- Prénom : Lucile
- Âge : 28 ans
- Lieu de vie : Grande ville
- Orientation sexuelle et/ou romantique : Hétérosexuelle
Depuis combien de temps êtes-vous célibataire ?
À ce que je sache, j’ai toujours été célibataire. Ma mère m’a raconté que j’ai eu un amoureux en primaire mais je n’en ai aucun souvenir.
Je n’ai pas non plus vraiment d’historique relationnel. Pendant mon adolescence, lorsque les personnes avaient leurs premières relations de couple, j’avais très peu confiance en moi. J’avais des crushs sur des personnes qui, avec le recul, étaient inaccessibles. Je me rassurais en me disant que j’allais avoir un copain dans un futur proche. J’ai bien eu un garçon qui voulait « sortir avec moi » au collège, j’avais accepté sous la pression de mes amies, mais à cause de ma timidité, je l’ai ghosté. Comme il n’était pas dans mon école, il n’y a pas eu de suite. Je me sens encore coupable aujourd’hui, ce n’était pas très gentil.
On ne peut pas dire que je sois une fille qui a eu beaucoup de succès auprès de la gent masculine. Mais selon mes amies, je suis aveugle face aux signaux qu’on peut me lancer et j’ai tendance à friendzoner inconsciemment. J’ai eu quelques personnes qui m’ont témoigné de l’intérêt mais ce n’était pas des personnes avec qui je me voyais avoir une relation romantique.
Ce n’est que récemment, aux alentours de mes 27 ans, que j’ai eu des petits flirts avec des garçons qui me plaisaient et avec qui je me voyais vivre une histoire. Mais j’ai un réflexe de blocage dès que ça devient trop réel, alors je prends la fuite ou je friendzone. J’ai bien conscience que c’est cruel et je me restreins dans mes échanges avec des hommes car je ne veux vraiment pas les blesser. Je ne peux pas me forcer, même s’ils me plaisent énormément, et je ferai le premier pas quand je serai confiante. C’est une des choses que je travaille lors de ma thérapie.
Comment décririez-vous votre célibat ?
Mon célibat a deux côtés. J’apprécie beaucoup l’indépendance qu’il me procure. En tant qu’introvertie confirmée, j’ai énormément besoin de mon espace personnel et de moments de solitude pour recharger mes batteries sociales. De plus, en ayant toujours été célibataire, j’ai pris l’habitude d’être seule en ayant mes libertés.
D’un autre côté, ne jamais avoir connu de relations et de réel flirt, ni même de baiser, influence beaucoup la manière dont je me perçois. J’ai depuis longtemps peu de confiance en moi, mais j’ai en plus l’impression de ne pas être réellement désirable et d’avoir quelque chose qui cloche, même si je sais que ce n’est pas le cas.
Être en couple devient quelque chose qui m’obsède dans le sens où j’ai envie de me sentir « normale », mais aussi de connaître ce genre de relation de tendresse et de complicité avec une personne spéciale pour moi. J’ai déjà du mal avec ce qui touche à la séduction mais le fait que je sois maintenant en décalage avec les personnes aux alentours de mon âge me fait perdre beaucoup en assurance, et je ne suis pas certaine que je ferai toujours face à des personnes qui comprennent ma situation. Ce que je redoute par-dessus tout, c’est d’être source de pitié ou de ne pas être digne d’être aimée. C’est aussi de plus en plus difficile de me dire que je vais connaître ça un jour, avec le temps qui passe. Mon manque d’expérience est un frein de plus qui me bloquera quand une occasion se présentera. Le sentiment de solitude est parfois pesant. Je vis au travers des histoires d’amour des autres et des personnages fictifs.
Votre célibat a-t-il une incidence sur votre vie amicale ou familiale ?
Au début, ça n’avait pas de réelle influence. Pendant l’adolescence, quand mes amies avaient leurs premiers amours, je les écoutais juste en parler avec curiosité. Je me disais que mon tour n’allait pas tarder à arriver.
