Vous vous souvenez, quand on avait encore des couettes et des salopettes, comme c’était facile de s’endormir le soir ? On n’avait pas besoin de somnifères, ni d’un épisode de Grey’s Anatomy. On cogitait pas trois heures dans notre lit pour répondre à des questions existentielles telles que « mais comment diable vais-je m’habiller demain ? », « est-ce que j’ai racheté des cotons-tiges ? » ou encore « mais que voulait dire Jean-Emmanuel avec le « a+ » à la fin de son texto, est-ce un moyen pour lui d’exprimer ses sentiments ? ».
Non, rien de tout ça. On s’installait dans notre lit douillet, sexy à mort avec notre grenouillère en pilou, et, le pouce à la bouche, on attendait le rituel : une histoire. Ah, ce moment béni de la soirée ou un adulte prenait le temps de sortir un livre de la bibliothèque pour raconter le conte que l’on connaissait déjà par cœur. Parce qu’en général on demandait toujours le même.
Je reviens donc sur les livres qui ont marqué mon enfance. Ces classiques qui nous ont fait rêver et qui nous ont bercé avant qu’on ait l’âge de se rebeller et de découvrir Internet, les garçons et Grey’s Anatomy.
La petite poule rousse
C’est une poulette tout ce qu’il y a de plus sympa : travailleuse, gentille et dévouée. Elle voudrait faire un gâteau, mais pour ça il faut qu’elle sème le blé, qu’elle le récolte, qu’elle en fasse de la farine… Bref, pas hyper simple pour une poule. Du coup elle demande de l’aide à ses potes (le cochon, le chat et le canard) qui se tirent une flemme pas croyable et qui préfèrent la laisser trimer toute seule.
> Pourquoi on adorait ? Parce que la poule n’est quand même pas une bonne poire. Quand le cochon, le chat et le canard débarquent pour goûter le gâteau, elle leur donne une bonne leçon de morale et elle mange tout toute seule. Bien fait pour eux ! La version publiée chez Didier Jeunesse est un régal, avec des illustrations malicieuses et un texte tordant.
La Belle lisse poire du prince de Motordu
L’histoire d’un prince qui habite dans un chapeau, aime bien s’amuser avec les petits glaçons et les petites billes de son âge, et jouer aux tartes avec ses coussins. Vous l’aurez compris, il est un peu dyslexique.
> Pourquoi on adorait ? Parce que c’est toujours drôle, les jeux de mots, et que quand on est môme, on se sent hyper intelligent lorsqu’on arrive seul à corriger les fautes des autres, ça a quelque chose de jouissif.
Les trois brigands
Trois mecs sans foi ni loi, des délinquants qui pillent, volent et détruisent tout sur leur passage. Le pitch est plutôt excitant, parce que même quand on était hautes comme trois pommes, on kiffait déjà les bad boys. Et ces trois-là ont quand même du cœur puisqu’ils recueillent Tiffany, la trop mignonne petite orpheline.
> Pourquoi on adorait ? Parce que ça fait peur, et qu’on aime avoir (un peu) peur, parce que c’est le bien qui triomphe du mal, et que tous les petits orphelins trouvent une maison à la fin, et ça, c’est bien.
Max et les maximonstres
Max n’est pas franchement ce qu’on appelle un petit garçon sage. Il est furieux d’avoir été envoyé dans sa chambre sans dîner, et décide de se barrer « where the wild things are » sur son lit-bateau. Il débarque sur une île devient le chef des monstres, fait la bamba toute la nuit, et revient beaucoup plus zen.
> Pourquoi on adorait ? Parce que c’était toujours un plaisir de voir un enfant (même imaginaire) dire « fuck » à ses parents, et décider tout seul de sa vie. Et puis, qui n’a jamais rêvé de voyager en bateau sur son lit ?
Boucle d’or et les trois ours
Une blondinette impertinente qui s’introduit par effraction chez des ours, qui met le bazar de partout, puis qui s’en va.
> Pourquoi on adorait ? Parce que les bêtises, c’est quand même super chouette, et parce qu’on rêvait toutes d’avoir le culot et les cheveux de Boucle d’or. (Mais Edouard Baer n’est pas de cet avis dans Le Bison, puisqu’il explique : « Boucle d’Or c’est la métaphore du monopole capitaliste ingérant à vocation totalitaire » Mouais.)
Ça me rassure toujours de me dire que j’ai grandi avec de tels livres, parce que les histoires sont universelles, et qu’on peut encore les aimer aujourd’hui. Ces livres n’ont vieilli ni dans la forme, ni dans le fond, contrairement aux Martine à la plage, Oui-oui, Petit Ours Brun et autres niaiseries pour enfants. Aujourd’hui les éditeurs jeunesse continuent à produire de la merde, certes, mais également à proposer des albums pour les petits mais pas que, qui ne prennent pas les enfants pour des demeurés et qui les font rire, rêver et réfléchir.
Crédits & références
– La Petite Poule Rousse, écrit par Pierre Delye et illustré par Cécile Hudrisier, éditions Didier Jeunesse.
– La belle lisse poire du prince du Motordu, écrit et illustré par Pef, éditions Gallimard Jeunesse.
– Les Trois Brigands, écrit et illustré par Tomi Ungerer, éditions L’école des loisirs.
– Max et les Maximonstres, écrit et illustré par Maurice Sendak, édition L’école des loisirs.
– Boucles d’Or et les trois ours, écrit par Rose Celli et illustré par Gerda Muller, édition L’école des loisirs.
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Les Commentaires
Sinon la plupart des livres cités plus haut je connaissais aussi (les contes de la rue broca, ça faisait un peu peur quand même). Et les livres de "l'école des loisirs" j'en ai lu plein mais c'était bizarre, je les ai relus à l'adolescence et je les ai trouvés très dérangeants... comme :