On le sait bien : s’engager à prendre chez soi un chien, un chat, un hamster ou même un poisson rouge n’est pas une décision que l’on prend à la légère. Car, en plus d’apporter à ces petites bêtes l’attention et l’amour dont elles ont besoin au quotidien, il va aussi falloir dépenser de l’argent pour leur bien-être.
Et pas qu’un peu. D’après une enquête Ifop réalisée en novembre 2022 pour le média spécialisé Woopets, les Français·es dépenseraient 59 € par mois pour nourrir leur fidèle compagnon, ce qui revient à 708 € par an. À cette dépense, s’ajoutent d’autres frais tels que les soins vétérinaires, les jouets et accessoires, les assurances, le gardiennage. Ce qui fait grimper la facture à 943 €. Soit 125 € de plus qu’en 2020.
Mais pour certain·es, les frais sont encore plus élevés. C’est le cas de nos trois lectrices qui, au nom de l’amour qu’elles portent à leur animal, ont vu leur dépenses considérablement augmenter, notamment en raison des frais vétérinaires. Elles nous racontent.
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Clémentine : « J’ai dépensé plus de 2 000 € de frais de vétérinaire pour sauver un de mes chats »
Je vis depuis bientôt 17 ans avec mes deux chats, Isis et Akhenaton (Mimi et Kéké, dans la vie de tous les jours). Cela fait donc plus de la moitié de ma vie partagée avec eux.
Ils sont frère et sœur, issus d’une même portée d’une chatte errante qui a mis bas dans notre jardin. J’avais 11 ans à l’époque, et je me suis beaucoup occupée d’eux, même avant qu’on décide de les adopter. Je suis vite devenue leur deuxième « maman », si on peut dire ça comme ça.
Malgré les bêtises et les miaulements qui parfois m’empêchent de dormir, mes chats m’apportent aussi beaucoup d’amour et d’affection. Je suis la seule personne en qui ils ont confiance et qu’ils aiment vraiment. En 17 ans, on a tissé un lien très fort, on a besoin de la présence de l’autre – quand je m’absente plus d’un week-end, ils sont assez malheureux et ressentent un vrai manque. C’est à la fois mignon et embêtant.
Je dirais que le plus précieux selon moi, c’est de les avoir sauvés de la rue – leur mère est morte trop tôt pour qu’ils sachent se débrouiller seuls. Je les chouchoute et eux, me donnent énormément d’amour. Je pense que si on ne les avait pas recueillis, ils n’auraient pas survécu plus de quelques années. Ça m’apporte beaucoup de réconfort de les voir se prélasser au chaud à la maison, dans un environnement confortable et sans danger.
Les principales dépenses les concernant sont clairement les croquettes et les médicaments ! Je leur donne depuis longtemps des croquettes vétérinaires, qui reviennent facilement à 40 € par mois, et les deux prennent un traitement à vie pour les reins, qui me revient environ à 30 € par mois. Les frais de garde et de vétérinaire restent occasionnels.
Mais quand Isis a été gravement malade il y a 2 ans, j’ai dépensé en moins de 2 mois plus de 2 000 € de frais de vétérinaire pour la sauver. Tant pis pour les économies, je voulais à tout prix sauver mon chat, qui avait très peu de chances de s’en tirer – mais on a réussi, et aujourd’hui elle va très bien. Même quand tout va bien, j’estime dépenser environ 1 000 € par an pour eux deux – nourriture, hygiène, médicaments, visite annuelle chez le vétérinaire.
Quand il s’agit de les soigner, je ne compte plus, je tiens bien trop à eux, tant pis si cela me prive de sous que j’avais prévus pour autre chose. Je sais qu’avec ces 2 000 € de véto, j’aurais pu me payer de jolies vacances, mais je n’ai qu’une Isis. Les vacances, j’en aurai d’autres.
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Ariane : « J’ai dû emprunter plusieurs fois à ma famille et à mes ami·es pour les soins »
Mon chat est une femelle tricolore qui répond au nom de Phoebe. Enfin, elle répond de moins en moins, car son ouïe n’est plus ce qu’elle était. À 17 ans, même l’ouverture d’un sachet de croquettes ne la réveille plus. Elle était âgée de six mois lorsque je l’ai prise à la SPA.
Phoebe a été de tous les aléas de mon existence, a connu tous mes déménagements. C’est un chat très tranquille, qui aime le calme mais malgré ça, elle a pu s’adapter sans trop m’en vouloir… Elle communique beaucoup et possède une palette de miaulements assez étendue donc, je peux comprendre assez facilement ses mécontentements et elle les exprime très souvent haut et fort.
Jusqu’à ses 12 ans, elle n’a pas coûté cher, pas de maladie, pas de régime spécial, seulement quelques petits incidents dû à une grande maladresse : une luxation de la rotule (elle avait loupé sa descente de l’échelle du lit de ma fille) et une canine cassée (en tombant du lit sur le bureau).
