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Cinéma

Mad Max Fury Road, un pétage de plombs hallucinant et magistral

« Mad Max Fury Road », le très attendu reboot de la licence, est en salles depuis jeudi. C’est une fresque grandiloquente de très très haute qualité, à ne pas rater sur grand écran !

Cet article est garanti sans spoilers !

Ça fait des mois que les bandes-annonces et images promotionnelles de Mad Max Fury Road circulent sur Internet. Des mois que la barbe rêche de Tom Hardy et le crâne quasi-rasé de Charlize Theron me font compter les jours avant le jeudi 14 mai, jour de sortie de ce reboot très attendu présenté au Festival de Cannes 2015.

Et jeudi soir, malgré une cheville pétée dans un regrettable incident impliquant Uptown Funk et un sol mouillé, malgré mon incapacité à utiliser des béquilles et la pluie qui rendait glissante la route vers le cinéma, j’étais les fesses vissées dans mon siège, prête à me faire souffler par ce que le tout-Internet appelait déjà « le meilleur film d’action de ces dix dernières années ».

Énorme pression pour une licence que je connais mal. Mes attentes ne concernaient donc pas l’aspect « reboot de film culte » mais bien l’œuvre Fury Road en elle-même… et la dernière fois que j’ai été aussi impatiente de voir un film d’action, c’était The Dark Knight Rises. Autant dire que j’avais un poil peur d’être déçue.

J’AI PAS ÉTÉ DÉÇUE.

Mad Max Fury Road, une course-poursuite qui ne s’arrête jamais

Je ne vais pas vous résumer le pitch de Mad Max Fury Road ; ayant vu le film sans rien savoir de l’intrigue, je me suis délectée de découvrir plan après plan ce monde post-apocalyptique peuplé de personnages hallucinants et hallucinés, à des années-lumière de tout réalisme sombre comme Hollywood l’aime ces dernières années.

Disons simplement que Max (Tom Hardy) et Furiosa (Charlize Theron) filent à travers le désert, poursuivis par une armée de « War Boys » au crâne rasé, drogués à l’adrénaline et aux vapeurs toxiques. Leur seul but est d’échapper à la meute pour atteindre un objectif qui reste longtemps assez flou.

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« Mais c’est pas un peu chiant, deux heures de course-poursuite en bagnole ? » : non. Oh non, tellement pas. Mad Max Fury Road est merveilleusement bien rythmé ; on se surprend à reprendre son souffle, littéralement, à la fin d’un enchaînement bourré d’action, en même temps que les personnages… avant la prochaine attaque. À mesure que les véhicules aux airs de cauchemars avalent les kilomètres, le paysage se modifie, on découvre de nouvelles populations, de nouveaux décors.

Entre deux bagarres époustouflantes, les personnages prennent leur temps mais ne s’arrêtent quasiment jamais : soigner une blessure, réparer une fuite du moteur ou inspecter les roues ne nécessite pas de pause. Tout est en mouvement à travers ce désert aux couleurs saturées, le bleu cru du ciel faisant face à l’ocre insolent de la poussière terrestre, et on imagine ces montagnes stoïques depuis des millénaires, à peine ébranlées par la fureur des pneus dévorant la piste.

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La vacuité des bisbilles humaines face à la violence aléatoire des éléments

« Montrer plutôt que dire », un credo qui fonctionne

Mad Max Fury Road, tout comme ses personnages fonçant à pleine vitesse, ne perd pas de temps. À peine a-t-on le droit à une courte introduction, toute en voix-off rauque, au début du film, et c’est PARTI. George Miller n’est pas du genre à enchaîner les scènes d’exposition riches en dialogues destinés au public plutôt qu’aux différents interlocuteurs : on démarre, bon sang !

Alors pour comprendre ce monde aussi taré que ses habitant•e•s, pour saisir les enjeux et le niveau de démence dans lequel ces humain•e•s évoluent, le réalisateur montre, plutôt que de raconter.

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D’où vient l’influence du « méchant-en-chef » ? Qu’est-ce qui motive les si jeunes « War Boys » à risquer leurs vies ? Où est-ce que Furiosa fonce avec l’énergie du désespoir ? Qui est Mad Max, et après quoi court-il ? Toutes les réponses se dérouleront au fil du long-métrage, sans être expliquées mille fois mais avec assez de subtilité pour intégrer directement l’esprit du public.

