Depuis cinq ans – date de son premier lancement en France -, le défi Dry January incite les Français·es à surveiller leur consommation d’alcool en s’astreignant, durant les 31 jours que dure le mois de janvier, à ne boire ni vin, ni bière, ni toute autre boisson alcoolisée.
Cette année encore, le challenge réunit de nombreux·ses participant·es, curieux·ses à l’idée de questionner leur rapport à l’alcool et motivé·es à l’idée de réussir leur pari, qu’il s’agisse ou non de leur première tentative, et que cette dernière ait été une réussite ou non. Et c’est une excellente chose : selon Santé Publique France, 41 000 décès étaient attribuables à l’alcool en France en 2015. Les études montrent quant à elles que l’alcool, même consommé à faible dose, n’est pas sans risque pour la santé.
Mais pour les participant·es au Dry January, refuser durant tout un mois toutes les occasions qui nous sont offertes de boire n’est pas une chose facile. Comment ajuste-t-on sa vie sociale quand tout le monde boit et nous pas ? La tentation de replonger est-elle forte ? Trois lectrices ont accepté de nous parler de leur choix de suivre le Dry January et de ce qu’elles attendent de ce défi.
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« Avec l’âge, on encaisse beaucoup moins bien l’alcool »
Pour Eva*, 32 ans, faire le Dry January s’est un peu décidé sur un coup de tête, après un réveillon du Nouvel An un peu trop arrosé.
« Le lendemain, j’avais une bonne petite gueule de bois et je n’avais pas du tout prévu de commencer l’année dans cet état. Avec l’âge, on encaisse beaucoup moins bien l’alcool, même en petite quantité. J’ai dû boire 3-4 verres maximum, mais ça a suffi pour que j’ai mal à la tête le lendemain. Je veux éviter cet état : passer la journée du lendemain en ayant mal à la tête, en ne faisant rien… Le ratio bonne soirée/lendemain pourri fait que j’ai envie d’essayer. Je veux pouvoir profiter de mes journées post-soirées sans être mal. »
La jeune femme, qui se décrit comme « quelqu’un d’assez compétiteur », décide donc de se lancer ce défi à elle-même, même si de son aveu, son rapport à l’alcool n’a rien de problématique et est même « assez classique ».
« Oui, j’aime boire des verres quand je sors dîner avec mon compagnon ou avec mes ami·es. Ça peut aussi nous arriver avec mon compagnon de nous dire : ‘tiens, et si on s’achetait une bouteille de vin en mangeant un bon dîner ?’. Je ne sais pas si ce défi va changer mon rapport à l’alcool, puisque je n’ai pas forcément un rapport compliqué – du moins je ne pense pas. »
Pourtant, même rapport compliqué à l’alcool, Eva a déjà eu l’occasion d’appréhender les difficultés de relever durant un mois entier le challenge du Dry January :
« J’ai déjà eu l’occasion de refuser ce fameux verre de vin pour accompagner le dîner avec mon compagnon, ça l’a un peu surpris. Je ne sais pas s’il me croit capable de tenir tout un mois sans boire, en tout cas il n’a pas fait de réflexion désobligeante. » Elle s’attend aussi à faire l’objet de « taquineries » lors des dîners ou événements entre ami·es. « Mais ce que je trouve positif par rapport à des personnes qui peut-être, ne boivent pas du tout, c’est que là on va avoir cette excuse du mois sans alcool, et que les gens n’insisteront pas trop. »
Eva ne prévoit d’ailleurs pas spécialement d’ajustement de sa vie sociale pour le mois de janvier même si le verre de vin qu’elle s’accorde le vendredi soir comme « récompense de la semaine qui se termine » lui manque un peu. « Il faudra peut-être trouver autre chose de satisfaisant, une autre petite récompense, je ne sais pas encore laquelle. Je n’ai pas encore essayé les mocktails, dont plusieurs ami·es m’ont parlé. »
Quant aux effets, Eva espère surtout, elle qui est sujette aux migraines, en diminuer la fréquence.
« On m’a parlé d’autres effets : qu’on se sent mieux, qu’on a plus d’énergie, qu’on a une plus belle peau… Ne consommant pas d’alcool tous les jours, je ne sais pas si je vais voir une grosse différence. »
Relever ce challenge l’incite en tout cas à sortir davantage, et à prendre plus soin d’elle. « Si je continuerai après ? Je ne sais pas. Peut-être pas de manière si drastique, mais on verra. Si je trouve d’autres alternatives, je continuerais peut-être le défi. »
* Le prénom a été modifié.
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« Je veux retrouver un équilibre et une routine plus saine »
Cyrine, de son côté, n’en est pas à son premier Dry January. La jeune femme de 27 ans a déjà tenté par deux fois l’expérience, avec plus ou moins de succès.
