existé, c’est ton corps.
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Tout va bien entre vous, l’harmonie la plus paisible règne. Puis, il suffit d’un instant pour qu’il se désolidarise de ta volonté et que le lien se brise entre vous. Tes os craquent, tes cuisses font des réserves pendant que ton ventre crie famine, et ta libido décide de rendre visite à tes pieds. Bref, c’est le dawa !
Pourtant, à force de communication, vous avez réussi à trouver un terrain d’entente. Tu ne tentes plus de le faire taire. Bâillonner ton corps ne sert à rien, il arrivera toujours à parler sous le scotch, de toute façon. Alors voilà, vous vivez ensemble et il vous arrive même de vous faire des câlins.
Mais tu sais ce qu’on dit : l’Enfer, les autres, tout ça.
Si entre ta chair et ta tête l’ataraxie est complète, il arrive que les gens qui t’entourent n’aient pas la même vision des signaux que vous renvoyez. Suis-moi donc sans peur et sans sourciller, nous allons faire un tour des manifestations corporelles… pas toujours bien interprétées !
Croiser les bras
Caler ses bras l’un dans l’autre devant sa poitrine n’est pas très bien vu dans notre société. Il suffit de se mettre cinq minutes dans cette position (confortable, tu en conviendras) pour que quelqu’un se précipite et te demande pourquoi donc est-ce que tu tires la tronche.
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Ouvre un manuel censé interpréter le langage du corps, le verdict sera sans appel : quelqu’un qui croise les bras est forcément fermé, replié sur lui-même, peut-être même en train de comploter en prévision d’un meurtre ou d’un attentat. Bref, c’est pas bon du tout.
D’ailleurs, les gens qui croisent les bras font toujours cette tête.
J’ai longtemps été obsédée par ces affirmations.
Je n’entamais plus une seule conversation sans m’assurer que les bras de mon interlocuteur sont bien visibles, détendus ou sur la table (mais pas avec le coude) (la politesse wesh). S’ils étaient croisés, c’en était fini pour moi : il pensait déjà à son repas du soir… ou pire, il préméditait mon démembrement!
Pourtant, je croise souvent les bras, tout simplement parce qu’il m’arrive de ne pas m’en servir ; je préfère faire ça plutôt que de les laisser traîner comme une otarie sous sédatif. Je le fais parfois en pleine conversation, mais ça ne veut pas dire que je me contrefous de ce que raconte la personne en face de moi ! C’est reposant, ça ressemble à une mini-étreinte à soi-même et c’est quand même un peu moins flippant que de tendre ses bras en avant comme une momie, tu en conviendras.
Se frotter les mains
Dans le code des gestes humains, se frotter les mains signifie une seule chose : je suis en train de crever de froid. Pourtant, tenter de faire naître une étincelle entre ses deux paluches ne veut pas toujours dire qu’il est temps de sortir du rayon yaourt.
Depuis toujours, j’ai une manie que je tiens de mon grand-père : je me frotte les mains frénétiquement, même si je suis enterrée sous douze couvertures avec le chauffage allumé. Suis-je sur le point de frôler l’hypothermie ? Je ne crois pas.
En fait, je me frotte les mains quand je me sens bien, quand quelque chose que je devais faire est fini et que je m’apprête à me mettre dans une position confortable ou à passer un agréable moment ! L’expression prend alors tout son sens.
Quand je m’apprête à sortir mon chocolat chaud du micro-ondes et que c’est bientôt l’heure d’Une saison au zoo.
Pourtant, il arrive que ce simple geste rende une situation un peu improbable. On me demande régulièrement si j’ai besoin d’une veste alors qu’il fait 40°C à l’ombre. Non merci : laissez-moi juste kiffer la vibe avec mes paumes !
Tourner le dos…
…mais pas dans n’importe quelle situation.
Tourner le dos à quelqu’un dans la rue signifie juste qu’on ne marche pas dans le même sens sur le trottoir. Par contre, montrer tes omoplates à ta moitié au moment de prendre place sur ta couche, ça, c’est un crime. En couple, on dort l’un dans les bras de l’autre (en cuillères) (ou en jet-pack si c’est la plus petite personne dos au vide) (parce qu’on dirait un jet-pack), face à face, tête-bêche à la limite (un 69 peut être très ennuyeux, quand il est mal fait) mais jamais, au grand JAMAIS dos à dos.
Au cinéma ou à la télé, un couple qui dort de cette façon démontre un malaise, une mésentente, une trahison ou une lassitude. Si bien que des centaines de milliers d’humain•e•s s’efforcent chaque nuit de ne pas adopter cette terrible position !
