Vendredi
Première conséquence de l’entrée en campagne de Nicolas Sarkozy : la cyber-guerre est déclarée entre les Team PS et UMP. Oh ça rigole pas – mais ça peut nous fait rire beaucoup ! Notez que les offensives ne sont pas officiellement revendiquées par chaque camp – on se doute simplement que leurs auteurs sont engagés ou au minimum « affiliés » aux partis qu’ils défendent. Oui, la cyber-guerre est une bataille de Ninjas : les soldats avancent masqués. C’est d’autant plus drôle !
Suite à la tendance #Sarkoçasuffit en vogue sur Twitter, un site dédié Sarkocasuffit a vu le jour : les internautes peuvent soumettre leurs contributions. J’avoue que la parodie de Cabrel « il aime mentir » est plutôt marrante.
La riposte ne se fait pas attendre : François Hollande est alors victime d’un Google bombing. La requête Google « Incapable de gouverner » redirige vers son site de campagne ! Réponse des pro-Hollande : re-google bombing contre l’UMP, dont le site est ciblé par la requête « On va tuer la France ». Mouais. Bof. Peut mieux faire.
Week-end
Deux événements majeurs ont fait les titres du JT de TF1 ce samedi : l’inauguration du QG de campagne de Nicolas Sarkozy (ici !) et la présentation du couple de pandas au Zoo de Beauval. Deux sujets, deux titres… Imaginez un peu qu’on échange les titres ! DANS LE MILLE ! La bourde ! C’est mon coup de coeur LOL de la semaine : à ne pas manquer !
Dimanche avait lieu le premier meeting de campagne du candidat Sarkozy, à Marseille. On ne va pas rentrer ici dans les détails du discours, un mot simplement sur sa conclusion : le candidat Sarkozy termine par une demande qu’il adresse aux Français : « aidez-moi ». Deux jours après son annonce musclée de capitaine à la barre d’un navire en pleine tempête, cet appel à l’aide est une bien curieuse manière de clore cette première ‘grand messe’ de campagne…
Pour un résumé de ce premier meeting comme si vous y étiez, voyez cet article de Rue89. Bonus en fin de page : la réaction de Carla Bruni-Sarkozy. Non, je ne commente pas, c’est trop facile… Mais je n’en pense pas moins !
Lundi
Alors que je me préparais à titrer sur un nouvel épisode de la cyber-guerre, il m’est passé l’envie de rire. Plusieurs comptes Twitter parodiques du Président ont été censurés. On vous en a parlé sur Mad, ici.
Ce qui est troublant dans cette histoire, c’est la coïncidence entre la date de lancement du compte de campagne de Nicolas Sarkozy et la suspension des comptes parodiques utilisant des variations de son nom. C’est malin. À l’annonce de l’arrivée sur Twitter du Chef de l’Etat, j’ai tapé « Nicolas Sarkozy » dans le moteur de recherche pour retrouver son compte officiel. Du coup, les milliers d’utilisateurs qui ont fait la même chose ce week-end n’ont eu aucune chance de constater l’existence de comptes parodiques ! Pas très fair play.
L’affaire a d’ailleurs fait grand bruit : indignation du PS sur le Huffington Post frenchie, le sujet a même eu des échos outre-Atlantique (en VO pour les motivé-e-s) Plusieurs sites d’information dont l’Express ont repris cette affaire de censure aussi injustifiée que ridicule – des comptes Twitter, mais sérieusement ! N’a-t-on pas de préoccupations plus sérieuses ces temps-ci ? Je pose la question, j’ai ouï dire qu’il y avait une sorte de crise et de dette et de pays ruiné, de gens dans la rue, de millions de chômeurs, etc… Mais bon, puisque maintenir l’ordre et le sérieux sur Twitter est une priorité nationale… Encore une polémique à ranger dans la catégorie « mieux vaut en rire »…
Afin de clamer haut et fort mon indignation – et de contribuer à rétablir l’égalité du temps de LOL entre les candidats, je me sens investie du devoir démocratique et républicain de basher dignement le candidat qui a bénéficié d’une censure un peu facile ces derniers jours. Quoi, c’est de bonne guerre !
