N’avez-vous jamais contemplé votre bibliothèque personnelle d’un air rêveur, en vous disant que ce serait quand même fort chouette si vos livres étaient magiques ? Si les librairies étaient pleines de grimoires enchantés qui, à l’image de la bibliothèque des sorciers de Terry Pratchett, remuaient et voletaient entre les étagères, profitant allègrement de leur vie propre en faisant des étincelles…
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Pouvoir dire « un instant, je consulte mon grimoire sur la question » serait par ailleurs bien plus sexy que « attends je regarde sur mon tél, ah putain chuis en Edge ». Et plus périlleux, si on part du principe qu’un livre peut être de trop mauvaise humeur pour accepter de se laisser tripoter les pages ! (C’est sale, la lecture, quand on y pense.)
Non madame, je n’ai pas « trop fumé de livres de fantasy ». J’ai un monde intérieur très riche, voilà tout. Et dans mon monde, si les livres étaient magiques… ça ne serait pas toujours de tout repos.
Les livres de recettes nous épargneraient tout effort
Dans ce premier cas, en revanche, je pense que ça se passerait bien. Comme Margaux, j’aime beaucoup les livres de recettes bien illustrés, avec de belles photographies capables de redonner faim au sortir d’un banquet de quatre heures… À la différence que j’ai bien trop la flemme pour mettre la main à la pâte, et réaliser ces merveilles pleines de promesses.
En général, je finis par commander des sushis ou me faire des pâtes au fromage parce que j’ai rien d’autre à mettre dedans (et que j’ai aussi la flemme de faire les courses).
Moi quand j’essaie de suivre un livre de recettes.
Ce n’est donc pas une surprise si l’un de mes plus vieux fantasmes est le livre de recettes magique. Imaginez. Il est midi (ou dans mon cas, il est dix heures trente), vous avez faim. Vous attrapez un livre de recette bien dodu qui vous inspire, feuilletez un instant, et pof, jetez votre dévolu sur une « one pot pasta » crémeuse au citron. Vous frôlez l’alléchante photographie du bout du doigt, et là, magie : votre plat se matérialise devant vous.
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Si votre livre de recettes n’a pas un caractère de cochon et ne vous tape pas sur les doigts avec une cuillère en bois sous le prétexte que vous venez fouiner avant l’heure du repas, c’est le bon plan du siècle — que dis-je, du millénaire !
D’ailleurs, il est 17h et j’ai faim. Où est mon livre ?!
Les thrillers et romans d’horreur seraient à garder sous clé
D’un autre côté, tous les livres ne pourraient pas être laissés en liberté. Certes, ils seraient cocasses, ces chers petits, à folâtrer tels les moineaux jolis en battant de leurs petites pages… Mais dès qu’ils ont des instincts tueurs, on risque de virer très vite à un remake en papier des Oiseaux d’Hitchcock.
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Pensez à tous ces livres à l’atmosphère pesante qui peuplent vos étagères et tables de chevet ! Tous les Stephen King, les histoires de vampires, les Dan Simmons, ou les thrillers les plus terrifiants à base de psychopathes en tous genres… Et alors, si vous kiffez Lovecraft, papa de Cthulhu et auteurs d’histoires à ne pas lire seul-e dans le noir sous peine d’en prendre un coup à sa santé mentale — brrr. Je n’ose même pas imaginer de quoi serait capable un roman de Lovecraft soudain doué de vie.
Oui, alors, calmons-nous.
Alors peut-être qu’un thriller qui fait son grimoire magique se contenterait de pisser le sang entre nos doigts à l’occasion, histoire de rajouter un peu d’ambiance. Si ce n’est que ça, à la limite on lui colle quelques serviettes hygiéniques et il se calme bien.
Mais imaginez que sa soudaine personnalité soit chargée de l’histoire qu’il contient ! Imaginez que Le Silence des Agneaux se prenne pour Hannibal Lecter et saute sur votre oreille sitôt vous avez le dos tourné ! Et voulez-vous vraiment d’un livre qui vous suit partout en répétant « je suis un clown tueur nous flottons tous ici » ?
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Je ne pense pas, non. (Il est teubé, ce bouquin.)
Les romans d’heroic fantasy se reconvertiraient dans le tourisme
Heureusement, on ne lit pas que des trucs qui nous font vérifier cinquante fois que la porte est bien verrouillée, et nous empêchent de dormir dans le noir. Ce serait encore moins vivable dans une chambre remplie de thrillers vivants. Non, on lit aussi des romans d’aventures, de voyages, qui se passent parfois dans des contrées lointaines… Ou encore mieux, avec l’heroic fantasy, dans des mondes imaginaires et merveilleux.
Soupir
Bon, d’accord, certains de ces mondes imaginaires sont plus hostiles que merveilleux. Par exemple, il y a sûrement des coins très jolis à Westeros, dans Game of Thrones, mais si c’est pour avoir une estimation de survie de cinq minutes dès qu’on y met les pieds, merci bien.
