Vous êtes prêts les enfants ?
Oui capitaiiiine !
J’ai pas entendu ???
Oui capitaiiiiine !
Non, ceci n’est pas une chanson sur celui qui vit dans un ananas dans la mer, mais le moment story time avant d’entamer cet article. C’est partiiii !
En 2015, j’ai eu la chance de réaliser l’un des rares rêves de ma vie : partir en voyage au Japon.
C’était une des deux seules entrées dans ma bucket list (avec « aller dans l’espace ») (quand tu veux, Elon Musk), et je trépignais d’impatience au moment d’atterrir, la baie de Tokyo défilant sous mes yeux.
Après plus de 12h de vol, je n’avais qu’une hâte : déplier mes patounes, claquer une grosse bise à ma grande sœur que je rejoignais au Japon pour deux semaines, et fumer une clope bien méritée.
Mais à peine ai-je sorti mon paquet, une fois dans la rue, que ma sœur m’arrête. Eh oh ! Au Japon, on ne fume pas sur le trottoir quand on veut ! Il faut attendre de trouver une zone fumeurs.
Même dehors, oui oui, en tout cas dans les grandes villes.
Une fois la surprise passée, il faut dire que je m’y suis habituée. Mieux : j’ai apprécié. Voici pourquoi.
La cigarette au Japon, à la fois encadrée et tolérée
Ce qui m’a donné envie d’écrire cet article, c’est une info insolite relayée par Dozodomo : à présent, pour utiliser les ascenseurs de la mairie d’Ikoma au Japon, il faudra ne pas avoir fumé depuis 45 minutes au moins.
Officiellement, c’est pour lutter contre le tabagisme passif — et il n’y a pas vraiment de sanction prévue, c’est plus symbolique qu’autre chose.
Cette drôle d’initiative m’a rappelé mon séjour au Japon, et ma relation à la cigarette, qui a un peu changé là-bas.
Bon, déjà, il faut savoir que je ne vise pas à dire « faisons tout comme au Japon, youpi » car le rapport au tabac y est vraiment paradoxal : on ne peut pas fumer dans la rue… mais dans beaucoup de restaurants, si !
Personnellement, je déteste l’odeur de la cigarette pendant que je mange, donc ça m’a beaucoup plus dérangée que de devoir attendre une « zone fumeurs » pour en griller une sur le trottoir.
Cela dit, j’aimerais vraiment voir des initiatives limitant l’usage de la cigarette dans l’espace public, même si je suis fumeuse.
Les « zones fumeurs » même en extérieur permettent de moins fumer
Au Japon, j’étais accompagnée de ma sœur, qui ne fume pas.
Si le système avait été le même qu’en France, j’aurais pu m’en griller une en marchant, pendant nos balades, sans trop me poser de questions.
Mais ces « zones fumeurs » plantées sur de larges portions de trottoir me menaient à m’interroger :
- Ai-je vraiment envie d’une cigarette ?
- Suis-je prête à interrompre ma sœur et à la faire poireauter pour fumer ?
- Est-ce que je ne peux pas attendre, par exemple, une petite heure, quand on sera posées ?
Au final, j’ai moins fumé que d’habitude. Pas mal de mes clopes sont des automatismes, auxquels je ne réfléchis pas vraiment.
Bien des fumeurs et fumeuses connaissent le syndrome du « paquet éclaté en quelques heures » quand les beaux jours reviennent et que les terrasses ouvrent…
Sur ce paquet fumé en entier, peu de cigarettes ont procuré un réel plaisir. Beaucoup étaient fumées d’un geste machinal, et auraient pu être évitées.
Les fumoirs à la japonaise, c’est la vie !
Au Japon comme en France, on ne s’en grille pas une entre deux boutiques dans un centre commercial couvert.
Par contre, de très nombreux bâtiments publics (dans les grandes villes, là encore) comprennent des fumoirs et c’est TELLEMENT BIEN.
Marre de sortir sur un bitume maculé de mégots pour fumer une clope en espérant que les relous me laissent tranquille (trop bien la vie de meuf) (non) !
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Ces pièces closes sont souvent équipées de jolis sièges, de gros cendriers qui escamotent les mégots, et sont fortement ventilées : adieu l’effet aquarium et l’impression de suffoquer.
Tout cela a un prix, vous vous en doutez. D’où la présence d’écrans qui diffusent des pubs pour… des marques de cigarettes.
https://youtu.be/E5E2e8iVJy0
Bon, celle-ci est très vintage, ça s’est modernisé depuis !
Cette solution n’est pas parfaite, mais
en tant que fumeuse, je l’ai trouvée très agréable : je n’avais pas l’impression d’être reléguée dans un espace exigu et étouffant, et je ne dérangeais personne avec mes clopes.
Les « zones fumeurs » à l’extérieur, un jour en France ?
En France, il est interdit de fumer dans les lieux publics depuis 2007.
Le candidat Emmanuel Macron avait évoqué le paquet de cigarettes à 10€ (le prix oscille autour des 7€ actuellement). Paquet qui est devenu neutre, d’ailleurs, avec des images « préventives » prenant quasiment toute la surface.
En mai 2016, Les Échos relayait la volonté du gouvernement d’interdire l’usage du tabac dans les espaces de jeux pour enfants.
Mais à ma connaissance, jamais l’éventualité de zones fumeurs en extérieur n’a été évoquée.
En même temps… je peux comprendre pourquoi. Est-ce seulement possible ?
Faire changer les mentalités autour de la cigarette, un long combat
Vous connaissez probablement le cliché « les Japonais sont super organisés et respectueux ». Bon, eh bien il s’avère que dans pas mal de sphères, c’est une réalité.
J’ai vu très peu de gens fumer dans la rue, en-dehors des zones fumeurs. J’ai enfoncé avec ravissement mes orteils dans le sable d’une plage où ne se trouvait pas le moindre mégot. J’ai vu des trottoirs immaculés à toute heure de la journée.
En France, j’ai l’impression qu’on a davantage tendance à défier l’autorité, et que les règles de savoir-vivre ne sont pas toujours respectées.
Je ne vais même pas cracher sur mes concitoyen·nes et m’ériger en exemple, car pas mal de mes mégots ont fini dans le caniveau… par réflexe nul, et par peur de foutre le feu à une poubelle. Donc j’ai déjà du boulot à faire sur moi.
Et je n’ai jamais pris d’amende, même si c’est interdit par la loi, car les flics ont mieux à faire j’imagine, alors je ne vois pas ce qui motiverait les gens à respecter des « zones fumeurs » en extérieur…
Mais en attendant qu’on ait éradiqué la cigarette (j’y crois, même si ça prendra du temps), remettre un peu de réflexion dans son usage pourrait être chouette.
Pour les fumeurs et fumeuses, ce serait l’occasion de réfléchir à leur consommation, à leurs habitudes, et pourquoi pas de réduire un peu leur dose quotidienne.
Pour les non-fumeurs et non-fumeuses, ce serait moins de bouffées de cigarette dans la gueule, moins de tabagisme passif, moins de mauvaises odeurs.
On a tou·tes à y gagner, non ? Qu’est-ce que t’en dis, toi ?
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