La conjuration des imbéciles, de Kennedy Toole
Une découverte pratiquement miraculeuse et complètement inattendue qui s’est jouée sur la première page du roman (elle contenait ma figure de style préférée). Un chef-d’œuvre d’originalité et d’humour qui met en scène un personnage cynique, hilarant, grotesque, obèse et insupportable dans des aventures qui dépeignent une Nouvelle Orléans glauque mais festive.
J’ai tout adoré dans ce livre : l’atmosphère et les personnages mais plus que tout la langue utilisée qui est incroyablement précise, riche et variée, surtout quand le personnage principal s’en sert pour montrer son génie (ignoré de tous) et son mépris à ses concitoyens.
Chroniques Martiennes, de Ray Bradbury
J’avais lu Fahrenheit 451 aux temps reculés du lycée et j’avais beaucoup aimé, mais je trouve que ces Chroniques Martiennes gagneraient à être davantage lues. Déjà parce que l’idée de la colonisation de Mars me semble bien novatrice pour l’époque mais surtout parce que le tout reste très réaliste malgré son label science-fiction.
L’idée des Chroniques est de permettre de créer une cohésion entre plusieurs nouvelles ayant toutes pour décor la planète Mars à des époques différentes. L’ambiance est étouffante, presque angoissante et on assiste à l’arrivée des hommes (qui quittent la Terre devenue inhabitable) puis à leur départ lorsque la planète reprend ses droits sur les vestiges insignifiants abandonnés par les humains. Ce roman est troublant et laisse une étrange sensation de malaise.
Le carnet d’or, de Doris Lessing
Après une tentative d’apprivoisement ratée, je suis revenue vers ce roman dense aux multiples facettes. Tentative de structuration d’une femme (le personnage principal) qui depuis des années compile et classe les faits de sa vie dans différents carnets, ce roman nous parle de la trentaine, de cette époque déjà écrasée par le souvenir d’une jeunesse perdue
.
Il nous parle aussi des désirs, des attentes, des espoirs d’une femme qui vit seule avec son enfant. Les désillusions côtoient les rêveries et les aventures d’un soir, les grandes aspirations d’une vie. Un roman incroyablement juste dans sa vision de la psychologie d’une femme multiple et insaisissable.
Cinq matins de trop, de Kenneth Cook
Vraie porte ouverte sur la littérature australienne, parent pauvre de la littérature américaine, ce roman ressemble à un mauvais rêve dont on a hâte de se réveiller. C’est d’ailleurs un tour de force pour l’auteur que de réussir à nous faire affronter tant de mésaventures, de misère humaine et de désespoir pour parvenir jusqu’aux dernières lignes de son œuvre.
L’histoire, pour être rapide, est celle d’un jeune instituteur blasé de son travail qui se met en route pour rejoindre Sydney où il doit passer les grandes vacances. En chemin, il est happé par les vices d’une petite bourgade repoussante et c’est là que commence le cauchemar.
Le style est limpide, le rythme haletant, l’ambiance tour à tour horrifiante, moite, profondément nostalgique — ou les trois à la fois. Au-delà des mésaventures et des leçons de vie à en tirer, l’outback australien offre une scène grandiose pour un roman profond.
The feminine mystique, de Betty Friedan
Un constat édifiant sur le sort des femmes aux États-Unis dans les années 1960 ; des femmes partagées entre des codes moraux qui les encouragent à accomplir leur destinée en se mariant puis en procréant, et le besoin vital d’exister en tant qu’individus.
Partant du fait surprenant qu’après avoir combattu pour l’acquisition de nouveaux droits au début du XXème siècle, les femmes américaines rentrent au foyer pour se marier de plus en plus jeunes et avoir de plus en plus d’enfants, Betty Friedan enquête et met à jour la réalité terrifiante et le mal-être de ces femmes forcées à ne vivre que par procuration.
Ce livre a été pour moi un électrochoc : le portrait qu’il brosse de cette Amérique est impitoyable. Ce livre, pratiquement inévitable pour les madmoiZelle actives et ambitieuses, rappelle à quel point le bonheur ne peut se passer de réalisation personnelle qui donne du sens à une vie, à travers un travail ou une activité en dehors du foyer.
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Les Commentaires
Et le livre de Betty Friedan m'intéresse, ça doit être une lecture intéressante.