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Un roman d’heroic fantasy qui devient magique, c’est un peu comme s’il devenait l’armoire de Narnia, n’est-ce pas ? À ses heures perdues, il s’amuserait à faire des paillettes, imiter des dragons ou faire « cling-cling » comme pendant un combat à l’épée, mais rien de bien méchant. Et dès que vous auriez besoin de changer d’horizon, pouf, vous ouvrez la destination de votre choix, et c’est parti pour les vacances pleines d’aventures pour pas un rond.
À moi la Terre du Milieu et les congés chez les Hobbits !
Plus aucun répit avec les livres scolaires
Mais on ne peut pas toujours s’amuser. Les livres, ce n’est pas que de la fiction : ce sont aussi des puits de science, des recueils de sagesses, des traités de philosophies, des… Des annales du bac ou un livre de maths, par exemple. Ou, si vous aussi vous aimez bien vous la péter en mode « ouii moi j’ai fini mes études, piapiapia », des livres pour en apprendre plus sur la Bourse, l’Histoire des Religions, ou le surréalisme. Allez, au boulot.
Sauf qu’un ouvrage non-fictif vivant, ça doit pas toujours être bien marrant au quotidien. Surtout un manuel scolaire en période de révisions. Vous qui venez de passer le bac (ou nagez toujours en plein dedans), vous auriez voulu que vos bouquins viennent vous chercher tous les matins à 7h dans votre lit, pour vous mettre au boulot ? « Debout feignasse, c’est l’heure de réviser ta trigonométrie ! », « Non, le roman épistolaire d’abord ! », « Elle en a déjà fait hier, de la littérature, aujourd’hui il faut revoir la bataille de Marignan ! ». Épuisant.
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Une faute, une erreur dans la division ou une mauvaise date, et bim ! Un coin de livre dans le crâne. Ah si, si, je crois sincèrement qu’un manuel scolaire doué de vie serait un véritable tortionnaire (un brin pédant). Ou n’importe quel essai un peu sérieux, d’ailleurs.
« ÇA FAIT DEUX SEMAINES QUE TON MARQUE-PAGE EST COINCÉ AU CHAPITRE DU STOCK EXCHANGE ! TU TE FICHES DE MOI ?! APRÈS TOUT LE SAVOIR QUE J’AI CONSENTI À PARTAGER AVEC TOI. LÂCHE CE BOL DE PÂTES TOUT DE SUITE ET REMETS-TOI À LA LECTURE OU JE TE FAIS DES COUPURES SOUS L’ONGLE AVEC MES FEUILLES. »
Des monstres, je vous dis.
Et toi, à ton avis, que feraient tes livres s’ils étaient soudain doués de vie comme par magie ?
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Bonus Pause Culotte !
C’est bien gentil de s’imaginer ce que donneraient des livres de recettes, de fantasy, des manuels scolaires ou des thrillers au quotidien s’ils devenaient vivants comme par magie… Mais quid des romans érotiques que vous cachez sous votre oreiller ?
Les romans érotiques deviendraient plus gênants qu’un vibro qui démarre tout seul dans la valise
Imaginez. Votre mommy porn, que vous conservez précieusement à l’abri de tout regard indiscret, en partie pour avoir un peu d’intimité, et en grosse partie parce que vous n’assumez pas… se voit soudain doté d’une vie propre, tel un Pinocchio de papier un peu cochon.
Attention, symbole phallique.
Quand il dormait dans votre commode, tiroir du bas à droite sous les culottes Hello Kitty et l’intégrale de Babar, il était tranquille. Vous n’aviez qu’à le sortir de temps en temps, quand tous les volets sont fermés, pour lire à la lumière d’une seule bougie discrète quelques pages de levrettes à l’envers, trucs bizarres avec des tampons hygiéniques et vagues orgasmes en rafale… Et vos voisins n’entendaient rien.
Et là, paf, il vit. Ferait-il des étincelles, cet ouvrage coquin ? Essaierait-il vos jarretelles avant de péter une durite parce qu’aucune ne s’accorde avec sa quatrième de couverture ? Ou se montrerait-il pire qu’une chatte en chaleur ?
Avouez qu’un livre qui gémit à la mort en grattant la moquette, fait pipi partout et montre son anus (ici, sa tranche) au premier mâle qui met un pied chez vous, c’est un poil gênant. C’était peut-être le malaise, le jour où votre vibro s’est déclenché tout seul dans votre valise chez mémé (« Ohlala non mais c’est mon réveil, c’est rien C’EST RIEN J’TE DIS PUTAIN TOUCHE PAS »). Mais c’est la mort instantanée le jour où votre bouquin saute sur votre aïeule pour lui renifler l’entre-jambe. Je dis ça, je dis rien.
Je… POSE ÇA TOUT DE SUITE TOI
Et alors ne parlons pas de vos nuits. Vous avez le choix : soit vous enfermez votre livre, et essayez de faire abstraction des bruits de copulation qui émanent de votre penderie. Soit vous le laissez niquer les rideaux en espérant que ça le calme, au risque de le voir essayer de vous faire des avances pendant la nuit.
Auquel cas je prie pour que vous ne lisiez pas le très inventif Marquis de Sade.
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