« En tant que femme grosse et noire, ce pays n’a jamais progressé; il n’a jamais vraiment changé à mes yeux. »
Dans un dense entretien à Vanity Fair, la chanteuse Lizzo a livré son ressenti sur l’état des États-Unis et son constat est aussi sévère que désabusé, elle qui a soutenu Joe Biden et s’est mobilisée contre les violences policières. Elle le dit haut et fort, elle en a tout simplement assez de l’inaction : « Les pensées et les prières ne suffisent plus. Je ne condamne pas l’administration actuelle. Je suis juste très curieuse de la façon dont ils peuvent agir concrètement. »
C’est notamment le recul du droit à l’avortement qui la fait aujourd’hui réagir, depuis la révocation de Roe v. Wade en juin dernier :
« Je connais plein de gens qui seraient morts s’ils n’avaient pas eu accès à cette procédure. Ça ne devrait pas avoir d’importance si j’en ai fait l’expérience moi-même ou si je connais quelqu’un ; mon opinion ne devrait pas avoir d’importance. Les opinions, c’est ce qui nous a mis dans la merde en premier — ce que les gens pensent que d’autres devraient faire de leur corps. De nos jours, on ne fait plus de lois pour que tout le monde ait accès aux soins, peu importe la question de l’avortement. Et si on laissait les gens pouvoir avoir accès et avoir des ressources et qu’on s’occupait de nos oignons ? »
« J’aimerais être une optimiste, mais je suis une optimiste déçue chronique. »
Et Lizzo rappelle le contexte dans lequel s’inscrit ce recul pour les droits sexuels et reproductifs, et quelle population en subira de plein fouet les conséquences :
« C’est une question de pouvoir et de contrôle. C’est une question de suprématie blanche et la domination des hommes ; ça a toujours été la suprématie blanche et la domination des hommes dans ce pays et ceux qui sont complices en aidant à son maintien — qui sont pour beaucoup des femmes blanches. Les femmes qui ont voté pour Donald Trump. Ce “l’Amérique, on est tous ensemble” de façade. Mais c’est faux. Les personnes noires ont été tellement déshumanisées — particulièrement les femmes noires. J’aimerais être une optimiste, mais je suis une optimiste déçue chronique. »
Et l’interprète de « Truth Hurts », flûtiste d’exception, ne craint de pointer du doigt les personnes qui selon elles doivent changer les choses : « La façon dont les femmes noires ont été traitées dans ce pays m’a fait perdre espoir. Je ne crois pas qu’il y a eu une époque où nous avons été traitées justement avec respect. Si je vois de l’espoir, cela viendra de la responsabilité de celles et ceux qui sont en position de privilèges. »
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Crédit photo : Daniel Benavides, CC BY 2.0, via Wikimedia Commons
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