Madame Butterfly, c’est d’abord une pièce de théâtre, que Giacomo Puccini adapte en opéra. Il sera joué pour la première fois en 1904, avec un succès très relatif (pour ne pas parler de désastre), avant d’être remanié et présenté à nouveau quelques mois plus tard. Il connaîtra alors un véritable triomphe.
Drame tout en émotion, l’œuvre raconte l’arrivée d’un jeune officier américain au Japon. Il tombe sous le charme d’une sublime geisha, et l’épouse par caprice. Mais la belle prend cet acte très au sérieux.
Benjamin Lacombe adapte l’opéra sur papier, et nous offre ici un superbe livre-objet d’une incroyable délicatesse.
Signant les illustrations, mais aussi les textes, l’auteur se réapproprie l’histoire avec ses propres mots, sa propre sensibilité, en s’inspirant également de Madame Chrysanthème
, l’œuvre de Pierre Loti.
Commençons par les mots, justement. Le récit est beau, puissant. L’histoire prend son temps, toute en pudeur et en retenue. Pinkerton en est le narrateur, aveuglé par sa naïveté et son égoïsme, n’écoutant rien d’autre que ce désir ardent de posséder cette fragile jeune femme, dont la beauté le rend fou. On reste silencieux, écoutant religieusement l’histoire qu’il nous raconte, pressentant pourtant une issue douloureuse.
Au beau verbe répondent les images, illustrations pleine page, voir doubles pages, à la peinture à l’huile, imprimées sur un papier glacé qui sublime encore les couleurs éclatantes, la finesse du trait, l’élégance des regards et des postures, sans oublier bien sûr les incroyables kimonos que porte la demoiselle-papillon, comme des ailes.
Les dessins de Benjamin Lacombe sont un instant suspendu, un souffle retenu. Un moment de calme, de voyage et de méditation, où la beauté est partout, même — et peut-être surtout — dans la tristesse d’un regard ou dans la mort. La belle geisha a sous son trait une aura envoûtante, captivante. Et même si Pinkerton agit mal, on ne peut que comprendre ce qui chez elle lui a fait perdre la raison.
Le livre, très grand format, se dévore pourtant avec facilité. Conçu en éventail, il peut se lire normalement ou se dérouler en un seul long bandeau, et recèle au verso une frise muette et incroyablement poétique où le visage de la jeune femme se mêle aux fleurs et aux oiseaux, dans une danse troublante dont on ne peut détacher les yeux. De ce côté les dessins sont réalisés au crayon et à l’aquarelle, offrant une atmosphère différente, plus froide et mystérieuse.
Madame Butterfly, paru aux éditions Albin Michel, coûte 29,90€ et les vaut très largement tant il est beau, raffiné, travaillé dans ses moindres détails. Voilà une belle idée de cadeau à demander au Père Noël….
Vous pourrez le trouver sur Amazon et chez votre libraire préféré.
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Les Commentaires
Et puis il était mon client dans l'ancienne librairie où je travaillais... Je l'ai toujours trouvé un peu imbu, genre, "coucou c'est moi, où est le tapis rouge?" brrrr...