La coloc, ça n’a jamais été mon fort. En fait, j’ai vécu toute une série d’histoires successivement absurdes, rageantes et même dangereuses.
La pièce rapportée
Tout a commencé lorsque j’ai quitté le nid familial. Ayant maladivement peur de la solitude, je refuse de m’installer toute seule et cherche activement une colocation. Je suis mise en relation avec une fille que je connais un tout petit peu, et un garçon que je ne connais pas du tout. Ils cherchent une troisième personne pour compléter leur maisonnée, donc me voici !
Je m’installe joyeusement, et les deux premiers mois se passent merveilleusement bien. En octobre, la fille me demande si je suis d’accord pour que son copain emménage avec nous, le temps d’un mois. J’accepte de bon coeur…naïve que je suis.
En janvier, le jeune homme est toujours là. Sa nourriture est bien installée dans notre frigo, mais il n’a probablement pas ramené ses vêtements puisqu’il passe l’essentiel de sa journée en caleçon (très serré). Sans compter que le petit couple a un rituel : s’enlacer dans une des pièces communes de la maison tous les soirs pour se raconter sa journée. En se léchant mutuellement la glotte.
Bien bien bien…
Je fais remarquer que je refuse de vivre avec un couple et que cet appart n’est pas fait pour quatre. Mes remarques passent à la trappe, et je passe tout le reste de l’année à subir sans pouvoir rien faire. Youpi.
La mystérieuse disparition
Je me plaignais d’être à l’étroit, j’aurais dû me la fermer. L’année se termine, tout le monde s’en va sauf moi et je respire enfin. Une amie vient prendre une place, mais une troisième est encore vacante.
Ne trouvant personne, nous cherchons quelqu’un sur Internet. La fille que nous choisissons finalement semble être la perle rare : elle nous fait des gâteaux, nous attend pour manger, est ultra sociable… Mais un jour, elle disparaît. Mystérieusement.
Le 24 décembre, nous recevons un fabuleux cadeau de Noël : un mail des propriétaires, stipulant qu’elle n’a jamais payé son loyer, et comme nous sommes caution solidaire, nous devons payer à sa place.
Nous la harcelons alors par mail, par Facebook et par téléphone pour savoir où elle est. Trois mois plus tard, mademoiselle revient la bouche en cœur et le sourire aux lèvres, persuadée que tout va bien et prétendant qu’elle n’était au courant de rien.
Le vampire
Mon expérience suivante fut totalement surnaturelle : dégoûtée par cet appartement, je décide d’en changer et d’emménager avec un garçon que je ne connais ni d’Ève ni d’Adam. Son teint blafard aurait dû me mettre la puce à l’oreille…
Dès les premiers jours, j’ai compris que je ne le verrais pratiquement pas. Il sortait de temps en temps pour aller aux toilettes, mais passait l’essentiel de sa vie sur son ordinateur dans sa chambre. Un tissu noir masquait l’ouverture de sa fenêtre.
Mais pas de panique : mon vampire était inoffensif, puisqu’il se nourrissait exclusivement de pains au chocolat qu’il faisait réchauffer au micro-ondes. Sans doute s’amusait-il à aspirer le chocolat du pain, comme il l’aurait fait avec le sang de quelqu’un ? Quand j’invitais des amis, il était encore plus invisible. Ne désirant pas être transformée en créature de la nuit, je change d’appartement.
A pluuuus !
Les quatre inconnus
J’emménage à nouveau avec une fille que je ne connais pas. Tout se passe bien pendant quelque temps, jusqu’à ce qu’un jour, elle disparaisse sans laisser de traces. Quelques jours plus tard, je reçois un coup de fil de sa part : elle va très bien et doit s’absenter pendant quelque temps. Je me retrouve donc seule durant un moment. Mais un soir, alors que je rentre chez moi, surprise ! Je découvre trois inconnus dans mon salon.
Apparemment, ma colocataire leur aurait dit qu’ils pouvaient s’installer ici quelques mois, tant qu’elle n’était pas là. Inutile de préciser que mon avis lui avait paru totalement optionnel.
