Je n’ai pas pour habitude de râler.
J’adore râler sur ma condition de banlieusarde privilégiée.
D’ordinaire j’évite de le faire publiquement, mais ayant atteint un cumul si impressionnant de merdes en seulement 5 jours, je pense qu’il est d’utilité publique d’aider mon prochain à réaliser que sa vie est belle.
Banlieusarde à Paris
Posons le contexte. Je vis depuis 3 ans dans une contrée lointaine appelée Saint Quentin En Yvelines.
N’hésites pas à prendre une carte de la France pour mettre le doigt sur cette charmante agglomération située non loin de Versailles, campagne parisienne si proche, et pourtant si loin de la capitale.
Depuis un mois maintenant je travaille chez madmoiZelle.com, dont le bureau se situe en plein coeur de Paris. Temps de trajet normal estimé : 1h10.
Mais c’est sans compter les perturbations estivales dans les transports en commun : moins de trains, toujours plus de travaux, avec un supplément canicule, s’il vous plaît.
Lundi — Faire opposition à sa carte bleue
Quand dès le lundi matin tu mets le générique de Game of Thrones à fond pour te motiver à marcher jusqu’à la gare, tu sens au fond de toi que la semaine va être longue.
Arrivée avec 10 min d’avance au boulot, je décide de marquer ce moment historique en passant prendre un caramel macchiato au Starbucks.
Je prends alors rapidement conscience que ma carte bancaire est portée disparue : pas dans mon portefeuille, pas dans mon sac, pas dans mon jean. Nulle part.
Retro planning de mes dépenses en avance rapide dans ma tête : je n’ai pas utilisé ma carte bleue depuis 4 jours.
Je fais opposition, et vais devoir faire l’aumône au boulot pour pouvoir manger ce midi.
Mardi — Passer de 2 à 4 heures de transports en commun
C’est sans le sous, avec migraine et crampes à l’utérus que j’ai surfé sur ce mardi beaucoup trop chaud pour être vivable.
Suer dès le matin 8h quand tu sors tout juste de la douche, et être collée à des gens qui puent encore plus que toi pendant plus d’1h, c’est un quotidien qui est déjà trop dur à assumer un mardi matin.
Je parle ici uniquement des RER et transiliens, trains avec des longs trajets et le soleil qui tape sur la taule et qui transforme les rames en four. Avec des températures pouvant monter jusqu’à 45°C.
Selon la SNCF, il faudra attendre 2020 pour que les rames des RER et transiliens soient remises à neuf.
J’ai donc passé une journée assez stérile en terme de créativité, collée au ventilateur, mon cerveau beaucoup trop éparpillé et concentré sur comment gérer la chaleur caniculaire et la préparation du détachement du surplus de ma muqueuse utérine.
18h30. Ravie de rentrer chez moi, je ne m’étais pas préparée à ne poser le pied dans mon appartement qu’à 21h30.
« En raison d’un incident voyageur », veuillez attendre jusqu’à ce que mort s’ensuive de pouvoir avoir un train pour rentrer chez vous.
Une fois que vous avez un train, sautez vite dedans en poussant et en vous tassant le plus possible afin de rester debout 45 minutes et de faire un malaise pour atteindre votre station.
TROIS heures pour rentrer chez soi.
Mercredi — Retrouver sa carte bleue, encaisser son premier jour de règles
Comme une nuit entière ne suffit pas à la SNCF pour reprendre un trafic normal après un incident de voyageur, des gens qui passent sur les voies, et sûrement un chauffeur qui voulait finir son café avant de commencer sa journée…
Il est 8h, et c’est reparti pour un tour.
Quand tout à coup…
Ferme les yeux, inspire, expire, et imagine que quelqu’un enfonce des épingles à nourrice dans le bas de ton ventre et y accroche des fils pour tirer dessus et les nouer à ton nombril.
Et ce pendant que tu es debout, avec Jean-Michel et Claudine collée à toi dans l’escalier du RER.
Je dégouline, je souffre, je crache sur les cinquantenaires en costard qui me reluquent dans le RER A, et c’est parti pour une journée à 30°C.
Je retrouve ma carte bleue inactive dans la poche arrière de mon jean, la broie, la coupe en petits morceaux, me retiens de la jeter au sol et de sauter dessus pieds joints en criant…
Mais heureusement, en prévention des fortes chaleurs, je vais pouvoir bosser de chez moi jeudi et vendredi !