Bien des scènes que j’avais trouvées assez incompréhensibles dans la bande-annonce, comme les plans où Max, équipé d’une muselière, est attaché à l’avant d’une voiture ou celles où il se balade au sommet d’une perche, trouvent tout leur sens et s’intègrent parfaitement dans le scénario. Si son histoire reste globalement simple, Fury Road fourmille de détails favorisant l’immersion dans cet univers devenu fou.

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Keskispass ?

Des personnages hauts en couleurs slalomant dans la folie

Mad Max Fury Road déroule en deux heures une longue liste de personnages absolument fascinants — c’est limite si je ne souhaite pas un spin-off sur chacun d’entre eux, histoire de creuser ces personnalités délirantes.

Bien sûr, il y a Max le taiseux, qui grogne plus qu’il ne parle mais dont les expressions faciales, parfois hilarantes, méritent tous les grands discours du monde. Il y a Furiosa la guerrière, qui sait rester humaine, qui se bat à mort plutôt que de s’avouer vaincue, mais qui a peur, qui a mal, qui voudrait pouvoir espérer. Il y a Nux (Nicholas Hoult), un « War Boy » aux lèvres desséchées et aux yeux écarquillés, qui ne rêve que de s’éteindre avec un BANG pour prouver sa valeur. Il y a toute une brochette de personnages féminins diversifiés, de femmes fortes et faibles, effrayées et courageuses, combatives et aimantes, curieuses et lâches.

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Et puis il y a les (plus ou moins) gros méchants : l’improbable Immortan Joe (non, ceci n’est pas une faute de frappe), avec son masque à oxygène repoussant et sa voix façon Dark Vador. Les nombreux « War Boys » qui, même si on ne les voit que quelques minutes, même s’ils finissent souvent happés par la tornade, au cœur d’une explosion ou jetés hors des véhicules aux moteurs ronflants, ont tous leur façon d’être et sont bizarrement reconnaissables malgré leur physique similaire. Le monstrueux « People Eater », avec son costume trois-pièces. Et j’en passe !

Tous ces personnages créent des enjeux cohérents (et haletants), transforment ce qui aurait pu être une course-poursuite dont on se fout un peu en un combat épique dans lequel chacun donne tout ce qu’il a. Quand on reprend son souffle après une bagarre particulièrement intense, on compte aussi les disparu•e•s, on se demande qui manquera à l’appel au prochain plan large…

Mad Max Fury Road, roller coaster de prouesses techniques

C’est le moment où j’envoie un énorme big up à l’ensemble du casting (Tom ♥), mais avec un prix spécial du JuryMymy que je n’avais pas forcément vu venir, pour Nicholas Hoult, alias Nux le « War Boy ».

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On pourrait se dire qu’avec autant de scènes d’action, le développement des personnages (en-dehors de Max et Furiosa) passerait un peu à la trappe. On aurait tort. Nux a un arc scénaristique riche et complet ; Nicholas Hoult apporte juste ce qu’il faut de subtilité à ce très jeune homme violent et fou… sans que ce ne soit vraiment de sa faute. Et tenir le coup face à des acteurs aussi confirmés et impressionnants que Tom Hardy et Charlize Theron, quand on est encore pour une bonne partie du public « le mec de Skins », moi j’trouve ça beau.

Et puis, bien sûr, il y a le reste. Le visuel. Le tsunami de folie qui se déverse directement du grand écran à nos rétines effarées.

George Miller, qui était déjà à l’origine de Mad Max il y a trente ans, est un réalisateur à l’imagination débordante. Le monde détruit qu’il met en scène dans Fury Road est rendu réaliste par une myriade de détails (le film mérite vraiment d’être vu plusieurs fois). La veste râpée de Max, la prothèse de Furiosa, les piques sur les pneus des voitures, les modifications corporelles, les tatouages… tout apporte du sens à un univers qui en a désespérément besoin, et suggère des personnages construits, avec un passé complexe qu’on ne demande qu’à découvrir.

