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Source : Sunny Studio
Daronne

Ma fille a invité une copine en vacances, je dois tout payer pour elle ?

La Daronne répond à vos questions en essayant de ne pas être trop à côté de la plaque.

La Daronne est la reine des conseils pas si cons enrobés dans une grosse dose d’humour plus ou moins subtil. La voici de retour pour voler au secours d’une lectrice.

La question pour la Daronne

Chère Daronne

J’ai une fille de neuf ans. Elle est très sociable et depuis toujours, elle aime inviter ses amis lorsque nous faisons des activités, et même en vacances. En soi, cela ne me dérange pas du tout, surtout que nous vivons seulement toutes les deux, mais plus les enfants grandissent, moins les parents de ces amis nous accompagnent et je me retrouve souvent à tout payer : le ticket, la glace, parfois même des petits cadeaux, si ma fille en voit un qui nous plait à toutes les deux, je me vois mal l’acheter devant l’autre enfant sans lui en offrir un aussi…

Pour les sorties ponctuelles, ça va encore, mais l’année dernière, ma fille a invité une copine en vacances et si ses parents m’ont chaudement remercié, ils n’ont pas proposé de participer et mes frais ont été multipliés par deux. Je comprends que certains parents n’aient pas les moyens et je n’ai rien dit, mais j’ai dû restreindre les sorties, car mon budget ne pouvait pas suivre.

Cette année, ma fille veut recommencer avec une autre amie et, si je suis d’accord sur le principe, je ne veux pas payer pour deux pendant une semaine. Je fais quoi ? Et qu’est-ce que je suis censée demander ?

Anna

La réponse de la Daronne

Mon petit bigorneau,

Voici une question pragmatique comme je les aime. Cela ne signifie pas pour autant que je sois certaine de la réponse à t’apporter puisque tu sais que dans notre culture latine, parler d’argent, c’est tabou et sans précédent. Personnellement, je crois que dans ce contexte, le mot tabou est un synonyme du terme « bien pratique quand même » mais bon.

Cela dit, je compatis. Il m’est arrivé la même chose que toi, il y a quelques années. J’avais un enfant et je m’en sortais bien niveau budget. Ensuite, un deuxième garnement est venu s’incruster lors de nos voyages et de nos loisirs. La seule différence, c’est que c’est moi qui ai fabriqué ce nouveau copain, mais crois-moi, ça me gonfle aussi de tout payer fois deux.

Pour résumer, la vie, c’est cher, et tout le monde n’a pas les moyens (ni l’envie) de prendre un enfant extérieur entièrement à charge pendant une semaine. Mais, alors, comment on fait pour satisfaire sa gosse sans se faire plumer ?

Idéalement, les parents sont censés aborder le sujet spontanément

Lecteurs, dites-moi si je me trompe, mais il me semble que dans le cas où notre enfant a été invité à passer les vacances chez un autre, il est naturel de s’enquérir des conditions éventuelles, non ? Tout dépend du contexte, évidemment. Deux jours dans une maison de famille, ce n’est pas la même chose qu’une semaine à l’hôtel. Pourtant, la moindre des choses, c’est de se renseigner sur la hauteur de notre contribution et si possible de l’anticiper. Par exemple, si le trajet se fait autrement qu’en voiture, il faut garder en tête qu’on devra prendre en charge – assez logiquement- le billet de l’engin qui mènera notre chérubin sur son lieu de vacances.

Sur place, encore une fois, tout dépend du programme. Par exemple, si les deux gamins sont inscrits à une activité en particulier, tu vas probablement devoir prendre l’activité en charge. En ce qui concerne les frais du quotidien, en fonction de l’âge de l’enfant, tu pourras lui confier des sous (et des instructions), ou effectuer un virement à la famille du montant convenu.

Envisager ces frais à l’avance te permet déjà de considérer la faisabilité de l’invitation. C’est possible que tu ne puisses pas couvrir cette hypothétique somme. J’en parle dans le paragraphe suivant, il faudrait pouvoir discuter tranquillement du sujet, mais je comprends parfaitement que tu n’oses pas et préfères refuser d’avance face à l’hypothétique somme à avancer. Cela dit, à titre personnel, je pense que c’est bien de mettre les pieds dans le plat.

Et si on osait parler d’argent ?

On vit dans une société capitaliste et consumériste à outrance et l’on n’ose même pas se parler d’argent. Résultat, on ronge notre frein en spéculant sur les raisons qui peuvent expliquer le comportement radin, tendance impolie des autres, on a l’impression d’être spoliée. On se sent pousser des ailes grises de crasse dans le dos et un petit bec noir et blanc sur le visage. Et accessoirement, on n’ose pas demander d’augmentation, ni comparer son salaire avec celui des copains mâles pour leur prouver qu’on se fait entuber, mais excuse-moi, je m’égare, ce n’est pas le sujet du jour. Revenons à nos biftons !

