Comme beaucoup de séries dont on parle dans cette rubrique, on ne peut pas dire que Luther ne soit pas connue. En revanche, elle ne l’est pas assez. C’est un fait. Elle aussi devrait avoir sa fanbase à l’affût de la moindre information. Le visage d’Idris Elba dans ce rôle devrait orner tous les fonds d’écran de la Terre. Parce que oui, Luther est une série excellente. Une série policière qui fait flipper, un peu, qui tient en haleine, beaucoup, et qui se regarde avec autant de bonheur que d’aisance.
Réalisée par le scénariste et auteur Neil Cross, son premier épisode a été diffusé en mai 2010 sur BBC One. La série n’a connu que trois saisons, avec six épisodes dans la première et quatre dans les deux suivantes. C’est pas beaucoup. C’est pas beaucoup alors je le précise tout de suite, parce que si tu décides à l’issue de cet article de te plonger dans l’univers de la série, autant que tu sois bien au fait que t’en auras pas pour des jours de plaisir.
Luther, c’est une série qui a pour personnage principal John Luther (Idris Elba), un policier qui a sérieusement morflé dans sa vie professionnelle et en paye les conséquences dans sa vie personnelle.
John Luther, un personnage flippant et attachant
Oui, je sais ce que tu penses : le rôle du flic torturé, qui en a chié dans sa vie et perd plus ou moins pied, c’est un élément tellement récurrent qu’on tombe facilement dans le cliché. Mais le fait est que c’est parfois extrêmement bien fait. C’est le cas dans Broadchurch, où David Tennant donne envie de lui faire des câlins autant que de le secouer pour qu’il se décide à essayer d’aller mieux, et c’est aussi le cas pour Luther.
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Quelqu’un s’est peut-être connecté à Internet pendant que John, cette personne relax, passait un coup de fil.
Idris Elba est absolument hallucinant dans le rôle de John Luther (à tel point qu’il a gagné un Golden Globe pour ce personnage). Y a pas à tortiller : non seulement, il est un acteur incroyable, mais il a en plus un charisme assez fou. Il est déjà dingue dans The Wire, en Russell « Stringer » Bell, ce gangster à la classe sans pareil et à l’intelligence presque flippante. Dans Luther, il interprète un antihéros subtil, qui veut sauver les gens en danger et jeter les meurtrier-e-s sous les verrous avec une telle intensité qu’il en perd son sang froid. Totalement déraisonnable, il en devient parfois dangereux. Il est intense avec un I majuscule (et aussi un n, un t, un e, un n, un s et un e majuscules).
Luther en a chié, Luther en chie pour s’en sortir et retrouver la sérénité et la joie de vivre. Il est tellement dévoué à son boulot et à son envie viscérale d’attraper les criminel-le-s qu’il en est obsédé, et s’en oublie lui-même. Pas dans le sens « oh lala je suis si gentil je voudrais sauver l’humanité des méchants vilains », mais d’une façon sombre. On le voit pris dans un tourbillon de désespoir, on le voit ne pas toujours respecter la loi, on le regarde s’enfoncer un peu plus à chaque fois et vivre des accès de violence. Clairement, c’est pas le genre de personnes que tu pourrais surnommer Johnny-Chaton en ayant l’air crédible.
Idris Elba y est complètement dingue, donc : son jeu d’acteur est puissant, on a à la fois envie de lui taper dans le dos amicalement d’un air impuissant pour lui faire savoir notre soutien et de se cacher dans un coin pour pas ne pas subir son ire. Certaines d’entre vous auront peut-être envie d’arracher leur culotte, écrire leur numéro de téléphone sur l’étiquette et lui glisser dans la poche : faut dire qu’il est vraiment beau, Idris, au moins autant qu’une statue. Du genre beau comme un camion, beau comme ton gâteau préféré, beau comme un filtre Instagram sur quelque chose de déjà très très beau. Le James Bond parfait, si je peux me permettre d’en rajouter une couche.
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Alice Morgan : une vraie bonne méchante
COUCOU.
Selon moi, la seule présence du personnage d’Alice Morgan est en soi une excellente raison de regarder Luther. Elle est interprétée par la fantastique Ruth Wilson (qui joue Alison dans The Affair, cette série incroyable sur une relation adultère qu’on ne te recommandera probablement jamais assez (la série, qu’on te recommande. Pas la relation adultère. En même temps eh, tu peux bien faire ce que tu veux)), qui est ici complètement fascinante. Toute en froideur (c’en est clairement pathologique), elle est indispensable dans la série, et elle habite même le programme par son absence lors des épisodes où elle n’est pas là.
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Dans le tout premier épisode de la série, Alice rencontre John Luther parce que ses parents ont été sauvagement assassinés (une véritable boucherie) ; c’est le point de départ d’une relation toute en ambiguité, toute en confidence, en admiration et en rejet entre eux deux. Une relation tout à fait dérangeante, plutôt inexplicable et, finalement, tout à fait sexy à observer à travers un écran. Je souhaite pas particulièrement essayer de te donner envie de regarder la série en te spoilant, mais crois-moi : sans cette relation, sans Alice, qui est tellement badass et troublante et brillante (tellement, tellement brillante), Luther perdrait franchement de son intérêt.
Des intrigues qui valent le coup
Luther, c’est surtout un thriller à chaque épisode. L’ambiance y est pesante, lourde et même un peu suffocante et les enquêtes, sordides. On comprend tellement pourquoi John est devenu ce qu’il est devenu : tu peux pas lui en vouloir d’avoir pété un câble vu la noirceur de son quotidien, la cruauté des crimes qu’il a à gérer. Y a de quoi perdre toute foi en l’humanité, et aucune liste de gifs de chiens sur Buzzfeed ne pourrait rien y changer.
Ce qui fait de Luther une série policière différente de beaucoup d’autres, c’est l’implication, à chaque nouvelle affaire, du policier torturé. Il ne pense qu’aux crimes sur lesquels il bosse et nous emmène avec lui dans son obsession, et on vient à souhaiter qu’il fasse tout ce qui est en son pouvoir et tout ce qui ne l’est pas pour résoudre ces enquêtes qui le rongent.
Mais si j’en dis plus, j’en dis trop, et je ne voudrais en aucun cas en arriver là. Alors fais-moi confiance et lance-toi dans Luther : tu ne devrais a priori pas voir passer les quatorze épisodes déjà tournés. Et une fois que tu les auras fini, tu te raccrocheras, j’espère, à la promesse qu’Idris Elba a faite que la série continuera coûte que coûte – mais peut-être sous la forme d’un film.
En attendant, une adaptation menée par Neil Cross, toujours avec Idris Elba, verra le jour sur la chaîne Fox. Drôlement frustrant quand on préfèrerait avoir la suite de la série britannique, mais eh, pourquoi pas.
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