Parler d’argent, en France, c’est encore tabou. Pourtant, c’est un sujet passionnant, et par certains aspects… féministe ! Dans notre rubrique Règlement de comptes, des personnes en tout genre viennent éplucher leur budget, nous parler de leur organisation financière (en couple ou solo) et de leur rapport à l’argent. Aujourd’hui, c’est Lou qui a accepté de nous ouvrir ses comptes.
- Prénom : Lou
- Âge : 26 ans
- Métier : En CDI dans la communication d’un lieu culturel public
- Salaires mensuels : 1 538€ de revenu pour Lou, et 1 700€ pour son conjoint, soit 3 238€ par mois.
- Famille : son conjoint, avec qui elle est en couple depuis huit ans
- Lieu de vie : un appartement en location en proche banlieue parisienne
Les revenus de Lou et de son partenaire
Si elle estime ne pas avoir à se plaindre de son salaire de 1 538€ par mois, Lou aimerait toutefois être mieux payée :
« Quand je vois le rythme de vie de mes potes qui ont fait les mêmes études que moi, je me dis que j’aimerais quand même gagner plus d’argent : j’aimerais bien économiser un peu plus, avoir un plus bel appartement… J’aimerais être moins stressée sur les dépenses plaisir. »
Son compagnon, qui travaille dans l’horlogerie, touche 1 700€ par mois. Pour arrondir ses fins de mois, il lui arrive parfois de faire des petites missions ponctuelles à côté de son travail, qui lui rapportent 300€ de temps à autre.
Ils n’ont pas de revenu supplémentaire, et ont donc 3 238€ de budget mensuel.
L’organisation financière du couple
Pour gérer leurs finances et leurs dépenses communes, Lou et son compagnon ont choisi d’avoir un compte commun sur lequel ils versent chacun les sommes nécessaires pour payer leur loyer, les charges de leur appartement, et leurs courses.
Pour le reste, ils ont chacun leur compte personnel et leurs livrets d’épargnes.
« On verse chaque mois environ la même somme (parfois mon copain met 50€ de plus que moi, vu qu’il gagne plus d’argent) sur le compte commun : en général, 800€.
Avec cela, on paie notre loyer, les charges liées à l’appartement et les courses. Après, il ne nous reste que des dépenses perso à faire donc on sait combien on peut dépenser pour nos loisirs. »
Un mode de fonctionnement qui fonctionne bien pour les deux partenaires, lesquels ont expérimenté des situations assez différentes depuis leur rencontre :
« Notre rapport à l’argent a longtemps été compliqué. Quand on était étudiants, mes parents m’aidaient beaucoup et lui n’avait presque rien à part sa bourse, donc je payais pas mal de sorties. Maintenant, on a un rapport plus simple et plus égalitaire, et on peut se faire plaisir sans trop réfléchir. »
Les dépenses communes de Lou et de son compagnon
Comme souvent pour les personnes qui vivent en région parisienne, le loyer est une des dépenses principales des deux jeunes actifs. Pour leur appartement de 45m2 dans la petite couronne, ils paient 1 056€ par mois, soit presque un tiers de leurs revenus cumulés.
Leur T2 est à proximité immédiate du métro et des transports en commun, détail d’importance pour le couple, et leur convient pour le moment — principalement parce qu’il correspond à leur budget.
À cela s’ajoutent 137€ de factures courantes, réparties entre 87€ de gaz et d’électricité, et 50€ de charges liées à leur appartement.
Enfin, ils dépensent avec leur compte commun la somme de 400€ par mois pour les courses alimentaires : entre 30 et 40€ dans une sorte d’AMAP locale, le reste en supermarché de ville type Monoprix ou en boulangerie.
En tout, c’est donc environ 1 600€ par mois que Lou et son partenaire dépensent de manière égalitaire depuis leur compte commun.
« J’aimerais réduire mon budget bar/restaurants »
Une fois ce virement de 800€ opéré sur le compte commun pour prendre soin de ces dépenses, il reste un peu plus de 700€ mensuels sur le compte personnel de Lou, qui nous a détaillé le reste de ses dépenses.