…Et le César du site LOL de la semaine est attribué à… mafranceforte.com, pour pouvoir créer soi-même sa propre affiche de campagne UMP !
Personnellement, j’ai trouvé ma favorite absolue dans la galerie : OH YEAH !
Dans un genre plus fin : https://nicolassarkozylookingatthings.tumblr.com/ , créé en écho de ce site ; Nicolas Sarkozy est comparé à un des pires dictateurs contemporains, on va encore dire qu’il chasse sur les terres du Front National, mais il n’y est pour rien !
L’événement de ce début de campagne Sarkozienne était également la fameuse musique jouée lors de l’entrée en scène du candidat. On vous en a aussi parlé sur Mad (mais qu’est-ce qu’on est bien informé ici décidément !) – je vous propose la version RAP de cette musique, par Hamé.
Enfin, j’ai fini par tomber sur ce billet qui m’a bien aidée à me détendre et à passer à autre chose.
Mardi
Lundi soir, François Bayrou était l’invité de l’émission Parole de Candidat sur TF1. Je vous raconte ça sous « mardi » parce que j’aime bien croiser mon ressenti avec les réactions publiées dans la presse le lendemain. Sauf que… rien. J’ai rien trouvé sur la prestation de Bayrou dans les médias le lendemain, sauf cet article qui illustre parfaitement le désintérêt total porté au candidat centriste : l’émission a réalisé 8.9% de parts d’audience lundi soir, soit un des plus mauvais scores de la chaîne, qui se maintient tout juste devant… NRJ12 et W9 !
Près de 20% de parts d’audience pour « Top Chef » sur M6, 7 millions de téléspectateurs sur Cold Case… et bah pas grand monde en fait pour écouter un jury de « français moyens » griller François Bayrou sur son programme ; comme je me suis dévouée, autant vous en dire 2 mots – mais il n’y a vraiment pas grand-chose à dire. François Bayrou est sincère, il compatit avec les situations qu’on lui expose, il est impliqué émotionnellement dans son discours, il est honnête et il faut le lui reconnaître. Mais c’est tout.
En exposant son plan pour mettre en place le « produire français », il est poussé dans ses retranchements par un des membres du jury de Français – pas un journaliste politique, pas un économiste, non, un mec ‘ordinaire’ qui pose des questions logiques : comment vous allez faire, concrètement ? Il enchaîne les questions et François Bayrou finit par botter en touche « Eh bé quand je serai élu, vous viendrez m’aider à mettre les contrôles en place, voilà comment on va faire ! » J’annonce, scoop, si François Bayrou est élu, son ministre de l’économie et de l’industrie sera Monsieur Machin – j’espère que TF1 a gardé ses coordonnées !
Ce n’est pas très sérieux. Les seuls articles que j’ai trouvé le lendemain portaient davantage sur l’analyse du concept de l’émission, les raisons du bide d’audience que sur le fond du débat…
Eva Joly a succédé à François Bayrou ; il y avait déjà peu d’audience à 21h, je vous raconte pas à 23h…
Mercredi
Ce jour est dédié au candidat de Debout, La République ! Nicolas Dupont Aignan ! Lors de la séance des questions au gouvernement, il a brandi un chèque géant de 140 milliards d’euros à l’ordre de l’Union Européenne, censé matérialiser la contribution de la France à la dette grecque. Cette petite mise en scène lui a coûté un rappel à l’ordre et une amende de 1 400 €.