« La première fois, j’ai tenu 72 heures. La deuxième, ça s’est plutôt bien passé. Mais c’était à l’époque du Covid, donc je sortais moins. »
Cette année, Cyrine souhaite à nouveau relever le défi, « pour essayer de retrouver un équilibre et une routine un peu plus saine ».
« Je voudrais briser cet automatisme qui consiste à toujours demander un verre de vin quand je suis au café. Bref, j’ai un peu envie de me reprendre en main.
Cette année, j’aborde cela avec moins de pression en me disant que le but n’est pas vraiment de tenir, mais plutôt de tester et surtout d’essayer de changer ma mentalité. C’est d’ailleurs pour cela que j’ai commencé le 7 janvier et non le 1er. J’avais l’anniversaire d’une amie et je me suis laissé un dernier week-end pour en profiter. »
Cyrine a le souvenir d’avoir « perdu pas mal de poids (ou à défaut les rondeurs autour du ventre » lors de son premier Dry January réussi, même si ce n’est pas sa motivation principale. Elle appréhende, elle aussi, la pression sociale autour de l’alcool.
« L’une des plus grosses difficultés, c’est de voir que tout le monde autour de moi boit, et donc de me laisser tenter. »
« J’ai un rapport à l’alcool festif, qui peut parfois être un peu problématique »
Adélaïde, elle aussi, a une première expérience réussie de Dry January qui l’a incitée à la recommencer cette année. Sa principale motivation ? Être en forme.
« Je ne pensais pas être autant en forme l’an dernier, durant tout le mois de janvier. J’ai eu la pêche tous les jours du mois et des dimanches sans gueule de bois. J’ai pu aller faire des footings, aller au marché, faire des balades… J’avais aussi un moral au top et j’ai perdu deux kilos un peu sans effort, c’est super agréable. »
Autre intérêt à arrêter de boire pendant un mois, selon la jeune femme de 42 ans : faire des économies d’argent.
« Avant de faire mon premier Dry January, j’étais un peu dans le déni, je ne voulais pas savoir combien je dépensais dans l’alcool. Cette année, avec l’argent économisé (200-250 € je pense), je vais me faire un cadeau, et c’est une motivation super agréable. Un appareil photo, un beau sac à main… »
L’année dernière, Adélaïde n’avait pas rencontré de difficultés particulières pendant son premier Dry January, hormis peut-être « deux soirées où elle ne s’est pas sentie tellement à sa place », elle qui était abstinente temporaire. Elle a toutefois eu la chance de pouvoir compter sur un ami qui faisait, lui aussi, le défi du mois sans alcool.
« J’ai le souvenir d’une soirée en appartement l’an dernier où on avait amené de quoi faire des cocktails sans alcool et on s’était super amusés. On a aussi lancé un blind test pour qu’on puisse tous s’amuser sans avoir besoin de passer à l’alcool. C’est une expérience hyper positive. »
Pour rester motivée, Adélaïde a aussi téléchargé l’application Try Dry, qui permet de cocher chaque jour la case « je n’ai pas bu d’alcool ». « C’est très satisfaisant », commente-t-elle.
Car arrêter de boire permet aussi de porter un regard plus lucide sur son rapport à l’alcool. C’est ce qui s’est passé pour Adélaïde :
« J’ai un rapport à l’alcool festif mais un peu problématique, je ne dis jamais non au dernier verre quand le bar ferme. L’an dernier, ça a été la première fois où j’ai été au moins huit jours sans boire d’alcool. Je n’ai pas d’enfant, je bois tous les week-ends, et j’ai un problème, c’est que j’ai du mal à m’arrêter. Je suis assez fêtarde, donc mon rapport à l’alcool est compliqué. Je ne suis pas en gueule de bois tous les week-ends, mais pas loin, et les lendemains sont assez difficiles.
J’aime beaucoup me réunir avec mes amis, on va dans des bars, à des concerts… L’alcool fait partie de ma vie. L’an dernier, je m’étais dit que ce serait cool de complètement arrêter de boire, mais pour le coup, je ne suis pas complètement prête. Je ne sais pas si je pourrai continuer d’avoir la vie sociale que j’ai si je ne buvais plus du tout d’alcool. Il faudrait que je m’interroge là-dessus, ce sont en tout cas des questions que je me pose. Un jour, j’arrêterai sûrement complètement. »
C’est aussi parce que son premier Dry January lui a fait prendre conscience de sa propre consommation qu’Adélaïde réitère ce défi cette année :
« J’ai réalisé, en regardant les autres boire, le nombre de verres que je buvais moi-même et ça m’a fait peur. J’ai notamment pensé à tous ces verres inutiles que je prenais par automatisme. Ça m’a permis d’ajuster ma consommation pour le reste de l’année. »
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