Je leur ordonne logiquement de partir, peu enthousiaste à l’idée de vivre avec trois types que je ne connais pas dans un appart pour deux. Il me faut plusieurs jours pour arriver à les virer, et je me mets alors ma coloc à dos. Je crois avoir touché le fond dans l’absurdité. Et quand on tombe, on ne peut que remonter, non ?
La dormeuse
Ma fuyarde s’en va et une autre colocataire prend sa place. Elle est plutôt sympa, mais elle fait beaucoup la fête. Et elle est… très, très portée sur l’alcool.
Une nuit, je me réveille avec une envie pressante. Je cours dans la salle de bain sans prendre la peine d’allumer la lumière. Je découvre alors ma coloc, assise sur le trône, pantalon sur les chevilles, profondément endormie. J’ai compris par la suite que c’était quelque chose de courant chez elle.
Un soir, elle ramène un garçon à l’appart. Elle lui propose de boire un verre dans la cuisine, et le laisse quelques instants pour aller dans sa chambre. Le lendemain, je me lève pour aller travailler et tombe nez-à-nez avec un pauvre garçon abandonné dans le salon.
Rolala, pas la peine d’en rajouter…
Ma coloc s’était profondément endormie avant de retourner dans la cuisine…
L’avare
J’en déduis naïvement que la France n’est pas le pays des colocs parfaits. Je pars en Erasmus et m’installe avec trois inconnus. Nous attendons avec impatience la cinquième, qui doit arriver plus tard.
Lorsqu’elle débarque finalement, c’est pour repartir aussitôt. Elle revient quelques heures après, les bras chargés d’assez de nourriture pour nourrir un troupeau d’éléphants (des éléphants qui mangeraient des petits pois-carottes et du cassoulet, mais quand même).
En fait, cette nourriture n’est pas pour nous : elle a prévu de stocker tout ça dans notre minuscule cuisine, histoire d’avoir à manger pour les trois mois à venir. Nous comprenons vite que son sens de l’économie est extrêmement développé. Tous les produits d’hygiène qu’elle possède sont des échantillons gratuits glanés sur Internet. Si son avarice était limitée à elle, cela n’aurait pas posé de problème…
Sans nous prévenir, elle décide de couper le chauffage pendant des mois pour ne pas avoir à payer la facture. Souhaitant me protéger d’une pneumonie, je déménage à nouveau.
Le pseudo-triangle amoureux
Je trouve une autre colocation avec une fille plus âgée que moi de dix ans, et un garçon d’à peu près mon âge. Tout se passe bien avec eux : ils m’emmènent dans leurs sorties, me présentent à leurs amis… Je crois avoir trouvé le foyer idéal.
Mais un jour, la fille ne m’adresse plus la parole. Ça m’attriste en plus de me surprendre, et impossible de lui demander pourquoi. Le garçon vient me voir un jour où elle n’est pas là, m’explique qu’ils sont devenus sex friends, et comme je suis française, elle a peur que je le lui pique…
Ravie d’être ainsi mise à l’écart, mais surtout de découvrir la réputation rocambolesque dont on peut jouir à l’étranger, j’affronte alors une situation difficile. J’ai interdiction de parler à mon coloc, nous discutons donc par Skype. La solitude étant particulièrement pesante, je baisse les bras et je m’en vais.
L’effraction
Mon nouveau coloc, mais aussi collègue, est plutôt cool. Par contre, il est très fêtard. Habituée, je m’imagine que cela ne posera pas d’autre problèmes que des sommeils intempestifs… C’est pourtant avec lui que j’ai le plus risqué ma vie.
Une nuit, je dors profondément, lorsque je suis réveillée brusquement par un fracas. Je découvre alors, sur le clic-clac qui me sert de lit, un cône de chantier au milieu d’un tas de bris de verre. Ayant perdu ses clefs, mon coloc tentait de me réveiller en jetant de petits objets contre ma fenêtre. Autant dire que la notion de « petit » change radicalement quand on a trop bu.
Mais oui, mais oui.