Jeudi — Canicule, coupure de courant, règles hémorragiques et piqûres de puces
Aujourd’hui, je télétravaille !
À poil dans mon studio de 19m2, tapie dans l’ombre, store et fenêtre fermée, mon cerveau et mon ordinateur ventilent et surchauffent à l’unisson.
Et je me vide allègrement de mon sang, remplissant deux cups et demie en une demie-journée.
Une femme souffrant d’hyperménorrhée perdra plus de 80mL en un cycle.
La contenance d’une coupe menstruelle varie entre 25 et 40 mL selon la taille et la marque.
Les tampons et serviettes hygiéniques ont une contenance moindre, difficile à quantifier, mais matérialisée par des gouttes sur leur emballage.
Quand tout à coup…
Coupure de courant généralisée dans toute la résidence. Plus Internet, plus de lumière. Batterie du téléphone à 32%, batterie de l’ordinateur à 46%. État de l’avancée de mon travail : à peine 5%.
On est si peu de choses sans électricité.
Je décide de bosser jusqu’à l’extinction de tous mes appareils qui me plongera alors dans un noir et une inactivité prolongée.
Mais en France, pays jadis tempéré et aujourd’hui complètement inapte à résister aux températures un peu au-dessus de la moyenne, le courant ne revient pas.
Je décide donc de regagner le cocon maternel situé à 45 minutes en voiture, et découvre avec stupeur que le pot d’échappement de ma vaillante Citroën C2 touche le sol.
Pourquoi moi ? Quel message l’univers essaye-t-il de m’envoyer ? Est-ce à cause de la pleine lune et de l’éclipse à venir ?
Voiture et appareils inutilisables, c’est parti pour 2h30 de transports. J’attends le train 25 minutes, et finis par m’affaler sur le siège du train, sans portable, sans musique, et avec une sensation de picotement qui commence à me monter dans le bas du dos.
Ça pique, gratte, tellement que j’en ai des spasmes aux jambes. Pendant 2h30 je sens petit à petit des plaques de boutons émerger sur le bas de mon dos, puis sur les bras et les flancs…
Je me suis fait piquer par des puces sur le siège du train.
Vendredi — Le coup de grâce
Après une insomnie pour cause de démangeaisons extrêmes, je me réveille avec encore plus de boutons que la veille.
Mon corps, ce héros, est en pleine réaction allergique et parsème ma peau non seulement de boutons, mais aussi de grosses plaques rouges boursoufflées.
Médecin indisponible, direction les urgences. Rien de mieux pour commencer une journée de travail et finir une semaine de galères.
À bout de nerfs je finis par me trainer devant mon ordi, qui surchauffe, plante, et m’oblige à travailler sur un vieil ordi fixe lent et déconnecté d’internet.
C’est bon là, c’est finit ? Je crois que mon quota de merdes est rempli.
« On fait le bilan, calmement »
Si Jacky et Ben J m’ont appris un truc, c’est bien celui là. Faire le bilan c’est important.
Et dans le cas de cette semaine maudite le bilan est assez mitigé :
- je vais passer tout l’été à galérer dans le dédale inadapté et infernal de la SNCF et de la RATP
- ma nouvelle carte bleue n’est toujours pas arrivée
- ma voiture doit être réparée
- je vais garder des cicatrices de boutons pendant plusieurs semaines, sur la totalité de mon corps, à cause du siège insalubre d’une rame de RER
- MAIS j’ai la chance de travailler dans une entreprise qui prend en compte ma fatigue, mon temps de trajet le matin, et mes menstrues
Et toi, c’est quoi tes anecdotes de semaines de la lose ?
À lire aussi : Guide beauté pour survivre dans les transports en commun en été
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Les Commentaires
Et moi qui croyait avoir eu la poisse en vacances en enchaînant sur 2 semaines: 2 paires de lunettes de soleil cassées, des cystites toute la 2e semaine (les journées piscines/plages sont les ennemies de votre système urinaire !), des règles imprévues (toujours en maillot. Merci maman d'avoir dit que tu t'occupais d'emballer et de prendre mon anneau contraceptif alors que tu as pris l'applicateur seulement:hello et un avion repoussé au lendemain (alors qu'on avait déjà rendu la chambre d'hotel, sinon, c'est pas drôle).
Au final, c'est pas grand chose