Urgence climatique : deux mots qui n’ont rien d’opaque et semblent pourtant créer la confusion chez nos dirigeants. Le 11 mai dernier, le président Emmanuel Macron l’a bien montré, réclamant à l’Union européenne une « pause » dans les règles environnementales. Une demande appuyée par le Premier ministre belge, qui a cru bon de ne pas « surcharger la barque » en matière de normes environnementales. Face à une planète en surchauffe, il n’y a visiblement que les politiques qui peuvent se permettre de rester frileux.
La Commission européenne monte au créneau
Ces requêtes ne sont pas au goût du numéro 2 de la Commission européenne, Frans Timmermans, qui l’a fait savoir vendredi 2 juin 2023 lors de la Conférence Jacques Delors à Paris : « On n’a pas le luxe de pauses, ni dans la politique climatique ni dans la protection de notre biodiversité », a-t-il rétorqué, en réaction à la proposition hors sol d’Emmanuel Macron au sujet du Pacte Vert. Peu importe si les banquises fondent, le président français ne compte pas se mouiller : « Appliquons et allons au bout [du Pacte vert de la Commission européenne, ndlr] », « mais n’en rajoutons pas plus ». Après tout, l’Europe est en avance sur les autres puissances mondiales, a-t-il argumenté, donc à quoi bon se mettre la rate au court-bouillon ?
Évidemment, ses propos, doublés de ceux du premier ministre belge, ont provoqué un tollé : « La crise climatique s’accélère » a rappelé Frans Timmermans. « 60 %, même plus, des terres européennes sont en mauvaise condition, on est en train de perdre nos abeilles, on est en train de créer des périodes de sécheresse qui éviteront de la production agricole sur des surfaces énormes ».
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La biodiversité au cœur des débats
Depuis plusieurs semaines, des débats musclés font rage autour de la loi de restauration de la nature, texte central du Green Deal. Celui-ci prévoit la restauration de 20 % des zones naturelles de l’Union européenne d’ici à 2030, à travers une liste d’objectifs jugés « contraignants » par de nombreux États membres et eurodéputés. La source de leurs réticences ? L’impact potentiel que cette législation pourrait avoir sur la production agricole. Loin de se soucier des écosystèmes déjà (très) fragilisés par l’action humaine, le groupe parlementaire PPE (majoritaire et à droite), a par ailleurs réclamé un moratoire sur un texte de loi prévoyant une réduction de l’usage des pesticides. Preuve que profit et rentabilité sont des notions bien mieux comprises que celle d’urgence climatique.
Pourtant, « Sans protection de la nature, le Green Deal fera faillite parce qu’une grande partie des mesures que nous avons décidées dépendent de la capacité de la nature de capter du carbone. Une terre morte ne capte pas du carbone », a martelé M. Timmermans. « Sans volet nature il n’y a pas moyen de protéger l’Europe et le monde contre la crise climatique ». À bon entendeur.
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