Souvenez-vous, en mai dernier, alors que nous étions à la manif « Sexisme – Ils se lâchent les femmes trinquent », nous avons été alpagués par une femme à propos de notre nom, pour nous rappeler que mademoiselle signifiait « bonne petite femme de maison », et qu’il ne fallait pas se faire appeler mademoiselle. À la question « a-t-on le droit de se faire appeler mademoiselle et de se revendiquer féministe ? » elle nous a clairement répondu « non » (cf la vidéo ci-dessous à 3’36).
Le débat ressort aujourd’hui : dans cet article de 20 Minutes daté du 26 septembre, Julie Muret, d’Osez le Féminisme ! annonce le début d’une campagne anti-mademoiselle, avec les Chiennes de Garde. Un site, madameoumadame.fr, devrait être mis en ligne sous peu. Pour elle, c’est « très symbolique des inégalités ». En effet, beaucoup ne trouvent pas ça normal que les hommes n’aient droit qu’à « monsieur », alors que le statut des femmes est affiché par un Madame ou un Mademoiselle. Pour elles, la solution se trouve dans la suppression totale du terme « mademoiselle ».
Oui mais voilà, nous sommes encore nombreuses à tenir à notre mademoiselle. Et ici, nous sommes sur madmoiZelle.com. Notre position est difficile à cacher. La preuve, depuis ce matin, on nous fait des clins d’oeil sur Twitter à ce sujet.
Bien que nous comprenions la démarche, et que nous soyons d’accord sur le côté inégal de cette double dénomination pour la femme, nous tenons encore à notre mademoiselle. Et nous trouvons assez injuste que cette campagne rejette complètement les jeunes femmes qui s’accrochent à ce terme en les taxant d’anti-féministes. Nous ne pouvons donc pas être mademoiselle et féministe – c’est incompatible. Une campagne féministe, destinée donc a priori à rassembler les femmes pour se battre pour leur propre cause, qui exclut un paquet de femmes au passage, ça paraît un peu radical.
C’est ce genre de campagne qui crée le fossé entre les femmes qui se revendiquent féministes et celles qui, au contraire, rejettent totalement cette notion, parce qu’elles la trouvent trop connotée. Dans nos forums, on lit encore souvent « ah non, moi je suis pas féministe/c’est que des enragées/je ne me sens pas concernée par leurs combats ».
N’est-ce pas terriblement contre-productif d’en arriver, sur une cause aussi noble, à faire de jeunes femmes modernes du XXIème siècle, des ennemies d’un combat qui devrait être celle de toutes les femmes ? C’est gâché, comme dirait l’autre.
Le meilleur montage de notre histoire.
La définition première du féminisme, selon un dictionnaire tel que Le Petit Robert, est la suivante : « doctrine, mouvement qui préconise l’extension des droits, du rôle de la femme dans les sociétés ». En se basant simplement sur cette définition, combien d’entre vous peuvent dire qu’elles ne se sentent absolument pas concernée ? Partant du principe qu’on ne peut pas être femme sans être féministe, que dire des femmes qui revendiquent leur statut de mademoiselle ?
Si on peut comprendre parfaitement la position de celles qui se battent contre, n’est-il pas temps, Camarades féministes, de faire preuve d’un soupçon de souplesse dans vos propos ? Faut-il vraiment utiliser un discours si radical et exclure toutes les femmes qui n’y adhèrent pas ? Et dites-nous, on fait comment, nous, on doit se faire appeler Madame.com ? Ou bien on reste madmoiZelle.com et on reste derrière nos fourneaux ? Existe-t-il un juste milieu, quelque part, dans le combat féministe ?
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Écoutez l’Apéro des Daronnes, l’émission de Madmoizelle qui veut faire tomber les tabous autour de la parentalité.
Les Commentaires
Or, ce titre n'est, à la base, octroyé aux femmes que lorsqu'elles se marient, et par conséquent quand elles changent le nom de leur père pour celui de leur époux. Du coup, histoire d'aller vraiment dans le sens de l'égalité, ne devrait-on pas toutes revendiquer plutôt de rester toujours des "madmoiZelles" ?