En 2007, Leonardo DiCaprio et Martin Scorsese s’offrent les droits cinématographiques du futur livre de Jordan Belfort, avant même qu’il soit publié. Durant son séjour en prison, l’ex-trader y a posé ses « mémoires » de courtier devenu créateur d’entreprise devenu multimillionnaire tout en escroquant en passant le système boursier… et ses clients.
Le film mettra cinq ans à voir le jour, mais wow, quel film ! Trois heures de plongée dans la vie totalement tarée de ce personnage hors-normes, qui se définit lui-même dès les premières minutes du film comme n’ayant que très peu de valeurs en dehors de l’appât du gain. On va vivre avec lui sa montée en puissance, son apogée et bien sûr — comme tout ce qui monte doit redescendre un jour — son retour assez brutal sur la planète Terre.
Le film dure 3 heures. C’est long, trois heures. Mais c’est ce qu’il fallait pour apprécier l’ascension de Jordan Belfort, de ses débuts à Wall Street à son explosion en passant par les débuts de sa boîte, Stratton Oakmont, et pouvoir prendre le temps d’illustrer parfaitement le rêve américain et son libéralisme exacerbé, dont les ouailles finiront par chier au visage (« Fuck you USA ! »).
Je n’ai, pour ma part, pas vu le temps passer alors que Mymy, elle, a trouvé que l’intrigue était trop lente à se mettre en place.
Il faut aussi notifier que conformément au cliché « des putes et de la coke », Le Loup de Wall Street regorge de drogue et de sexe. Et bien sûr, puisque c’est inhérent aux personnages, jamais dans la demi-mesure : ça partouze dans les avions (en business class bien sûr) et on a droit à plusieurs explications plutôt détaillées sur la consommation de sédatifs ayant des effets hallucinogènes puissants (les mandrakes).
« PIFFF UPFFFF THHFFFEEE PHHHFFFOOONNNNNNE » LA SÉQUENCE COMIQUE DE L’ANNÉE
Le film est interdit aux moins de 12 ans mais j’ai vu quelques personnes quitter la salle au beau milieu d’une énième séquence de baise sous psychotropes. Néanmoins, ne vous trompez pas : point de scènes interminables à la Lars Von Trier dans Le Loup de Wall Street, ça passe toujours très vite et c’est plutôt suggéré (d’où l’interdiction « seulement » aux moins de 12), mais ça pourrait éventuellement vous lasser.
Saluons enfin le casting où Leonardo DiCaprio est une nouvelle fois gigantesque (a-t-on vraiment globalement conscience que cet acteur est un monstre de cinéma ?), saisissant la grandiloquence ultracynique du personnage, Jonah Hill (et ses fausses dents qui m’ont hypnotisé) est lui parfait dans un rôle à des années-lumières de ses débuts…
Hommage à « Keep stroking the furry wall » de Get Him To The Greek ?
Quant à Jean Dujardin, pour ses grands débuts à Hollywood, sa première séquence face à DiCaprio est tout simplement désastreuse : on sent bien qu’à aucun moment, ils ne se sont retrouvés face-à-face et que la scène a été montée plan par plan, avec Léo sur un fond vert qui ne rend pas hommage au Jet d’eau de Genève. Rien de pire pour jouer un « dialogue » qui est censé être rythmé et envoyé du tac-au-tac…
Seul petit bémol à mon sens : à la fin, le film ne montre pas assez à quel point Belfort a ruiné la vie de (dizaines de ?) milliers de personnes. Il est mentionné à un moment qu’il pique aux riches pour s’enrichir personnellement mais on imagine bien qu’à l’instar de Bernard Madoff, son escroquerie a foutu en l’air l’existence de tas de gens derrière lui.
Vous en saurez plus en vous renseignant sur le personnage sur le Net, mais il est vrai que le film reste assez succinct sur les méfaits du bonhomme — il doit encore 100 millions de dollars, comme vous le découvrirez dans ce portrait chez Rue89.
La preuve avec ce témoignage tout à fait édifiant de la fille d’un des complices de Belfort, dont le père a blanchi des centaines de milliers de dollars sous son nom, la mettant après coup dans une merde noire. Ceci dit, si le film est par moments drôle, je ne considère pas que Le Loup de Wall Street montre Belfort comme un personnage « positif ».
Enfin, pour répondre à une question posée sur Twitter, « est-ce que Le Loup de Wall Street vaut vraiment la peine de s’enfermer trois heures dans un cinéma ? », je dirais que contrairement à Gravity, l’expérience cinématographique n’est pas nécessaire pour apprécier pleinement le film, mais que vu la gueule du temps dehors et le fait que visuellement il y a tout de même des plans qui envoient, Scorcese oblige, ça peut valoir la peine, oui.
En bonus stage, une vidéo du tournage :
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