Mais depuis 5 ans, ça s’est compliqué. Elle souffre d’insuffisance rénale, alors je dois lui acheter des croquettes spéciales hors de prix (entre 45 et 50 € les 4 kg pour environ 3 mois). Il faut aussi compter les visites, une à deux fois par an chez le vétérinaire, qui vont de 60 à 120 €. Ce qui n’est pas non plus inconsidéré, mais étant désormais au RSA, j’ai dû emprunter plusieurs fois à des ami·es ou à ma famille pour les soins.
À présent, elle est suivie dans la même clinique vétérinaire et je précise toujours ma situation financière, ce qui m’évite pas mal de tests inutiles au vu de son âge, ils sont assez conciliants.
C’est vrai qu’il y a des moments où j’ai évité de l’emmener alors qu’elle aurait dû recevoir certains soins. Et cela arrive encore aujourd’hui. Je devrais refaire voir ses yeux, mais mes finances actuelles ne me le permettent pas. À la place, j’achète du sérum physiologique et pour les puces, je la passe au peigne. Elle déteste, mais j’économise sur les produits anti-puces qui coûtent un bras.
Pour le reste des dépenses, elle ne joue plus, elle n’a pas de panier ni d’arbre à chat. Je vis dans une maison avec jardin, elle se contente de petites balades et de dormir au soleil.
L’avenir risque d’être pénible car effectivement, elle va avoir plus de besoin, et surtout elle est plus près des chrysanthèmes que des dragées du baptême… Et cela va me plonger dans beaucoup de tristesse. J’en ai conscience. Les coûts par rapport au bien-être que me procure le fait d’avoir un chat ne compte absolument pas dans la balance. Je sais que j’aurais toujours moyen de trouver des sous pour pouvoir partager ma vie avec eux, le plus longtemps et le mieux possible.
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Margaux : « Avoir un animal malade, c’est une vraie charge mentale »
J’ai adopté ma chatte Gyoza via une association en mai 2021. Mon hamster venait de mourir, et avec mon copain de l’époque, on s’était dit que c’était le bon moment pour avoir un autre compagnon.
C’est une chatte adorable, ma compagne de vie, presque comme une enfant. Elle m’apporte un vrai réconfort, un soutien émotionnel. Le soir, elle m’attend quand je rentre du travail pour que je la câline.
Mais le problème, c’est qu’elle est malade. Elle a un coryza (une maladie respiratoire fréquente et extrêmement contagieuse, qui est incurable, ndlr), ce que je ne savais pas lorsque je l’ai adoptée. Depuis que je l’ai, il n’y a pas un mois où elle n’a pas été malade.
J’avais budgété les croquettes, la litière, tous ces frais de base qui auraient initialement dû me coûter environ 40 € par mois. Mais à ça, s’ajoutent des frais vétérinaires très élevés et surtout récurrents. Je n’ai pas le détail exact de combien j’ai dépensé pour Gyoza depuis que je l’ai adoptée, mais on ne doit pas être loin des 3 500 €.
Pendant sa première année, je l’ai emmenée chez le vétérinaire au moins une fois toutes les deux semaines. À 60 € la consultation, sans compter les médicaments (en moyenne 100 à 200 €), je vous laisse faire le calcul ! Il y a aussi eu les radios, les examens neurologiques (700 €), l’opération des dents (600 €), les complications suite à l’opération (200 €)…
Au début, nous étions deux, donc nous nous répartissions les frais. Mais à partir de juin 2022, c’est moi qui ai dû tout payer toute seule car je me suis séparée de mon copain. Et depuis, je suis à découvert tout le temps, je n’arrive pas à me remettre à flots. C’est vraiment lourd.
La pire conséquence de son coryza a été une gingivite : les dents de Gyoza se déchaussaient, elle ne pouvait pas manger, elle avait mal. J’ai tenté les traitements pendant 6 mois avant de la faire opérer. J’ai alors ouvert une cagnotte, car je ne pouvais pas prendre en charge seule tous ces frais. Cela m’a permis d’obtenir 450 €, je n’ai donc eu à payer que 250 € de ma poche. J’ai été très touchée par le fait que mes proches et mes ami·es m’aident à financer cette opération, dont elle avait vraiment besoin.
J’ai hélas dû faire des sacrifices par rapport au bien-être de mon chat. Alors que je lui donnais des croquettes vétérinaires, j’ai fini par lui acheter des croquettes moins chères. Depuis quelque temps, elle fait une allergie, elle se gratte compulsivement jusqu’au sang, mais je n’ai pas payer pour des examens pour connaître la source de ses allergies. Ça me fait beaucoup culpabiliser.
J’ai aussi dû rogner sur mon bien-être à moi. Je n’ai aujourd’hui plus du tout d’argent de côté. Je prie pour qu’il ne m’arrive aucun problème car je ne pourrai pas faire face financièrement.
L’avenir m’angoisse beaucoup. Gyoza n’a que 2 ans, je me dis que vivre encore ainsi pendant 17 ans va être très compliqué. Avoir un animal malade, c’est une une vraie charge mentale, comme peut l’être un enfant. Dès qu’elle miaule, j’ai peur de découvrir un nouveau problème, une nouvelle infection. Je suis tout le temps inquiète.
Mais je l’aime, c’est mon chat. Beaucoup de gens ne comprennent pas que je dépense autant pour elle. Elle passe avant tout le reste, et tant pis si je m’endette.
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