Ses loisirs, pour lesquels elle aime dépenser sans trop se prendre la tête, lui coûtent environ 300€ par mois. Elle explique :
« Récemment, j’ai commencé à prendre des cours d’équitation toutes les semaines. C’est une folie, et je sais que ça pèse dans mon budget loisir ! Je vais aussi à la piscine une fois par semaine, je fais minimum une sortie culturelle chaque semaine (un ciné, un concert ou un spectacle). Je fais aussi des choses plus ponctuelles : récemment, j’ai pris des cours de roller, on s’est acheté un piano à deux…
J’aimerais bien réduire mon budget de sorties restaurants/bars avec mes collègues : j’en fais souvent avec eux, et ensuite je n’ai plus le budget d’en faire avec mes amis ! »
Les jours où elle travaille, Lou déjeune souvent dehors. Entre sa participation aux tickets restaurants que lui octroie son employeur et ses frais supplémentaires, elle estime cette dépense à 70€ par mois.
Elle dépense la même somme pour des frais de santé :
« Je porte des lunettes, et je consulte régulièrement un ostéopathe (chaque fois que je chute à l’équitation). Depuis peu, je vois une naturopathe pour des problèmes digestifs récurrents. »
Elle paie aussi des factures courantes pour elle seule : 35€ par mois pour son mobile, 15€ pour un abonnement YouTube Music et 12€ pour un abonnement Netflix qu’elle partage avec ses parents et son copain, pour un total de 62€ par mois.
Pour se déplacer, elle compte 50€ par mois de voyages occasionnels pour aller voir de la famille ou des amis, et 35€ par mois de participation à son pass navigo.
Elle fait aussi 10€ de dons par mois à des association, et paie 5€ de frais bancaires.
« Je préfère aller à la simplicité même si c’est plus cher, mais pas mon copain »
Elle l’explique plus haut, son conjoint et elle ont des rapports différents à l’argent. Une divergence qui s’explique par leurs parcours différents :
« Mon copain a manqué d’argent pendant toute sa vie, et il n’y a que depuis qu’il travaille qu’il a un peu de quoi se faire plaisir. Résultat, il est très économe, et pendant longtemps il a trouvé qu’on dépensait trop en nourriture par exemple. C’était un sujet d’accrochage. Maintenant ça va mieux et il est plus détendu même s’il reste très économe ! »
Ils font leur suivi de comptes ensemble, et leur rapport commun à l’argent est devenu beaucoup plus simple avec le temps.
Aujourd’hui, leurs disputes à propos de leurs finances se font rares, mais suivent toujours le même schéma :
« C’est souvent la même chose : je veux aller à la simplicité et à la facilité même si ça coûte plus cher (on a toujours fait comme ça dans ma famille), alors qu’il va préférer la difficulté si elle est moins coûteuse.
Par exemple, il préfère prendre le métro même quand on est super chargés alors qu’on pourrait faire l’exception et prendre un taxi pour rentrer. Ou alors, choisir de faire des bornes à vélo ou en métro pour aller acheter un truc d’occasion… Tandis que moi, j’ai la flemme et je préfèrerais me faire envoyer ou acheter neuf que prendre du temps à faire ça. »
Une épargne pour acheter un jour
En conséquence, les deux tourtereaux ont des rythmes d’épargne différents. Là où Lou épargne 65€ qu’elle place sur son PEL chaque mois et ses revenus exceptionnels, son compagnon tend à économiser un peu plus.
À l’heure actuelle, ils ont chacun 10 000€ d’épargne destinée au projet d’acheter un appartement. Cette somme, Lou l’a épargnée en huit ans, et son conjoint en deux années.
Aujourd’hui, elle a un rapport à l’argent qu’elle considère ambigu, mais qui ne l’empêche pas de profiter de la vie :
« D’une part, j’ai tendance à penser que je n’ai pas assez d’argent pour faire ce que j’ai envie de faire (par exemple, plus de cadeaux à mes proches, sans réfléchir à amputer sur mes activités, ou partir en week-end plus souvent), mais en même temps, je sais que je suis assez dépensière — comparée à mon copain, par exemple.
Je considère que l’argent est fait pour être dépensé donc je ne réfléchis pas beaucoup avant de faire une dépense. Par contre je ne suis jamais à découvert, et j’économise quand je peux le faire sans rogner sur mes loisirs ! »
Merci à Lou d’avoir accepté de répondre à nos questions !
Si jamais vous souhaitez commenter cet article, rappelez-vous qu’une vraie personne est susceptible de vous lire, merci donc de faire preuve de bienveillance et d’éviter les jugements.
Crédit photo : Cotton bro / Pexels
Ajoutez Madmoizelle à vos favoris sur Google News pour ne rater aucun de nos articles !
Les Commentaires
C'est juste que j'ai l'impression que pour beaucoup, c'est normal de faire du 50/50 alors que l'égalité n'est pas forcément l'équité.
Mais dans le cas présent, l'égalité est peut être équitable également, en effet !