Much Loved est un film marocain qui parle de prostitution. Un film magnifique, aux héroïnes courageuses et vraies, à l’étoffe tendre et réaliste. Mais ce long-métrage de Nabil Ayouch a été interdit de diffusion au Maroc et l’actrice principale, Loubna Abidar, est devenue la victime d’une incroyable vague de haine, et pas seulement sur les réseaux sociaux.
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Agressions verbales et physiques
Insultée sur Facebook et Twitter, récemment agressée dans la rue à Casablanca, l’actrice a décidé de quitter le Maroc. Elle a publié une tribune dans Le Monde pour expliquer sa décision.
« Dans ce film, j’ai mis toute mon âme et toute ma force de travail, portée par Nabil Ayouch et mes partenaires de jeu. Le film a été sélectionné à Cannes. J’y étais, c’était magique.
Mais dès le lendemain de sa présentation, un mouvement de haine a démarré au Maroc. […] Much Loved dérangeait, parce qu’il parlait de la prostitution, officiellement interdite au Maroc, parce qu’il donnait la parole à ces femmes qui ne l’ont jamais. Les autorités ont déclaré que le film donnait une image dégradante de la femme marocaine […] ».
Une réception positive par les concernées
Loubna Abidar ne blâme pas le pays dans son ensemble
, et pour cause : elle a également reçu « [des dizaines] de messages de soutien et d’amour » au Maroc, notamment « par des prostituées qui ont enfin osé parler à visage découvert pour dire qu’elles se reconnaissaient dans le film ».
L’actrice était revenue sur la polémique autour du film, dans cette interview à France Bleu Nord.
Loubna Abidar a joué un rôle magistral et essentiel… mais il ne s’agissait que d’un rôle. Et pourtant, l’actrice concentre sur elle-même un tel ramassis de haine et de violence que c’en est proprement hallucinant, parce que les haters de Twitter et Facebook, à travers elle, s’attaquent aux prostituées, aux femmes libres, comme elle l’écrit dans sa tribune :
« Sur Facebook et Twitter, mon nom est associé à celui de « sale pute » des milliers de fois par jour. Quand une fille se comporte mal, on lui dit « tu finiras comme Abidar ». Tous les jours, je lis que je suis la honte des femmes marocaines. Chaque semaine, je reçois des menaces de mort.[…]
On s’attaque à moi pour un rôle que j’ai joué dans un film que les gens n’ont même pas vu. Une campagne de dénigrement légitimée par une interdiction de diffusion du film, alimentée par les conservateurs, nourrie par les réseaux sociaux si présents aujourd’hui… et qui continue de tourner en rond et dans la violence.
Au fond, on m’insulte parce que je suis une femme libre. Et il y a une partie de la population, au Maroc, que les femmes libres dérangent, que les homosexuels dérangent, que les désirs de changement dérangent ».
À lire sur Le Monde Pourquoi j’ai décidé de quitter le Maroc, par Loubna Abidar
Much Loved, récompensé en Europe, interdit au Maroc
La majorité de la population marocaine n’a pas eu l’occasion de voir le film, puisqu’il a été interdit de diffusion. Et comme d’ordinaire, ceux qu’on entend le mieux sont ceux qui crient leurs insultes le plus fort… Mais dans les pays européens où le film a été diffusé, il a été particulièrement bien reçu.
Je ne peux que saluer le courage et le talent de Loubna Abidar, et regretter avec elle que ce film qui aurait dû soulever un débat sur la condition des femmes au Maroc n’a pas pu y être diffusé, et aura généré une telle campagne de haine et de violence à l’égard de son réalisateur et de son interprète principale.
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Vous pouvez voir la bande-annonce du film ci-dessous.
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