Ryan Gosling, en plus d’être l’homme idéal pour bien des gens, est un acteur doué et maintenant un réalisateur. Suivant les pas de Clint Eastwood ou Ben Affleck, il a décidé de passer derrière la caméra et nous offre ainsi son premier film : Lost River.
Le moins qu’on puisse dire, c’est que Lost River est troublant. S’il était possible de le résumer en quelques lignes, je dirais que c’est l’histoire d’une ville frappée par une malédiction mystique aux airs de crises économiques. Les habitants qui résistent à l’envie de prendre leurs jambes à leurs coups sont partagés entre une nostalgie à toute épreuve et une vie détachée du temps.
À lire aussi : « Lost River » de Ryan Gosling a une nouvelle bande-annonce !
Un univers psychédélique et visuel
Lost River n’est pas une comédie, ni vraiment un drame ; ce n’est pas un polar malgré la violence ambiante, ni un film fantastique malgré les éléments irréels qui le peuplent. C’est une oeuvre visuelle, parfois très planante, où l’esthétique tend à remplacer l’action.
Ce premier bébé de Ryan Gosling (même si c’est techniquement le deuxième, mais passons) est un monstre d’esthétisme. La lumière est exceptionnelle : le directeur de la photographie, Benoît Debie, avait déjà apporté son talent à Springbreakers ou New York I love you.
La lumière contribue elle aussi à l’aspect psyché du film ; les plans, tournés à Détroit, sont à couper le souffle. Les décors représentant cette ville perdue et désertée sont tous plus beaux les uns que les autres : grande fan de lieux abandonnés, j’ai retrouvé dans Lost River une touche nostalgique des photos de ce genre d’endroits qui fleurissent sur tumblr
ou Instagram.
Le monde perdu dépeint dans Lost River n’en est que plus mystique avec la musique, composée par Johnny Jewel, qui officie dans pas moins de cinq groupes : The Chromatics, Glass Candy, Desire, Mirage et Symmetry, lesquels ont participé à leur façon à la bande originale.
L’ensemble de la bande-son est bien choisi et adapté aux différentes ambiances et tableaux du film. Un coup de coeur particulier pour Yes de The Chromatics, utilisé en toile de fond d’une scène esthétique et forte, comme je n’en ai pas vue depuis bien longtemps.
Christina Hendricks rayonnante, Iain de Caestecker prometteur
Pour le commun des mortels, Christina Hendricks, c’est la rousse éblouissante de Mad Men. N’ayant jamais vu la série, je ne connaissais pas du tout cette actrice et j’en suis tout simplement tombée amoureuse. Elle interprète Billy, une mère de famille aimante et dévouée à ses fils, malgré les difficultés économiques et toutes les soirées qu’elle passe en boule dans son lit à pleurer. Christina Hendricks l’incarne avec brio et illumine un film qui est pourtant bien sombre.
À ses côtés, j’ai trouvé un casting entier d’acteurs que je ne connaissais pas ou peu. J’ai été particulièrement impressionnée par Saoirse Ronan et Iain de Caestecker, qui incarnent des voisins tout aussi paumés l’un que l’autre à Lost River, Rat et Bones.
Leurs personnages ont une complicité qui crève l’écran, leurs scènes sont d’une justesse et d’une beauté qui m’ont clouées à mon siège, ils sont la note d’espoir dans cette ville où tout fout le camp.
Mais Lost River ne serait rien sans sa note sombre, incarnée par Matt Smith. Beaucoup le connaissent comme le gentil Docteur Who, à mille lieues de Bully, le caïd de cette cité abandonnée qui porte extrêmement bien son nom (bully voulant dire harceleur en anglais). Et même s’il découpe des gens, il n’en est pas moins charmant. Ah, le pouvoir de Matt Smith !
S’il est possible de ne pas être convaincu-e jusque-là, Lost River est aussi porté par Reda Kateb, Eva Mendes et Ben Mendelsohn. Un casting fou-fou qui mène le film vers de jolis sommets.
Alors, on y va, on fonce, on court (comme le monsieur sur la photo, tu l’as ?). Lost River est une très belle surprise et, je l’espère beaucoup beaucoup, le premier mais pas le dernier film réalisé par Ryan Gosling.
Écoutez Laisse-moi kiffer, le podcast de recommandations culturelles de Madmoizelle.
Les Commentaires