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Que dire de l’action ? Difficile de trouver les mots pour décrire ce tsunami de capots surchauffés, de corps brûlés par le soleil, tailladés par le sable, cet enchaînement d’explosions, cette galaxie d’attaques et de contre-attaques qui semble ne jamais devoir finir. Difficile d’exprimer la façon dont le pouls accélère à chaque cascade, chaque mort, chaque coup de poing qui frappe fort et juste, pas dans une caricature de super-combattants mais avec la rage d’humains bien réels.

Une violence graphique, mais jamais gratuite

Dans Mad Max Fury Road, on souffre, on hurle, on grogne, on tire, on pousse, on frappe, on écrase, on arrache. On bande ses plaies et on s’abreuve comme si toute l’eau de la Terre allait disparaître. On affronte le sable, les balles, le feu, les grenades.

C’est un film violent, mais accessible à tou•te•s car si elle est grandiloquente et totalement folle visuellement, cette violence n’est pas gratuite. Point d’os qui se rompent avec un détestable bruit sec, point de doigts dans les yeux ou de membres sectionnés : la plupart des corps passent sous les roues ou disparaissent dans la poussière soulevée par les véhicules toujours en mouvement.

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Du coup, les rares moments où l’on s’appesantit sur la douleur ressentie par un personnage prennent une dimension bien plus importante, viscérale, humaine. Les combattant•e•s pleurent, saignent, espèrent, maudissent. La violence de leur envie de vivre devient un repère dans un monde qui en manque cruellement. George Miller préfère laisser hors-champ une vengeance brutale, et la suggérer en s’attardant sur le vainqueur nettoyant son visage ensanglanté — si vous voulez mon avis, il a bien raison.

Mad Max Fury Road, en conclusion…

Je pourrais prendre encore une heure et vous parler de la musique du film, absolument parfaite, dans laquelle les percussions lourdes font écho aux coups de poings, vous parler de ce guitariste halluciné qui lance des flammes, de ce rythme obsédant, quasi-tribal, qui hante Fury Road. J’aurais pu vous parler des effets spéciaux (mais aussi des cascades vraiment réalisées) à couper le souffle, des choix de cinématographie qui n’en finissent plus d’être intelligents et originaux. J’aurais pu m’étendre sur tout ce qui n’est que suggéré et que je voudrais découvrir plus amplement.

J’aurais pu, encore et surtout, parler de l’aspect féministe de Fury Road, mais le sujet m’intéresse tellement qu’il fera l’objet d’un article à part !

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À lire aussi : Comment le féminisme a changé mon rapport à la pop culture

Alors en conclusion de cet article déjà pas super court, je vous dirai, vous vous en doutez, d’aller voir Mad Max Fury Road. Sur grand écran. Pas forcément en 3D (je l’ai vu en 2D et la 3D n’apporte pas grand-chose, selon de nombreux retours). En V.O.S.T. si vous le pouvez, car le boulot des personnes en charge des sous-titres est à saluer : de nombreux néologismes et mots inventés, souvent très bien trouvés, enrichissent les dialogues. Et non, y a pas besoin d’avoir vu les Mad Max précédents, même si ça apporte un petit « plus » à ce reboot !

C’est malheureusement pas tous les jours qu’on peut voir un film, surtout d’action, qui ne prend pas le public pour une bande de benêts, qui ose aller au bout de son concept et de son esthétique incroyable, porté par un tel casting. Ce serait dommage de ne pas en profiter.


Les Commentaires

47
Avatar de Aryksa
19 juillet 2015 à 23h07
Aryksa
Tiens c'est marrant je reçois la notification d'un message sur ce sujet, à l'instant où je reviens du cinéma voir MadMax. Du coup, je me vois dans l'obligation de venir poster mon amour pour ce film owant:
Donc voilà. C'était magique. Et je pensais avoir été spoilée plus que de raisons avec tout les gifs postés sur Tumblr mais en fait pas du tout ! Donc bonne surprise !
(Cela dit je suis triste parce que je croyais que la fin
Contenu spoiler caché.
(Et sinon ça faisait également un bien fou de voir tant de femmes dans un film d'action, loin des clichés habituels de la femme fatale/femme objet. Et donc de pouvoir regarder un putain de film, sans soupirer et lever les yeux aux ciels (ça devient rare) o/)

Par contre je n'étais pas du tout au courant (et je ne m'étais pas posée la question non plus) de la pollution et la dégradation de l'environnement qu'avait engendré le film ._.
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