Le 14 juin dernier, un bateau avec à son bord jusqu’à 750 migrants faisait naufrage au large du Péloponèse, en Grèce. Ces derniers jours, les témoignages des survivants ont dénoncé l’indifférence des gardes-côtes grecs et de l’agence Frontex face aux nombreux appels à l’aide des passagers.
Cet épisode tragique est pratiquement passé à la trappe. Une indifférence difficile à accepter, surtout au regard de l’emballement médiatique suscité par le Titan, ce petit sous-marin parti explorer les restes du Titanic, avec à son bord, des personnalités ultra-fortunées, et dont la disparition le 18 juin a tenu en haleine le monde entier des jours durant.
Comment expliquer que la société banalise à ce point la réalité de ces vies perdues chaque année en Méditerranée ? En Europe, les politiques migratoires semblent parfois à l’image de la brutalité de notre indifférence. Heureusement, des associations, des collectifs, des activistes, des avocats, et parfois même des dirigeants, se battent pour changer la donne. Mais le chemin à parcourir reste vertigineux.
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Cet article est co-financé par le programme Erasmus+ de l’Union européenne.
Check-Europe c’est quoi ? Un projet européen visant à donner les clés de compréhension à ses citoyens afin qu’ils puissent non seulement identifier les fake news, mais aussi devenir des acteurs à part entière de la lutte contre celles-ci.
Ce projet fait d’autant plus sens en prévision des élections européennes qui se dérouleront du 6 au 9 juin 2024 et qui nous concernent tous en tant que citoyen.
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Parmi les quelques rescapés du naufrage grec, aucune femme. Ces dernières avec les enfants, relayées dans la cale pendant la traversée meurtrière, ne sont pas parvenues à s’extirper du navire.
Aujourd’hui, en Europe, elles représentent pourtant 51,2 % de l’ensemble des migrants, bien que leur rôle dans la migration reste foncièrement invisibilisé. On pense encore trop souvent la migration au masculin, ou à travers le prisme familial. Et lorsqu’on conçoit l’exil des femmes, on les relègue uniquement à un rôle passif, comme le relève l’autrice et chercheuse Laura Oso Casas :
Nous sommes passés, au long des années, de l’invisibilité de la femme immigrée, de son inexistence comme actrice sociale reconnue, à la visibilité de la migration féminine, mais réduite à un rôle passif, la femme étant un simple accompagnant de l’homme migrant, avant d’arriver à conceptualiser la figure de la femme comme protagoniste de la migration, actrice économique, actrice sociale et actrice du développement.
À quoi cette vision biaisée est-elle due ? Est-ce parce que nous voulons à tout prix cantonner la femme à la sphère domestique, et laisser le voyage et l’action à l’homme ? Des stéréotypes sexistes et hétérocentrés ont-ils biaisé notre compréhension de la migration ? Si tel est le cas, quelle influence cela a-t-il sur la manière dont nous concevons nos politiques migratoires ? Comment cela impacte-t-il l’expérience des femmes qui immigrent en Europe et ailleurs ? Existe-t-il (ou faut-il) une approche genrée de la question ?
Aujourd’hui, les statistiques le montrent : les femmes migrantes connaissent de plus grandes difficultés à l’intégration, notamment au niveau de l’accès à l’emploi. Les femmes migrantes diplômées et hautement qualifiées, constituent par exemple le groupe social le plus surqualifié et sous-employé en Europe. Elles sont aussi davantage exposées à des violences sexistes et sexuelles durant leur trajet et après la migration. Pendant et après la migration, à quoi ressemble la réalité de ces femmes, et quelle est notre responsabilité, en tant que pays européens ? Le projet de loi immigration, que le gouvernement doit finalement présenter à la rentrée, prendra-t-il la mesure du sujet ou pénalisera-t-il davantage les femmes migrantes ?
Pour en parler, Elisa Covo, journaliste société, recevra Yollande Bena, réfugiée politique originaire de la République démocratique du Congo, Delphine Rouilleault, directrice générale de l’association France Terre d’Asile, Maître Élodie Journeau, avocate en droit d’asile et des réfugiés et Camille Schmoll, géographe spécialiste des questions de genre et de migration.
La migration des femmes en Europe
Une émission animée par Elisa Covo, journaliste société à Madmoizelle,
en partenariat avec Les Jeunes Européens.
cofinancée par le programme Erasmus +.
Lundi 3 juillet de 19 heures à 21 heures
sur la chaîne Twitch de Madmoizelle
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