Puis au fur et à mesure, les gens m’ont interrogée de plus en plus sur ma situation amoureuse à coup de « Pourtant jolie comme tu es, ils sont aveugles ou quoi ? » ou « C’est parce que tu ne fais pas assez d’efforts ». Je donne de plus l’image d’une personne confiante et sûre d’elle, donc les gens ne comprennent pas que je peux être timide et craintive. Certains m’ont même demandé si je n’étais pas lesbienne, comme si c’était une raison de ne pas leur présenter quelqu’un car j’aurais honte alors que ce ne serait pas le cas. Je pense qu’ils se sont fait à l’idée que ce ne serait pas demain la veille car aujourd’hui je n’ai plus trop de questions !
J’ai la chance d’avoir un entourage compréhensif et ouvert d’esprit, donc je ne fais pas face aux pressions de me ranger et de fonder une famille. Mes amies qui sont au courant de ce que je vis sont un réel soutien et je pense qu’elles ont joué un grand rôle dans ma prise d’assurance ces dernières années. Avec elles, je me sens comprise et entendue, je ne les remercierais jamais assez.
Pensez-vous qu’être célibataire vous permet des choses que vous ne pourriez pas faire en couple ?
Oui bien sûr. Je suis libre de mes décisions, je ne suis pas limitée pour bouger selon mes évolutions de carrière et pour voyager. De plus, je peux satisfaire mes besoins de solitude sans m’inquiéter de peiner un potentiel compagnon.
À l’inverse, pensez-vous qu’être célibataire vous empêche de faire des choses que vous pourriez faire si vous étiez en couple ?
Je ne dirais pas que ça m’empêche de faire des choses au niveau pratique, c’est plus des expériences que je ne peux pas vivre. Après, il est vrai que dans la société actuelle, il est plus simple financièrement de vivre à deux. C’est une facilité financière non négligeable. Par exemple, en tant que célibataire, il m’est plus difficile de trouver un appartement plus grand qu’un studio dans la grande ville où je vis alors que je suis en CDI et gagne un salaire très correct.
Cherchez-vous activement à trouver une relation amoureuse ?
Pas réellement. Je suis intéressée par les garçons, j’aime bien avoir leur attention et éventuellement discuter avec eux. Je me suis même brièvement inscrite sur un site de rencontres. Toutefois, dès qu’arrive le moment où il peut se passer quelque chose ou que l’autre personne devient réellement intéressée, je suis paralysée par la peur, prends mes jambes à mon cou et le friendzone ou le ghoste. Je souhaite réellement pouvoir passer outre ce blocage qui me gêne énormément et travaille dessus en thérapie, entre autres choses.
Ressentez-vous une forme d’injonction à être en couple ?
En quelque sorte. Pour certaines personnes, on ne peut pas être heureux en étant seul·e. L’être humain serait fait pour être en couple et vouloir avoir des enfants. Je suis dans un âge où selon l’imaginaire populaire, je devrais déjà être casée et en projet de progéniture. Certaines personnes ne comprennent pas mon détachement par rapport à cette image, que je ne ressens pas l’urgence qui découle de mon « horloge biologique ».
Quels sont vos projets pour le futur ?
Dans l’idéal, j’aimerais rencontrer quelqu’un avec qui je pourrais développer une relation sérieuse. Pour l’instant, je ne souhaite pas d’enfants pour diverses raisons mais je ne sais pas si être dans une relation sérieuse me fera ressentir cette envie de devenir parent avec ma moitié. Avant cela bien sûr, il faudra que je perde enfin ma virginité, mais j’attendrai de trouver la bonne personne et le bon moment, peu importe le temps que cela prendra. Ce n’est pas parce que je suis un peu en retard sur certains sujets que je vais me forcer et me résigner à faire mal les choses. Si pour certain.es, je m’illusionne et suis trop exigeante, grand bien leur fasse, iels ne sont ni dans ma peau, ni dans ma tête.
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Les Commentaires
Je comprend ce que tu veux dire et tu as raison dans le sens où il ne faut pas s’enfermer derrière une notion de psychologie comme si ça allait expliquer tout alors que les problématiques sont toujours issues de mutilple facteurs (sociétale, génétique, familiale, psychologique etc). La psy que j’ai vu n’a d’ailleurs pas essayé de me mettre dans une boite mais c’est moi qui ait tendance à le faire. Je vais essayer de pas trop le faire
@Arsace Je te comprend totalement. Notamment sur le fait que l’anxiété mine le terrain mais qu’on l’utilise aussi parfois pour se justifier ou qu’on a tendance à se planquer derrière