Mais affrontons la réalité : il fait chaud sous une couette et ces centaines de milliers d’humain•e•s aimeraient ne pas étouffer à chaque fois qu’ils se réveillent à quatre heures du matin pour faire pipi. Pensez donc à ça, grands conseillers conjugaux.
Avoir le ventre qui gargouille
Parfois, il arrive que ton ventre fasse d’étranges bruits. Tes amis, fort prévenants, te proposent de t’inviter au Quick. Sauf que problème… tu n’as pas faim du tout.
Mais va le prouver sans avoir juste l’air de refuser une invitation par pure politesse, si tes potes sont du genre « Allez j’insiste ça me fait plaisir » !
Souffler (très fort)
On ne cesse de te le répéter : il faut apprendre à respirer pour être moins stressée. Il suffit de gonfler le ventre, la cage thoracique, en pensant bien à tout l’air qui circule dans nos poumons. C’est une bonne technique mais bon, tu n’as pas toujours le temps pour une mini-séance de yoga. Du coup il t’arrive de souffler, un grand coup, le tout en gonflant les joues et parfois carrément en croisant les bras. Combo.
Malheureuse. Tu viens de t’attirer la TERRIBLE étiquette de la fille agacée (et c’est pire encore si tu relâches la pression en petits souffles saccadés) !
Cette manière de souffler permet simplement de se détendre et n’est pas forcément une preuve d’exaspération grandissante. Fais donc le test : inspire et souffle un grand coup pendant un dîner de famille — tout le monde se retournera vers toi avec un regard assassin. Maintenant, fais la même chose en faisant légèrement vibrer tes cordes vocales dans un petit gémissement (non érotique, si possible) : le crumble de Mamie est si bon que tu viens d’en frissonner de plaisir.
La logique humaine est incompréhensible.
Bâiller après avoir fait l’amour
Voilà donc un autre moment de solitude dont mon corps se délecte. Connais-tu, toi aussi, cette irrépressible envie de bâiller à t’en décrocher la mâchoire juste après un coït rondement mené ?
Après t’être consacrée à ta besogne, après un ou deux spasme ayant parcouru tout ton corps, il est bien normal de relâcher un peu la pression. Tu as dû être submergée par le bien-être maintes et maintes fois après avoir terminé tes ébats (c’est tout ce que je te souhaite). La détente est si forte qu’il t’arrive même de t’endormir comme une pierre. Le problème avec moi, c’est que je reste bloqué à l’étape juste avant : je bâille.
Et pas toujours avant la fin.
Mes partenaires ont donc tendance à penser qu’ils s’y prennent si mal, que je m’ennuie terriblement. C’est faux ! Quand mon corps kiffe, il a un peu de mal à envoyer les bons signaux, c’est tout…
« Il me prenait en missionnaire et c’est alors que je me mis à bâiller. Impossible de me retenir : voilà déjà que ma bouche se déformait.
Me regardant droit dans les yeux, mon Apollon ne put s’en empêcher : maintenant, lui aussi était en train d’inspirer. La mâchoire tendue, il semblait désespéré. Par mimétisme, mes lèvres, déjà, se ré-ouvraient…
C’est alors qu’entre nous commença une torture qui jamais ne put se terminer. Pour toujours, nous étions l’un dans l’autre… l’air complètement crevés.
Fin. »
Voilà, cet article est terminé. Je te laisse : mes mains ont besoin de se frotter l’une contre l’autre. J’aimerais qu’on leur laisse un peu d’intimité.
Et toi, quelles sont les manifestations de ton corps que les gens ne pigent pas toujours ?
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Les Commentaires
Croiser les bras aussi, je compatis pour toutes les filles qui veulent simplement les "ranger" parce que sinon elles sont obnubilées par ce qu'elles doivent en faire unno:. Puis quand c'est fait, tu n'es plus embêtée avec cette question et donc tu es plus à l'écoute de la personne qui est en face de toi. Alors oui, il y a bien des moments où il ne vaut mieux pas le faire, surtout combiné à un bâillement =').
Moi ce qui me "dérange" le plus et qui pourtant est plutôt un atout, c'est mon sourire. Je souris souvent, parce que j'ai envie de sourire, par politesse, parce que quelque chose m'attendris ou me fais tout simplement rire ! Mais je rencontre de plus en plus de personnes qui me demandent pourquoi je souris, souvent par crainte que je me moque d'eux. Et ça me vexe d'une certaine façon parce qu'il parait que j'ai un joli sourire et que je suis "pétillante" lorsqu'il apparaît. Laissez-moi sourire siouplait, quand je ne le fais pas on me demande si je vais bien (ou si je suis contrariée, merci mon visage expressif) ....