Depuis la publication de la tribune de soutien à Gérard Depardieu lundi 25 décembre, le cinéma français ne cesse de se fracturer, notamment parmi les signataires. Depuis les révélations quant à la proximité avec l’extrême droite de l’initiateur du texte, Yannis Ezziadi, de nombreuses personnalités s’en sont désolidarisées, comme Carole Bouquet, Nadine Trintignant ou encore Gérard Darmon.
« J’ai signé en oubliant les victimes »
L’acteur et metteur en scène Jacques Weber, lui, a dénoncé son propre « aveuglement » dans une tribune nommée « Coupable », publiée par Mediapart lundi 1er janvier. Il regrette lui aussi d’y avoir apposé sa signature.
« J’ai par réflexe d’amitié signé à la hâte, sans me renseigner, oui j’ai signé en oubliant les victimes et le sort de milliers de femmes dans le monde qui souffrent d’un état de fait trop longtemps admis », commence par écrire le cinéaste. Dans son texte, il use de formules fortes pour dénoncer sa position initiale. Il écrit : « Ma signature était un autre viol ».
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Il estime que le cinéma français ne doit pas « pas empêcher la vérité d’éclore » ni user de son pouvoir pour « empêcher les consciences de s’ouvrir ».
« L’écartèlement entre les devoirs de l’amitié et ceux de l’homme, du père et du citoyen aurait pu encore m’aveugler si je n’avais vu de mes propres yeux, vu et entendu ces derniers jours une femme exprimer une violence, une émotion, un déchirement, un désespoir que je ne mesurais pas. J’ai saisi ce que pouvait signifier la douleur qui ne se refermera jamais. Dans le livre collectif « Moi aussi » je lisais que les survivantes sont les seules à pouvoir comprendre les autres survivantes. Je le sais à présent.
Jacques Weber.
Moi aussi – MeToo, au-delà du hashtag, ouvrage collectif coordonné par Rose Lamy
Il dénonce ainsi : « Si l’on a été coupable d’accepter des comportements désormais inacceptables sur les plateaux de cinéma et de théâtre, alors oui je fus coupable ».
Plusieurs contre-tribunes
Suite à la publication de la tribune de soutien dans Le Figaro, plusieurs « contre-tribunes » ont depuis été signées, dont une, écrite par le collectif « Cerveaux Non Disponibles », qui compte 8 000 artistes signataires. Dernier texte en date, celui publié lundi 1er janvier par Libération, nommé « L’art n’est pas un totem d’impunité ». Cette tribune a été signée par 150 personnalités du monde de la culture, dont les comédiennes Muriel Robin, Alexandra Lamy, ou encore Swann Arlaud.
À ce jour, Gérard Depardieu est mis en examen pour viol depuis 2020, après une plainte de la comédienne Charlotte Arnould. Deux autres plaintes ont été déposées contre lui depuis, tandis qu’en mai dernier treize femmes ont pris la parole dans Mediapart pour dénoncer les comportements de l’acteur, qui continue de nier en bloc.
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