Combien coûte réellement la charge d’un ou plusieurs enfants tous les mois ? Quel est le budget des parents ? Les frais engagés évoluent-ils en fonction de l’âge des enfants ? Chaque semaine, dans notre rendez-vous « Quand on aime, on compte », des parents ouvrent leurs comptes et partagent avec nous ce que leur coûte un ou plusieurs enfants, mensuellement.
Cette semaine, c’est Lucie qui se prête à l’exercice.
Les revenus de Lucie et son compagnon avec un enfant
- Prénom : Lucie
- Âge : 37 ans
- Métier : Assistante de direction
- Budget net de la famille au total : 4 600 €
- Nombre d’enfants : Un enfant de 9 ans
- Lieu de vie : Jura
Lucie est en couple avec le père de son enfant, et ils sont propriétaires de leur maison, dont ils ont fini de payer le crédit immobilier.
Nous habitons un tout petit village du Jura, à 6 km de là où nous sommes nés tous les deux. Notre fils est né plus loin, la maternité locale ayant fermé ! Nous voulions rester dans notre région que nous apprécions beaucoup. Le choix s’est fait au détriment de nos carrières, puisque nos jobs ne correspondent pas à nos études. Il n’y a pas de débouchés dans la région, mais nous avons pu acheter une jolie petite maison de village ancienne de 140 m², avec un immense terrain autour de 3 000 m².
Lucie et son compagnon gagnent 2300 € chacun soit 4 600 € par mois après prélèvement des impôts. Ils n’ont pas d’autres sources de revenus que leurs salaires.
Chaque mois, ils dépensent 300 € de factures d’eau, d’électricité et 50 € de taxe foncière.
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Les dépenses de puériculture pour un enfant
Après avoir expliqué ses revenus totaux, Lucie détaille les sommes qu’elle a dépensés pour s’équiper en matériel de puériculture pour son enfant à sa naissance, pour 335 € :
J’ai acheté un matelas, trois draps-housses, deux alèses, une chaise haute d’occasion, des pyjamas et bodies taille naissance, un siège-auto d’occasion, des pots de conservation du lait, un matelas et une table et un sac à langer.
Pour les cadeaux de naissance, Lucie a été aidée :
On nous a offert beaucoup de choses. Certaines à notre demande, comme une table à langer, une baignoire, un tire-lait manuel, des turbulettes, une écharpe de portage, un Babycook. Des amis et cousins nous ont proposé des dons, que nous avons accepté, parfois à regret, mais aussi avec grand plaisir, comme une poussette et un siège auto, un thermos à brancher sur l’allume-cigare, une chambre d’enfant complète, un lit à barreaux, un parc, des vêtements, une ombrelle, une poussette canne, un lit parapluie…
Nous avons été plus qu’équipés et si c’était à refaire, j’en accepterais beaucoup moins !
Côté hygiène, Lucie est dans une démarche zéro déchet et nous détaille ce qu’elle a mis en place, estimant que son budget pour cela est de 10 € par mois :
Nous sommes dans une démarche zéro déchet, nous essayons de ne consommer que le strict nécessaire. Pour notre fils, nous achetons un savon saponifié à froid pour le lavage du corps, un shampoing solide pour les cheveux, un tube de dentifrice et brosse à dents dès que nécessaire. L’achat se fait en magasin bio pour les savons, et en supermarché pour le dentifrice et la brosse à dents (en bambou).
Niveau santé, Lucie ne dépense rien pour son enfant. Les visites médicales sont rares, et sont intégralement remboursées.
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Les dépenses de nourriture pour Lucie, son conjoint et leur enfant
Pour ce qui est de l’achat de nourriture pour son enfant, Lucie explique que ce dernier mange à la cantine trois jours par semaine, et que cela lui coûte 60 € par mois. Il mange également deux midis par semaine chez ses grands-parents, gratuitement. Le reste du temps, il mange avec eux, à la maison. Le budget total des courses pour toute la famille est de 600 €. Nous comptons donc 200 € de nourriture que pour son fils.
Pour faire ses courses, Lucie nous détaille son organisation :
Nous avons une nette préférence pour les produits bio et de qualité, sans emballages et locaux, nous sommes clients dans un magasin bio. Malheureusement, nous ne trouvons pas tout en magasin bio et certains prix sont renversants, donc nous complétons avec des courses en supermarché. Nous sommes aussi clients à la boulangerie, boucherie et fromagerie de notre ville. Nous essayons de ne jamais choisir un produit uniquement en fonction du prix, sauf s’il existe un écart de prix trop important et difficilement justifiable selon nous.
Lucie ne se laisse pas amadouer par son enfant dans les supermarchés :
Nous avons trouvé la technique parfaite pour ne pas nous laisser amadouer : nous n’emmenons pas notre enfant !