Je ne prétends pas que tout le monde possède une bonne raison d’ignorer volontairement les questions qui fâchent. Certains profitent de ce qu’ont les autres, sans honte ni motivations particulières, mais la vérité, c’est que si tu n’abordes pas le sujet, tu n’en sauras jamais rien.

Est-ce que les parents de l’année dernière étaient particulièrement privilégiés et n’ont même pas imaginé une seconde que tu puisses attendre une compensation ? Au contraire, n’avaient-ils pas les moyens de contribuer et ont préféré faire comme si de rien n’était, parce qu’on vit dans une société pourrie où ne pas avoir de pépettes, c’est la honte ?

Je ne sais pas. Mais, je sais qu’à force de ne pas parler de ces questions pratiques, on s’enlise dans des situations désagréables. Si tu savais combien de fois, j’ai dépensé au-dessus de mes moyens, car je n’osais pas dire que ce restaurant ou ce concert ne rentraient pas dans mon budget ? Beaucoup trop. Si au lieu de se faire des ronds de jambe en espérant que l’un propose ou que l’autre suggère, on se mettait à table directement pour aborder la question, ce serait si simple.

Et moi, cette année, je te propose d’être celle qui va oser. Si tu crains de passer pour une ratonne, rassure-toi. Celui qui te trouve pingre parce que tu n’offres pas le séjour tous frais payés à son enfant, n’aurait pas été d’une grande utilité dans ta vie.

Alors, si le projet de vacances à plusieurs se confirme, c’est le moment d’inviter les parents de la copine à prendre un verre d’eau à la maison pour discuter les différents détails logistiques. Et t’assurer que le sujet soit traité avant la fin de l’entrevue :

« C’est toujours un peu délicat d’aborder les choses de cette façon-là, mais je voulais aborder la question financière avec vous. Serait-il possible de couvrir les billets de train et l’activité plongée / prévoir un peu d’argent de poche pour certaines activités ? »

Oui, c’est cash (comme l’argent, hu hu. Pardon), et chirurgical. Et pour être parfaitement honnête, non, en France ça ne se fait pas de demander des sous de cette manière. Mais, est-ce que deux minutes de gênes sont plus dramatiques qu’un découvert en période d’inflation ? Je ne pense pas.

Si tu te retrouves face à des parents qui n’ont pas les moyens, c’est à toi de voir. Je ne peux qu’encourager tout geste généreux à l’égard d’enfants qui ont moins de chance que les nôtres, mais ce n’est pas toujours possible matériellement. En fonction de tes moyens, tu peux donc demander à ces parents une contribution à la hauteur de leurs moyens à eux, ou simplement leur expliquer que tes finances actuelles ne te permettent pas de prendre en charge un deuxième enfant. Ce n’est ni leur faute, ni la tienne, si vous vivez dans un système qui ne destine ses loisirs qu’à ceux qui ont des billets.

Refuser les vacances ou proposer des activités bon marché

Si la situation se reproduit, tu as parfaitement le droit de refuser d’emmener d’autres enfants en vacances ou dans vos virées, même si ta fille te le réclame. Au pire, elle te fera la tronche, mais comme elle a neuf ans, elle réalisera rapidement qu’elle ferait mieux de te pardonner si elle veut bouffer chaud pour le dîner.

Tu peux aussi réfléchir à ce qui est le plus important, et le plus épanouissant pour vous : une semaine à plusieurs, quitte à faire moins d’activités payantes, ou des visites tarifées. Une semaine entre copains n’a pas forcément besoin de loisirs hors de prix, une pelouse ou un bord de lac, c’est chouette aussi.

Allez je te laisse, j’ai des gourdes à remplir avec de l’eau du robinet,

La bisette,

Ta daronne


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Les Commentaires

33
Avatar de Samsayonara
26 juin 2023 à 12h06
Samsayonara
Du coup, si la petite a vu avec sa mère et que l'invitation a été faite dans les règles, je comprends mieux. Je dirai que si on propose à des parents d'inviter leur petite pour des vacances, on assume alors l'invitation; si on a la bonne surprise d'avoir une proposition pour participer ou un petit cadeau, c'est bien, sinon, il ne faut pas s'en plaindre. Voilà pourquoi je râlais pour cette histoire d'invitation sans autorisation au pied du mur; sans vouloir passer pour une rapiat ^^ ; parce que si je peux inviter un camarade, c'est que je sais que j'ai les moyen de l'emmener partout.
0
Voir les 33 commentaires

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