Magalie Vaé, grande gagnante de la Star Academy en 2005, a sorti son nouveau clip avant-hier. Comme elle semble réalisée avec le budget d’un déjeuner acheté chez Picard, la vidéo de Chercheur d’or fait pas mal parler d’elle en des termes plutôt méprisants.
Mais moi, j’achète souvent mon déjeuner chez Picard et je ne fais pas dans le petit-budget-shaming alors c’est pas forcément ça qui m’a choquée. Décryptons ensemble (ou plutôt, « laisse-moi te dire ce que je vois ») le clip de Chercheur d’or, que je t’invite à regarder et écouter pas plus tard que tout de suite :
Un homme marche dans la rue. Il s’appelle Jonathan. Il a peur, il semble perdu. Dans son esprit vibre l’angoisse de ne savoir trouver une origine à ce bruit de synthé si old school. Ça lui rappelle son papa, son papa qui jouait de l’instrument pendant qu’il petit-déjeunait ses Kinder Pingu quand il était petit, son papa qui sentait bon le tabac froid, l’eau de Cologne et la sueur, un peu, aussi. Quand il rentrait du travail, son papa, il sentait aussi le fromage, parce qu’il était fromager-producteur-vendeur à Sarreguemines. Jonathan, son fromage préféré, c’est le Saint-Nectaire. Ça lui rappelle son papa.
Pour se changer les idées, Jonathan va faire remplir des documents administratifs à des dames blondes dans un bar. Il fait ça parfois, le dimanche après-midi, quand il n’y a pas Les Experts à la télé. Avant il faisait ça sans organisation, mais depuis quelque temps il est inscrit à l’amicale du Formul’air de Metz et ça occupe une bonne partie de son temps libre. Quand il était petit, Jonathan rêvait de travailler au Pôle Emploi.
Il passe un bon moment, jusqu’à la faute : alors qu’il aide Sabrina à remplir son dossier pour la CAF, il oublie d’écrire en majuscules dans les cases. Saoulée de devoir à nouveau imprimer un formulaire, elle le gifle et s’en va. Les gens ont parfois des réactions un peu poussives, il faut bien l’avouer.
Faut le comprendre aussi : Jonathan est drôlement déconcentré par une fille qui chante des trucs comme « Sur le labrador jusqu’au désert salé ». Ça le déconcentre parce que déjà, il voit pas bien ce qu’il foutrait sur un labrador (il est trop grand et ses pieds toucheraient par terre) et que ça lui évoque Youki, son fidèle compagnon canin décédé en 2011. Il n’a pas pu vérifier sur Wikipédia que le Labrador n’était pas qu’un joli chien, mais aussi une région canadienne.
Magalie Vaé passe alors à côté de lui. Il la suit du regard, parce qu’il l’avait vue à la télé période Star Academy et qu’il a bien envie d’un autographe pour le montrer à ses amis. Alors il la suit, mais il oublie son stylo et comme Magalie sort sans manteau elle doit pas en avoir sur elle non plus. « Ce serait trop con de passer à côté d’une opportunité pareille
», qu’il se dit. « Tu peux crier, tu peux chanter, jamais tu ne pourras l’oublier », renchérit la Magalie Vaé dans son esprit comme pour bien remuer le couteau dans la plaie.
Jonathan, ça lui fout la rage, parce que non seulement il a pas de stylo, mais il a EN PLUS perdu de vue Magalie Vaé. C’est pour ça que cette dernière lui chante « C’est plus la peine de chercher à revoir encore ses cheveux dorés ». Elle dit « ses cheveux dorés » comme elle pourrait dire « ses deux dents de lait » ou « sa tranche de pâté » ; vraisemblablement, c’est pour la rime. J’espère qu’elle est au courant qu’elle est brune, et que ses cheveux sont donc aux antipodes du doré. Moi j’aurais bien proposé « ses cheveux de jais », ça aurait été plus raccord, mais enfin que veux-tu, on me demande pas mon avis et après on fait n’importe quoi.
« Combien de montagnes de pierre auras-tu cassées ? », chante Magalie. Et là franchement, je commence à me dire qu’ils en font un peu trop, tous les deux. Casser des montagnes pour trouver un stylo, franchement, c’est un peu fort de café, faudrait voir à pas déconner à lui donner des idées, comme ça. Pourquoi pas lui proposer de tuer quelqu’un, pendant qu’on y est ? Et puis l’autre là, qui court comme un fou dans le centre-ville à la recherche d’une papeterie, ça n’a pas de sens à l’ère de Google Maps. C’est bon, mec. Magalie elle te fait un tweet et banco.
Heureusement, il retrouve la chanteuse, toute auréolée de paillettes, dans une boulangerie à la devanture rose. Trop soulagé d’avoir enfin trouvé sa perle rare, hypnotisé par l’éclat du fard à paupière jaune comme l’or de Maga, il lui roule la pelle de sa vie, mais sans la langue.
Enfin une histoire qui se termine bien, puisque les deux nouveaux tourtereaux finissent par s’aimer tout deux sur un pont, contre un arbre, et au carrefour entre Beausoleil, la maison d’arrêt et le palais de justice. Comme ça, au beau milieu de la route, car l’amour n’a pas de loi, oh non non.
Écoutez Laisse-moi kiffer, le podcast de recommandations culturelles de Madmoizelle.
Les Commentaires
Hahaha! Tu as illuminé ma journée!