D’ailleurs, je n’y vais pas non plus, c’est mon conjoint, le raisonnable, qui fait les courses. Je fais la liste, il la respecte et le budget n’explose pas ! Très bon pour le partage des tâches en plus…
Nous avons demandé à Lucie si elle était cliente de box de livraisons de repas à domicile, ou de tout autre abonnement alimentaire :
Nous ne faisons jamais appel à ce genre de services. Une fois, j’avais eu un abonnement à une box en cadeau (des thés) et bien que grande amatrice de thé, la plupart de ceux reçus ne me convenaient pas. J’avais essayé d’en donner, mais certains ont quand même fini à la poubelle. Je trouve ce gaspillage indécent et ne souhaite pas recevoir d’objets ou de nourriture que je n’ai pas choisie et dont je ne saurais que faire. C’est une incitation insidieuse à la surconsommation !
Les dépenses de vêtements et de jouets pour un enfant de 9 ans
Pour ce qui est du budget habillement de son enfant, Lucie achète des vêtements neufs et d’occasion, selon leur utilité :
Nous achetons un peu des deux. Concernant les habits, j’ai essayé Vinted, mais les vêtements sont pour la plupart déjà portés et s’abiment très vite. Les habits neufs vendus sur Vinted coûtent aussi cher qu’en magasin quand on a compté le coût de la livraison ainsi la commission du site, donc ce n’est pas intéressant financièrement.
Nous achetons donc quelques habits sur Vinted comme des manteaux, des vêtements spéciaux de type combinaison de ski, quelques gilets, les bottes de neige, de pluie… mais les t-shirts et pantalons journaliers sont neufs, les baskets aussi.
Nous essayons là aussi d’acheter de qualité, fabriqué en France, avec une composition naturelle, mais c’est à croire que l’écologie n’est pas arrivée jusqu’aux habits des enfants ! Ce genre de produit est très difficile à trouver.
Concernant les jouets, nous essayons d’abord de trouver d’occasion, mais si nous ne trouvons pas, nous achetons neuf.
Lissé sur l’année, le budget vêtements de son enfant est estimé à 10 € par mois.
Concernant les jouets et les jeux, Lucie estime dépenser 30 € par mois, et à un budget supplémentaire de 80 € par mois pour les cadeaux d’anniversaire des copains de son enfant, des amis ou de ses neveux.
Pour ce qui est des livres, Lucie a souscrit un abonnement à J’aime Lire pour son enfant, pour 30 € par mois, en plus des livres qu’elle lui achète ponctuellement :
J’achète beaucoup de livres, j’ai du mal à freiner alors que notre fils est abonné à la bibliothèque. Mais c’est tellement agréable d’avoir tous les livres qu’on veut sous la main et je ne souhaite pas me priver de ce genre de dépenses ! Ce mois-ci ce n’était pas prévu, mais j’ai dépensé 50 € à la librairie pour lui. J’aime bien aussi acheter des nouveaux jeux de société pour changer du Uno, mais il faut que j’essaie de trouver plus de jeux d’occasion.
Le budget des activités pour son enfant et les modes de garde
L’enfant de Lucie va à la garderie de l’école quatre jours par semaine, pour 60 € par mois, mais compte aussi sur l’aide des grands-parents :
Notre fils va à la garderie de l’école primaire le matin, le midi et le soir les lundis, mardis, jeudis et vendredis. Cela nous coûte environ 20/25 € par semaine, selon l’horaire auquel nous venons le chercher le soir. En dehors des périodes scolaires, il est gardé par ses grands-parents, c’est donc gratuit pour nous (à part l’essence pour le déposer et le chercher)
Lucie n’a pas besoin de baby-sitter ponctuellement. Si elle doit faire garder son fils, elle s’arrange avec sa famille :
Nous ne faisons pas appel à une baby-sitter, notre enfant va chez ses grands-parents ou ses oncles et tantes ou une amie si besoin, ce qui reste rare, nous sortons peu sans lui. Je dirais que nous leur demandons de l’aide ponctuelle environ deux à trois fois par an.
Pour ce qui est des activités de son fils, Lucie dépense 10 € par mois pour des cours de Badminton :
L’abonnement coûte 80 € par an. Il a fallu acheter une raquette et nous allons également acheter des chaussures de salle pour environ 40/50 €, ce qui fait un budget annuel d’environ 120 €.
En plus de cette activité, Lucie estime dépenser 20 € en plus par mois pour des sorties au cinéma, à la piscine ou au musée.
Concernant la scolarité de son fils, Lucie dépense 3 € par mois de matériel scolaire, et 1 € d’assurance scolaire.
À cela s’ajoutent également 32 € par mois d’essence, uniquement pour emmener son enfant à ses activités ou chez ses grands-parents.
Argent de poche et transmission de la valeur de l’argent
Lucie raconte quel était le rapport à l’argent dans sa famille, ce qu’on lui a transmis, et son rapport actuel avec son enfant.
