On est nostalgiques de Chucky et Annabelle, ces poupées plus vraiment flippantes mais obsédées par l’idée de tuer. Alors, autant dire que l’on a accueilli l’annonce de la sortie de M3gan avec sympathie. Et vous savez quoi ? Le film a été une bonne surprise !
M3gan, de quoi ça parle ?
M3egan est un miracle technologique, une cyber-poupée dont l’intelligence artificielle est programmée pour être la compagne idéale des enfants et l’allié le plus sûr des parents. Conçue par Gemma, la brillante roboticienne d’une entreprise de jouets, M3gan peut écouter, observer et apprendre tout en devenant à la fois l’amie et le professeur, la camarade de jeu et la protectrice de l’enfant à qui elle est liée.
Quand Gemma devient tout à coup responsable de sa nièce de 8 ans, Cady, dont les parents sont décédés soudainement, n’est absolument pas prête à assumer son rôle. Débordée et sous pression au travail, elle décide de lier son prototype M3gan à la petite fille, dans une tentative désespérée de résoudre ses problèmes sur ces deux fronts.
Une décision qui va entraîner d’épouvantables conséquences…
Un film de poupée original
Partagées avant la sortie du film, les premières images de M3gan, à base de danses TikTok robotiques, nous avaient fait présager un film plutôt terrifiant. En fait, c’est bien mieux que ça : du début à la fin, M3gan ouvre à fond les vannes du millième degré et assume un tel parti pris d’autodérision qu’il en devient particulièrement drôle et comme on pouvait s’en douter, ultra cringe.
En cela, le film est beaucoup plus proche d’un Scary Movie (version pas problématique, et c’est tant mieux) ou d’un Shaun of the Dead qu’un film d’horreur plus traditionnel. N’y allez pas en vous attendant à ne plus dormir la nuit, vous seriez déçu. En revanche, attendez-vous à de grosses tranches de rire, mais aussi à découvrir un conte grinçant sur le capitalisme qui, l’air de rien, donne à réfléchir.
On a comparé M3gan à Annabelle et Chucky : pourtant, le nouveau film estampillé par le maître de l’horreur James Wan est bien plus que qu’une version modernisée et bourrée d’effets spéciaux de tous les films de poupées. Dans la plupart de ces histoires effrayantes, le jouet rime avec possession démoniaque. M3gan ouvre une autre voie, et raconte autre chose.
Des personnages aussi absurdes que le capitalisme
Dans M3gan, une idée est particulièrement géniale : tous les adultes sont tous complètement débiles. Mais vraiment : complètement. Débiles.
Tous les acteurs du film de Gerard Johnstone jouent à fond le jeu de la crédulité, à commencer par Allison Williams (connue pour son rôle dans Get Out) qui incarne à merveille cette tante qui, même si elle est censée être une scientifique surdouée, a systématiquement 55899 trains de retard.
Quand la tante active M3gan pour la première fois, la poupée fait immédiatement ce qu’elle veut et affiche un sourire terrifiant. Autrement dit, dès la première seconde, c’est gros comme un camion que M3gan est une idée catastrophique. Elle n’a même pas besoin de faire semblant d’être obéissante pour créer l’illusion ! Pareillement, alors qu’une série de meurtres sauvages a lieu depuis l’arrivée de M3gan dans le quartier, tout ce que les officiers de police trouvent à dire devant la poupée, qui ne prend même pas la peine d’essuyer le sang de ses victimes dans ses cheveux c’est : « Waw, elle est cool. »
Les adultes sont tellement aveugles face au danger que représente M3gan pour les enfants que c’est à se demander si, en réalité, ils refusent de le voir…
Si M3gan a assez de pouvoir pour devenir une bête sanguinaire, ce n’est pas à cause d’un démon ou d’un mauvais sort mais bien parce que les adultes ne font rien pour l’empêcher. C’est même tout l’inverse : ils la facilitent. Car, à travers Megan, les adultes trouvent leurs intérêts : ils gagnent du temps et de l’argent.
Posez-vous des questions avant de filer un iPad à votre gosse pour vous en débarrasser
Faut-il en conclure que le film nous prend pour des idiots avec des personnages auxquels on ne croit pas une seconde ? Pas du tout !
Si M3gan a assez de pouvoir pour devenir une bête sanguinaire, ce n’est pas à cause d’un démon ou d’un mauvais sort, mais bien parce que les adultes ne font rien pour l’empêcher. C’est même tout l’inverse : ils la facilitent. Car, à travers M3gan, les adultes trouvent leur intérêt : ils gagnent du temps et de l’argent. Au fond, la tante de Cady n’a pas envie de détruire la poupée, car grâce à elle, elle n’a pas à surmonter sa flemme d’éduquer sa nièce. Et en plus, elle devient riche.
Finalement, ce dont parle M3gan à travers la métaphore de cette poupée capable de tous les exploits technologiques, c’est de ces générations d’enfants nés avec des caméras, des algorithmes, des enregistreurs, de TikTok, des intelligences artificielles dans le berceau. Contrairement à Chucky ou Annabelle, M3gan met en scène avec un humour grinçant la façon dont le capitalisme bousille les rapports humains, à commencer par l’éducation des enfants. Et c’est réussi.
Avis aux fans de Black Mirror et aux amoureux du lol : foncez voir M3gan !
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Crédit de l’image à la Une : © Universal
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