Je voulais vous partager une problématique récurrente dans mon couple : les désaccords à répétition entre mon mec et moi au sujet des enfants, au sujet de leur éducation.
Hier soir en rentrant d’une course vers 19h30, je suis arrivée chez moi et, avant même d’avoir ouvert la porte, j’ai senti (entendu) que l’ambiance était explosive. Je suis entrée et c’était en effet le tohu bohu le plus total. Les jumeaux ne voulaient pas dîner, les grands jouaient au foot dans le salon. Le mari était furieux, à bout de nerf, il proférait des menaces à tout-va. Alors je suis intervenue, je lui ai demandé pourquoi il s’énervait, est-ce que c’était pas un peu exagéré. Voyant le peu d’effet de ma remarque, j’ai ajouté, avec un ton exaspéré : « t’as vraiment pas de patience ». Est-ce que c’était une bonne idée ? Non, car le mec s’est aussitôt énervé. « Ouais, t’arrives à 20h comme une fleur, et tu te permets de la ramener, ça fait 1h qu’ils font des conneries. »
A. est un père merveilleux, un mari adorable, mais il est un peu soupe au lait et légèrement omniscient, il s’emporte facilement avec les jumeaux en plein “terrible two”. « Vous voulez dormir dehors , non alors mangez? » Oui, ça lui arrive de proférer ce genre de menace dont il ne pense pas un mot. Ça me met hors de moi.
« Tu leur passes tout »
Moi, je ne sais pas pourquoi, mais j’ai une patience infinie avec mes petits derniers. Ils peuvent balancer leur assiette, malaxer leur yaourt en me regardant, retourner toute leur chambre, j’arrive à rester calme, je leur parle doucement en ramassant les coquillettes éparpillées sur le sol, c’est terrible de ramasser des pâtes collantes sur un parquet. Souvent, quand papa craque, j’arrive à la rescousse entourant de mes bras le pauvre enfant malmené. Je lui dis alors qu’il exagère, lui me rétorque que je leur passe tout, je lui réponds qu’un enfant de 2 ans et demi ne fait pas de caprice. « Je sais de quoi je parle quand même, j’ai quand même beaucoup lu et écrit là-dessus ! » Il déteste quand je lève les yeux au ciel avec cet air qui veut dire « tu es à côté de la plaque ».
Chacun est persuadé d’avoir raison
Concernant les grands, il trouve que parfois je m’acharne sur eux : c’est vrai, je manque de patience, la goutte d’eau qui fait déborder le vase et me fait sortir de mes gonds, le mom rage s’empare de moi. Cette semaine, en deux jours, ils ont englouti les trois quart de ma commande Leclerc de goûters, avec cette spécialité de laisser les paquets vides dans le placard. Mon deuxième n’écoute rien en ce moment, tout lui passe au-dessus, il est d’une insolence rare et pense que tout lui est dû. Dur de garder son calme, je lâche régulièrement un « J’en peux plus de vous ! » , ça m’arrive même de dire, « J’vais me casser de cette famille » C’est violent ? Ne me jugez pas. D’un côté je passe tout aux jumeaux, de l’autre je ne tolère pas le moindre écart avec les pré-ados. C’est une question d’usure psychologique, comme le capital soleil, je crois qu’ils ont usé une bonne partie de leur capital mère.
Un parent se dispute en moyenne huit fois par mois avec le co-parent au sujet de l’éducation !
Dans un couple égalitaire ou les charges du quotidien sont à peu près partagées, où les parents sont impliqués, comme nous, les frictions sur l’éducation sont donc quotidiennes. Selon une étude de 2015, relayée par le DailyMail, un parent se dispute en moyenne huit fois par mois avec le co-parent au sujet de l’éducation des enfants. Et le sujet le plus susceptible de provoquer l’une de ces disputes est la discipline. Le fait de céder aux crises de colère apparaît comme la deuxième cause la plus courante. D’autres désaccords ressortent comme la menace d’une punition qui n’est pas mise à exécution. Intéressant : laisser les enfants dormir dans le lit parental fait également partie des dix choses les plus susceptibles de provoquer des conflits.
C’est OK de se disputer devant les enfants
Déjà, avant toute chose je voudrais dire à celle et ceux qui me lisent : c’est OK de se disputer devant les enfants. Arrêtons de culpabiliser. C’est même sain, quand il y a du respect, que les enfants voient qu’on peut ne pas être d’accord, mais quand même s’aimer très fort. « Les disputes sont une forme de communication. Les désaccords et le besoin de résolution sont naturels et font partie de la vie de famille », explique la chercheuse Penny Mansfield dans un article du site anglo-saxon Parents. Pour la spécialiste, l’erreur que font les parents est de démarrer une dispute devant les enfants, mais de ne pas y mettre fin devant eux, alors que ces derniers ont besoin de connaître la résolution.
Cela étant dit, c’est jamais agréable de se prendre la tête, surtout que les enfants peuvent en pâtir. Quelle est la crédibilité de celui qui reproche à l’autre quelque chose que lui-même faisait la veille. C’est dur de se remettre en question, de ne pas juger l’autre dans l’instantanéité, de prendre en compte le contexte, avant de se permettre une réflexion désagréable. Qui doit trancher ? Quel est le rôle d’un père, d’une mère ? Sommes-nous au même niveau ?
J’ai identifié quelques pistes de résolution
- Essayer de faire front commun devant les enfants même si on a un désaccord et reporter à plus tard. Très difficile à appliquer. Quand on se retrouve à deux le soir devant la télé et qu’on peut enfin se détendre, aucune envie de revenir sur la dispute du déjeuner.
- Rester fidèle à ses convictions : sur quels principes on ne veut pas transiger ?
- Reconnaître que l’autre parent peut aussi avoir raison. Oui je dois admettre que mon fils aîné travaille mieux quand on lui met la pression et je n’étais pas du tout d’accord avec ça à la base.
- Laisser tomber certaines choses qui nous font inutilement transpirer : la quantité d’écran que l’autre a décidé et qui ne vous convient pas, le menu du soir « Comment ça, de la viande loir maintenant ??”
Enfin, je vous conseille la lecture de ce post du compte Insta Yeswebloom. Je ne suis pas fan de développement personnel, mais je trouve ce compte assez bien fait. La coach liste 5 attitudes (inconscientes) qui contribuent à créer des conflits dans le couple. Alors, combien en cochez-vous ?
Ce billet est extrait de la newsletter hebdomadaire de notre rédactrice en chef Candice Satara, « Le Balagan ». Candice est mère de quatre garçons âgés de 2 à 12 ans. Pour la recevoir, vous pouvez vous abonner gratuitement ici.
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