Nous étions une famille d’un milieu populaire, mais pas pauvre. Mon père travaillait, mais pas ma mère et nous étions trois enfants. Nous avons toujours eu à manger et de quoi nous vêtir, nous sommes aussi partis en vacances tous les ans. Mais le budget était très juste, donc j’ai eu pas mal de frustrations quand même. Je ne faisais pas le sport que je voulais, car trop cher pour nous, en plus ma mère ne pouvait pas m’emmener parce que nous n’avions qu’une seule voiture qui servait à mon père pour aller travailler. Je n’avais pas d’habits de marque. Aujourd’hui, je m’en fiche, mais plus jeune, j’ai eu du mal à gérer, notamment pendant les cours d’EPS…
Mes parents m’ont transmis les règles de gestion de base d’un budget, comme ne pas dépenser son argent pour des choses inutiles. Cela parait évident dit comme ça, mais par exemple, nous n’allions jamais faire les magasins sans un réel besoin d’acheter quelque chose, faire les magasins n’était pas un loisir, mais une obligation.
Si nous avions une excursion prévue, ma mère faisait des sandwichs pour ne pas dépenser trop cher en nourriture. Nous n’allions pas au restaurant, très rarement au cinéma. Ils ont toujours acheté des voitures d’occasion, ils aiment les brocantes et j’ai conservé ce côté peu tape-à-l’œil. J’ai une vieille voiture, une vieille maison et des habits d’occasion et je m’en porte très bien !
Je suis une fourmi, j’épargne beaucoup en vue de travaux chez moi, par contre, je me fais quand même plus plaisir que mes parents avec des sorties et un budget vacances important, je n’ai pas le même niveau de vie qu’eux (et je n’ai qu’un seul enfant).
Lucie ne parle pas ouvertement d’argent devant son fils :
C’est un sujet que j’évite, car je sais que mon fils et ses copains/copines en parlent à l’école. Il sait que nous n’avons pas de problèmes d’argent et que ce ne doit pas être un sujet d’inquiétude pour lui, mais il ne sait pas combien nous gagnons, ni quelle somme il a sur son livret d’épargne (même s’il essaie de me demander régulièrement…).
Lucie essaye d’apprendre la valeur de l’argent à son enfant, en adaptant son discours aux situations :
Si je ne mentionne pas de sommes directement devant lui, il connait par contre sa valeur. Il sait qu’on se lève tous les matins pour payer les courses, les factures, les vacances, l’essence et que sans travail, nous ne pourrions pas faire toutes les activités que nous faisons aujourd’hui.
Que gagner de l’argent est difficile et qu’il ne faut pas le dépenser n’importe comment. Il a une tirelire (avec l’argent qu’il a gagné en faisant un petit travail, billets des grands-parents…) et se rend bien compte qu’il ne peut pas s’offrir grand-chose avec ses sous. Pour l’instant, il les dépense quand même en choses inutiles, mais il finira bien par comprendre qu’il vaut mieux épargner pour s’offrir un beau jouet/livre/vêtement ou une chouette activité plutôt que de tout dépenser dès qu’on reçoit une pièce.
Lucie ne donne pas d’argent de poche à son fils et ne voit, pour l’instant, pas l’intérêt de la démarche :
Il n’en a pas besoin, à notre avis. Nous subvenons entièrement à ses besoins, il ne pourrait vouloir acheter qu’un jouet. Sachant qu’il reçoit le jouet qu’il souhaite pour chaque anniversaire et Noël, nous ne voyons pas la nécessité qu’il en ait plus.
Toutefois, s’il veut vraiment un « truc en plus », il peut gagner de l’argent en nous aidant plus que d’habitude (mettre la table ou vider le lave-vaisselle ne compte pas). Nous avons essayé de lui faire comprendre qu’en plus, ce qu’il achetait avec « son » argent finissait souvent au fond d’un placard, que c’était donc du gâchis.
Plus tard par contre, je pense qu’il aura un peu d’argent pour des petites dépenses qu’il pourrait faire en étant au collège : une boisson, un encas, ou autre. J’aimerais reculer le plus possible le moment où il choisira lui-même que dépenser avec son argent, pour être sûre qu’il n’achètera pas des cigarettes et qu’il saura gérer son budget.
Lucie a ouvert un compte bancaire pour son fils, sur lequel elle met, chaque mois, 100 € en tout :
Nous avons ouvert un livret A, pour lui payer le permis et une voiture quand il aura 18 ans. Dans notre région, il est impossible de faire sans ce précieux sésame, et nous ne souhaitons pas qu’il achète une voiture au rabais. Nous espérons que les choses bougeront d’ici là et que les transports en commun se développeront. Dans ce cas, il pourra utiliser cette somme pour autre chose, par exemple pour meubler un premier appartement.
À la fin du mois, il reste 2004,5 € à Lucie. Une somme utilisée pour les dépenses propres au couple et à la famille, comme les factures, les vacances, les frais de santé, les frais de réparation de la maison, leurs loisirs et les diverses assurances.
Lorsque la totalité des sommes dépensées uniquement pour son fils est additionnée, Lucie dépense 646 € mensuellement.
Merci à Lucie d’avoir répondu à nos questions !
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