L’inondation
Ma dernière expérience est celle qui se rapproche le plus d’un film catastrophe. J’emménage avec trois filles et un garçon. Cette année, je me lève tous les matins à 6h pour prendre ma douche et partir travailler ensuite. Un matin, comme je commence à 10h, je prends un peu mon temps.
À 8h, j’entends que la douche fonctionne, donc je patiente. Au bout d’un moment, de peur d’être en retard, je me lève pour aller demander à la personne qui occupe la salle de bain d’écourter. Mais quand j’ouvre la porte, un torrent d’eau sort de la pièce et dévale les escaliers.
Mon coloc était rentré d’une soirée aux environs de 3h30, avait allumé la douche et s’était endormi dans sa chambre… je n’ai même pas pu calculer le nombre de mètres cubes d’eau que nous avons dû gaspiller cette nuit-là. J’étais trop occupée à minimiser les dégâts dans tout l’appart.
La moralité de ces histoires ? La coloc, c’est pratique, ça permet d’économiser beaucoup d’argent et d’avoir une vie sociale, MAIS… il ne faut pas être trop attaché à son logis, des fois qu’il faille prendre ses jambes à son cou ! Et surtout, il ne faut pas oublier qu’on peut toujours être le mauvais coloc de quelqu’un…
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Les Commentaires
Ma colocation se passe mal, surtout en terme de ménage. J'ai le combo cheveux dans la douche qui la bouche constamment + vaisselle sale tout le temps dans la cuisine + ménage de cinq / dix minutes quand c'est son tour. Je suis arrivé en premier dans la colocation (d'une semaine), j'ai été obligé de lui dire qu'il fallait qu'elle fasse sa part du ménage car je voyais très bien qu'elle comptait pas le faire (je lui ai laissé trois semaines pour se décider à aborder le sujet, jamais elle l'a fait). Je me tape 45min/1h de ménage toutes les deux semaines (on fait le ménage une fois par semaine, chacun son tour) pour rendre les deux pièces qu'on a en commun propre, pour retrouver le tout tout aussi sale les cinq minutes suivants son arrivée. Régulièrement, je suis obligé de lui dire de faire des trucs spécifiques pour rendre la vie un peu plus viable. À croire que c'était pas évident si le siphon est bouché de la douche qu'il faut le déboucher ? J'me suis mis à faire un jeu avec moi-même, de son record à la déboucher la douche. Son record est de cinq jours. (et c'est pas débouché pour plus long que trois jours hein) Et petit bonus : la peau de banane abandonnée dans la cuisine où t'es obligé de lui dire de l'enlever car JAMAIS elle va penser à le faire elle-même.
J'accorde qu'en terme de bruits, je suis pas la meilleure personne du monde. Je vie la nuit, mes potes vivent la nuit, ça arrive que j'ai des conversations tard (tôt ?). Par contre, je sors de trois années en chambre universitaire, je connais le niveau de son à garder pour que ça reste viable et comment procéder pour moins gêner. Et on entend ce que je fais que quand c'est de la discussion, pas quand je regarde un truc car je porte un casque. Bah elle non ! on a donc deux pièces communes, qui sont collées à nos chambres. Quand on est dans ces deux pièces, ça résonne vis-à-vis des murs. L'isolation est bien mieux faite dans nos chambres. Bah la moitié du temps, elle fait ses conversations et regarde des trucs avec le son normal et en haut parleur dans ces deux pièces ! Actuellement elle regarde Friends. Honnêtement, je pourrais presque dire l'épisode tellement j'entend les dialogues depuis ma chambre (porte fermée hein) ! Elle me rend dingue x')
Bonus 2 : big up à la lumière de l'entrée qu'elle laisse allumée constamment. L'électricité, c'est connu, ça pousse sur les arbres. (je sors régulièrement de ma chambre pour vérifier si elle l'a laissé allumé ou pas pour l'éteindre derrière elle, et si certain.e.s se demandent ce que ça fait quand je l'éteins pas : elle l'éteint pas non plus qu'on soit d'accord)