Dupont-Aignan toujours, a été victime d’un canular téléphonique que l’humoriste Gérald Dahan réalise pour la chaîne de radio Rires et Chansons. Se faisant passer pour Eric Cantonna auprès du candidat de Debout la République, l’humoriste obtient des ‘petites phrases’, comme on dit, bien senties sur les autres candidats en lice. Mais son appréciation de Nicolas Sarkozy n’a pas vraiment plu à la direction de la chaîne de radio, laquelle a demandé à son humoriste de censurer les passages comportant des critiques sur le Président de la République. Les autres candidats, c’pas grave, on peut diffuser. Mais Nicolas Sarkozy, c’est pas trop le moment, la chaîne a « des fréquences à négocier », nous explique Gérald Dahan sur le plateau du Grand Journal. L’humoriste refuse la censure partielle de son sujet, sa direction en interdit donc la diffusion. Il passe outre et diffuse le sujet sur la toile. Ce mercredi, Gérald Dahan a été remercié – donc mis à la porte, oui oui – par Rires et Chansons. Vous pourrez lire les faits dans cet article et écouter la chronique incriminée.
Mesdames et Messieurs, l’heure est grave. Entre les comptes Twitter et maintenant Rires et Chansons, le sens de l’humour est en danger.
Jeudi
Jeudi soir, Marine Le Pen était l’invitée de David Pujadas pour l’émission Des Paroles et Des Actes, sur France 2. Et c’était… comment vous dire ? Au premier degré, atterrant, au second degré…hilarant. De façon absolument prévisible, Marine Le Pen a eu toute les difficultés du monde à justifier son programme économique. Les 20 minutes d’échanges avec François Lenglet ont semblé être pour elle un véritable oral de fin d’année du cours d’économie qu’on t’aurait collé le samedi matin à 8h – autant dire que tu n’y a pas souvent mis les pieds. Et le jour de l’examen, tu fais un peu la maline, tu t’indignes, tu t’embarques dans des démonstrations foireuses.. ça amuse la galerie mais ça ne convainc personne. Nous sommes d’accords.
Le premier débat politique opposa Marine Le Pen à Henri Guaino, le conseiller spécial de Nicolas Sarkozy. Alors bien sûr, le second débat, Le Pen – Mélenchon, est celui qui fera couler le plus d’encre, à l’heure où j’écris ces lignes je n’en doute pas un seul instant. Ce 2ème débat a tous les ingrédients du buzz politique : l’éloquence et le charisme du candidat du Front de Gauche, la moue de peste haineuse de la candidate FN, l’animateur dépassé, tout y est. Et pourtant, le premier débat m’a posé davantage problème. Face à Henri Guaino, Marine Le Pen dialogue, répond. Les 2 politiques s’échangent des arguments audibles – discutables, mais justement, discutés. Autant Jean Luc Mélenchon renvoie Marine Le Pen à ce qu’elle est : une candidate anti-démocratique, la preuve, elle refuse le débat, autant Henri Guaino la réhabilite. Pire, il la nivèle aux partis démocratiques : « vous raisonnez madame comme les socialistes ». Face à lui, elle passerait presque pour ‘conventionnelle’. Respectable.
Il n’y a rien de conventionnel ni de respectable dans les idées, les discours, le programme du Front National, portés par sa candidate. En 2002, Jacques Chirac avait refusé le traditionnel débat du second tour face à Jean-Marie Le Pen. Il avait considéré qu’on ne pouvait pas débattre dans le cadre d’un processus démocratique avec un candidat qui n’adhère pas aux valeurs démocratiques. Dix ans plus tard, rien n’a changé. À part le prénom. Et maintenant, le FN est en prime time sur une chaîne publique, discute posément économie et société avec le conseiller du Président de la République. Normal ?
Pour terminer sur une note moins dramatique, je vous renvoie aux capitaines, aux vaisseaux et aux tempêtes de cette campagne décidément très marine… La campagne présidentielle nous mène en bateaux.
Vous aimez nos articles ? Vous adorerez nos podcasts. Toutes nos séries, à écouter d’urgence ici.
Les Commentaires