« Notre police semble tellement s’ennuyer qu’elle a envoyé 24 officier•es, tou•tes armé•es, pour réprimer le terrible délit perpétré par moi et deux amies : nous prenions le soleil seins nus. »
C’est avec cette phrase que commence le message posté sur Facebook par l’argentine María Susana Laborde, relayé par BuzzFeed.
Un message qui a sonné comme le début d’un effet boule de neige médiatique. Après tout, pourquoi les femmes ne sont-elles pas autorisées à montrer leurs tétons sur les plages dans ce pays, alors que les hommes peuvent être torse nu ?
Une vingtaine de policiers pour trois paires de seins nus
Il y a deux semaines, María Susana passe une journée avec des ami•es sur la plage de Necochea, située à 500 km de la capitale Buenos Aires. Elle décide avec deux copines de bronzer sans haut de maillot de bain.
Toujours dans son post Facebook, elle témoigne :
« Selon la police, nous étions donc en train de faire de l’exhibitionnisme ! J’ai expliqué au policier qu’il se trompait, que je n’avais pas du tout l’intention d’exhiber quoi que ce soit.
Je voulais juste aérer mon corps et lui faire prendre le soleil comme peuvent le faire les hommes. »
Petit à petit, la situation prend de l’ampleur. Sur la plage, deux groupes distincts se forment : celui qui soutient ces femmes, et celui qui souhaite qu’elles se rhabillent.
Finalement, celles qui étaient venues bronzer torse nu décident de s’en aller.
Ce qui aurait pu n’être qu’un triste événement anecdotique devient rapidement viral suite à la vidéo témoin tournée pendant l’arrivée des forces de l’ordre.
Une policière : « La prochaine fois que l’on vient, je te passe mes menottes et je t’emmène au commissariat. Parce que tu ne peux pas être dans l’état dans lequel on t’a trouvée ».
En Argentine, l’exhibitionnisme est un délit
Selon France Info, les policiers qui sont intervenus sont en fait dans leur bon droit
.
Ils se basent sur une loi datant de 1973, promulguée pendant la dictature militaire, expliquant que le délit d’exhibitionnisme obscène exposé à la vue d’un tiers est puni d’une amende allant de 1 000 à 15 000 pesos (soit de 59 à 882€).
Fiona, 26 ans, a été interrogée par France Info. Elle explique son point de vue.
« Il y a des plages faites pour ça [bronzer topless, NDLR]. Les gens ne sont pas habitués. Ça passe par l’éducation.
On est du genre à beaucoup regarder celui qui est à côté de nous. Peut-être qu’avec le temps, ça pourrait être modifié. »
En Argentine, une manifestation seins nus pour dénoncer le sexisme
Alors pour que ça bouge, des centaines de personnes se sont réunies à Buenos Aires. Cet incident n’est que la goutte d’eau qui fait déborder le vase du sexisme dans ce pays de forte tradition catholique.
Interrogée par The Independant, Grace Prounesti Piquet, photographe, explique :
« Dans de nombreux endroits, quand les femmes rapportent des violences liées à leur genre, on ne les écoute pas. Mais quand des femmes montrent leurs seins, on leur envoie soudainement la police. »
Sur Internet, de nombreuses personnes viennent également apporter leur soutien sous le hashtag #Tetazo, comprenez téton.
« Mon dieu, Helen ! Tu ne peux pas aller comme ça à la plage ! C’est obscène ! »
« Si tu enlèves ton soutien-gorge, 20 policiers arrivent. Si on te l’arrache, il n’y a personne. »
Le téton n’est qu’un symbole et la lutte continue
Finalement, plus mes recherches ont avancé sur cette affaire, plus je me suis rendu compte que cet incident n’était que le symptôme d’un pays souffrant encore de trop nombreuses violences sexistes.
En octobre dernier, un énorme mouvement se créait autour du cas de Lucia Perez, une adolescente violée et tuée. Une grève symbolique et des manifestations réunissant des milliers de personnes avaient eu lieu. Une témoin racontait alors au Monde :
« Son cas a servi de détonateur pour réclamer justice pour toutes les femmes qui souffrent de la violence machiste. »
Malgré ces crimes sexistes, la lutte continue. Et continuera jusqu’à ce que l’égalité soit acquise.
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